Commune rurale de Namissiguima : La location de chaises, tables et tentes, une innovation pour améliorer les recettes

Kaya, 08 août 2025 (AIB)-Le développement endogène est aussi en voie d’être une réalité à Namissiguima, commune rurale située dans la région du Centre-Nord.  Malgré les difficultés, la délégation spéciale sous le leadership de l’Adjugent-Chef Alpha Ouattara reste résiliente. Pour satisfaire les besoins administratifs de la population et du personnel, la commune s’est dotée de chaises, tables et tentes qu’elle donne en location. Les frais de location sont directement payer au Trésor Public. L’Agence d’Information du Burkina (AIB) est allée à la rencontre de l’autorité communale.

Agence d’information du Burkina (AIB) : Pouvez-vous nous décrire la situation actuelle de votre commune et les principaux défis auxquels vous êtes confronté en tant que président de la délégation spéciale dans un contexte de déplacements internes ?

Alpha Ouattara (AO) : En dépit des difficultés liées au déplacement, nous pouvons affirmer que notre situation s’améliore de plus en plus avec surtout les opérations d’envergure faites par les forces de défense et de sécurité, nous avons des localités voisines retournées. Nous avons donc espoir que dans un bref délai, ce sera le tour des villages de Namissiguima.

Malgré notre situation de délégation déplacée, la vie de la collectivité est bonne. Les sessions sont régulièrement tenues et à bonne date avec une participation satisfaisante. Les membres consentent d’énormes sacrifices pour cela.

AIB : Comment évaluez-vous l’impact de l’insécurité sur la vie quotidienne des populations déplacées et sur le fonctionnement de votre administration ?

AO : On ne parle plus aujourd’hui d’impacts mais de résilience. Nos populations sont déterminées à lutter contre toute forme d’insécurité. Il en est de même pour l’administration. Chaque jour, nous nous retrouvons pour travailler et se donner de grandes idées de construction lorsque nous serons de retour chez nous.

AIB : Quelles mesures ont été prises pour garantir l’accès des populations déplacées aux services sociaux de base ?

AO: Pour ce qui concerne l’éducation, nous avons pris l’initiative dès le début des déplacements en 2022, avec la disponibilité des acteurs de l’éducation, de regrouper les élèves pendant les vacances en vue de les occuper sainement par des cours d’appuis. Cela permet de les éloigner des vices sociaux des villes. Namissiguima ne dispose pas d’écoles délocalisées mais nous sommes dans la dynamique en vue de regrouper les élèves au regard de leur nombre. Nous avons déjà acquis du matériel didactique à cet effet pour anticiper sur la rentrée scolaire prochaine.

Avec l’accompagnement de partenaires et des agents de santé à base communautaire, nous arrivons à mobiliser les populations autour des questions de santé tels que les campagnes de vaccination et de distribution de produits et aussi pour des sensibilisations sur des thématiques de santé publique.

Grâce à l’accompagnement de l’Action humanitaire, nous n’enregistrons pas de plaintes en lien avec l’appui alimentaire aux PDI. Nous allons aussi vers d’autres partenaires en vue de renforcer les efforts de l’Action humanitaire.

AIB : Les services essentiels de la mairie, comme l’Etat civil, sont cruciaux pour les populations déplacées. Comment assurez-vous la continuité de ces services malgré les défis logistiques et financiers ?

AO: Je suis épaté par l’engagement et le courage du personnel malgré la situation et les conditions de travail. Administrativement, les services sont fonctionnels comme toute administration publique.

Le service de l’Etat civil se présente comme le service de base pour les usagers ; en témoigne le taux de fréquentation. Il fonctionne normalement et à temps plein nonobstant quelques difficultés mineures.

AIB  : La gestion des ressources financières dans un contexte de crise est cruciale. Quelles stratégies mettez-vous en place pour mobiliser des fonds et assurer le fonctionnement de la commune ?

AO : Dans les années précédentes nous ne comptions que sur les transferts de l’Etat. Avec la nouvelle dynamique impulsée par les plus hautes autorités, nous avons l’obligation de mobiliser des ressources propres. Nous en tant que commune déplacée, les recettes propres étaient constituées des valeurs inactives à savoir la vente des timbres. La délégation spéciale communale a initié un projet d’acquisition et de location de matériel notamment des tentes, des chaises et des tables pour les cérémonies. Une initiative qui a permis d’améliorer les recettes propres et qui a été bien appréciée par la commission technique régionale.  Nous comptons en acquérir davantage au regard de la forte demande des populations de Kaya.

Ce qui est surtout innovant et transparent dans la gestion de cette initiative est qu’on demande toujours aux clients de passer payer les frais de location au Trésor. Nous, on se charge seulement de récupérer la quittance de paiement pour classer afin de faire le point des sorties périodiquement avant de mettre à la disposition du client le matériel. Nous avons opté pour cela pour permettre une meilleure gestion dans la transparence.

AIB : Comment avez-vous adapter vos priorités budgétaires pour répondre aux besoins urgents des populations déplacées ?

AO : Nous sommes tenus de nous adapter à notre nouvelle situation. Ainsi nous nous focalisons sur les dépenses obligatoires à savoir tout ce qui rentre dans le fonctionnement de l’administration afin de répondre efficacement aux besoins des usagers.

AIB : Comment travaillez-vous avec les autres acteurs pour renforcer la résilience de la commune et soutenir les populations  ?

AO : Il y a une très bonne collaboration entre les acteurs de la commune et nous. A l’interne nous avons initié une rencontre trimestrielle avec toutes les couches socioprofessionnelles de la commune. Nous arrivons à échanger autour de nos réalités.

La bonne collaboration avec Kaya, la commune hôte nous a valu un bâtiment administratif d’emprunt en guise de siège. Il y a une synergie d’action avec les autres communes qui vivent les mêmes réalités que nous.  Il arrive que nous nous entraidions mutuellement avec des vivres ou du matériel.

Malheureusement du côté des partenaires au développement, Namissiguima n’en dispose pratiquement plus. Néanmoins, nous sommes conviés aux cadres d’échanges sur des thématiques de développement même si les réalisations ne nous concernent pas directement.

AIB : Les déplacés internes, malgré leurs difficultés, ont souvent une grande capacité à s’entraider. Avez-vous constaté des initiatives communautaires qui ont contribué à améliorer la situation dans la commune ?

AO : A leur arrivée, beaucoup ont été accueillis dans des familles. Nous avons initié des échanges communautaires. Chaque samedi matin, nous nous retrouvons dans un établissement de la place pour un sport de masse et des échanges entre administration et administrés.

En vue de soutenir l’effort de paix, les populations déplacées de Namissiguima ont pu mobiliser la somme de 250 mille francs.  Les filles et fils de la commune ont toujours apporté du réconfort moral à l’administration et souvent du matériel tel que des consommables de bureau. C’est la preuve qu’ils sont attentif à ce que leur commune vie comme difficultés.

AIB : Quelles sont vos priorités pour améliorer la vie des populations déplacées et renforcer la résilience de votre commune face aux défis futurs ?

AO : Nous nous préparons au retour très prochaine dans notre commune car nous avons foi. Nos priorités sont donc tournées vers les retrouvailles en famille. Nous avons hâte et nous demandons aux plus hautes autorités et à la hiérarchie militaire de voir ce qu’il y a lieu de faire pour nous permettre le retour dans un bref délai.

Nous avons en vue la promotion de l’agriculture endogène avec l’élevage et la mécanisation agricole. Pour cela nous comptons regrouper les agriculteurs et les éleveurs en coopératives afin de mieux les accompagner en moyens matériels et les orienter vers d’autres structures d’accompagnement.

AIB : Quels appels aux communautés, aux agents municipaux et aux partenaires ?

AO : Nous avons vraiment besoin de plus de soutien des populations et des partenaires au développement. Nous avons besoin d’être accompagnés dans la dynamique de SE le capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso notamment pour la réalisation de ses initiatives telles que Faso Meebo et autres initiatives présidentielles au profit des communautés.

Nous félicitons les fonctionnaires de la commune et nous les encourageons fortement à plus de résilience et de patriotisme. Malgré le contexte, il faut que nous tenions bon en pensant toujours à la mère patrie.

Nous demandons aux partenaires techniques et financiers de comprendre nos réalités et d’être flexibles face à notre situation. Qu’ils nous accompagnent dans notre conviction. J’estime que même si nous ne sommes pas sur notre territoire, les soutiens, les renforcements de capacités des populations peuvent être réadaptés car les populations ont besoin d’être renforcées en activités génératrices de revenus par exemple. Il y en a qui ont des terres qu’ils exploitent mais il leur faut un accompagnement.

Agence d’information du Burkina

Interview réalisée par Augustin Irwaya OUEDRAOGO

 

 

 

 

 

 

 

 

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