Des signaux d’alarme de surendettement au sein de l’UEMOA, selon un expert
Lomé, 14 juin 2025 (AIB)-L’endettement dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) demeure modéré, mais certains pays ont dépassé le seuil critique de 70 % du Produit intérieur brut (PIB), a averti le jeudi 12 juin à Lomé, le Directeur de la Stratégie et des Études de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), Ambroise Kafando.
« Notre Union est une zone où l’endettement reste modéré. Cependant, il existe des signaux d’alarme : certains pays ont franchi le seuil des 70 % du PIB. Pour la plupart des États, on constate une croissance accélérée de l’endettement », a déclaré M. Kafando.
Face à ce risque de surendettement, il a recommandé la mise en place de mesures de régulation.
Il s’exprimait lors de l’ouverture des premières Journées de développement de la BOAD, tenues les 12 et 13 juin 2025 à Lomé, et consacrées à la transition énergétique et à l’agriculture durable.
Ambroise Kafando a également évoqué d’autres défis : l’insécurité croissante, la vulnérabilité climatique, la faible couverture numérique (35 %), les coûts énergétiques élevés, la dégradation des infrastructures routières, l’insuffisance de la formation professionnelle, un taux de chômage de 12 % et une pauvreté persistante dépassant les 40 % dans plusieurs pays.
« Nos économies manquent encore de compétitivité, notamment à cause du coût élevé de l’énergie et d’un réseau logistique peu performant », a-t-il souligné.
Malgré ce tableau préoccupant, les économies de l’UEMOA font preuve d’une remarquable résilience, a-t-il assuré. « La croissance moyenne est de 5,6 % sur les cinq dernières années, atteignant 6,2 % en 2024, avec de bonnes perspectives pour 2025 », a précisé M. Kafando.
Ce dynamisme est soutenu par un taux d’investissement de 25 %, le renforcement des politiques monétaires et de surveillance régionale, ainsi qu’un partenariat accru avec les institutions financières.
Il a également relevé que l’inflation, qui avait augmenté en raison des tensions internationales, tend désormais à se rapprocher du seuil communautaire de 3 %, offrant un cadre macroéconomique plus stable.
Ambroise Kafando s’est par ailleurs réjoui des nombreux atouts de la région : une population majoritairement jeune, un marché intérieur de 133 millions de consommateurs, des ressources naturelles abondantes et un fort potentiel de transformation économique.
Il a aussi mis en avant le rôle central de la BOAD dans cette dynamique. Entre 2021 et 2025, la Banque a investi 3310 milliards de francs CFA, dépassant ses objectifs. Grâce à un effet de levier, ces fonds ont permis de mobiliser 4510 milliards supplémentaires.
« Ces financements ont eu un impact concret sur le terrain : 3842 kilomètres de routes réhabilitées, plus de 300 000 m³ d’eau potable disponibles par jour, 1440 MW d’énergie installée, 200 000 hectares irrigués, 27 000 logements construits, 8195 salles de classe ouvertes et 23 000 PME accompagnées », a-t-il détaillé.
Concernant la lutte contre les effets du changement climatique, il a indiqué que 700 milliards de FCFA ont été mobilisés pour renforcer la résilience des économies. Grâce à ces financements, 14 millions de personnes ont déjà bénéficié de mesures d’adaptation, et 10 millions de tonnes de CO₂ ont été évitées.
Les BOAD Development Days, qui se sont déroulés les 12 et 13 juin 2025, ont réuni des experts, des décideurs et des investisseurs autour de la recherche de solutions de financement innovantes, et pour renforcer l’implication du secteur privé dans les domaines de l’agriculture et de l’énergie.
Le président de la BOAD, Serge Ekué, a exprimé son ambition de pérenniser ces rencontres.
Agence d’information du Burkina
ATA/as
