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Procès Thomas Sankara: “monsieur Bossobè était bien la taupe” (Me Lallogo avocat de Mariam Sankara)

Ouagadougou, 6 déc. 2021 (AIB)– L’avocat de Mariam Sankara et de ses enfants Me Julien Lallogo a déclaré lundi après le passage du 26e témoin dans le procès Thomas Sankara, que le soldat Bossobè Traoré, un des accusés, « était bien la taupe » lors de l’assassinat du père de la révolution burkinabè.

« Pour nous, la question est tranchée, monsieur Bossobè Traoré était bien la taupe et nous allons le démontrer très facilement le moment venu », a déclaré Me Lallogo Julien devant les journalistes.

Il a poursuivi que « plus on avance dans l’interrogatoire, plus tout accable monsieur Bossobè », expliquant que « vous ne pouvez pas dire que vous faites partie du groupe de sécurité du président Thomas Sankara alors que les éléments du chef de groupe n’étaient au courant de votre présence ».

« Mieux, a-t-il dit, vous citez des personnes comme faisant partie du groupe de sécurité et finalement il a été démontré que cet élément ne faisait pas partie du groupe de sécurité. Il s’agissait plutôt du gendarme qu’on avait d’ailleurs présenté comme celui-là même qui aurait été abattu par le président Sankara alors que c’est le groupe de Yacinthe qui a abattu le gendarme ».

L’homme de droit a alors conclu que « le vert était dans le fruit. L’ennemi était à l’intérieur ».

Le passage à la barre du 26e témoin sur les 101, Claude François Zidouemba (61 ans) qui était de service ce 15 octobre 1987 au palais présidentielle a-t-il donné des indications qui accablent plus Bossobé ?

En tous les cas, dans sa déclaration il a expliqué que « quand les tirs ont commencé au Conseil, Sankara a demandé qui tirent ? J’ai dit que ce sont les éléments de Blaise Compaoré. Je suis sorti le premier les mains en l’air. On nous a sommé de nous coucher dans les fleurs près du mat du drapeau ».

« Après avoir tiré sur Der Somda, Otis a voulu tirer sur moi et Yacinthe a dit de ne pas tuer les enfants-là. Otis m’a dit que j’ai eu la chance. Il (Yacinthe) a demandé qui a couru sortir-là ? On a dit que c’est Bossobè. Il a dit, tu ne l’as pas tué ? Il était au courant et il n’est pas venu avec nous », a dit le témoin Zidouemba.

Le conseil de Bossobè, Me Kanyili s’en défend que « on l’accuse parce qu’il a été blessé et n’a pas été tué. On prétend qu’il a joué un rôle dans l’assassinat de Thomas Sankara. Les deux témoins (Ilboudo Laurent chef de la sécurité de Thomas Sankara et Sow Drissa son adjoint) sont gênés parce qu’ils n’ont pas été touchés. Vous comprenez donc pourquoi il y a lieu d’accabler Bossobé ».

Pour elle « il faut trouver un coupable. Quand je lis leur déposition on a l’impression qu’ils se sont concertés. D’autres même ont nié ce qu’ils ont affirmé devant le juge d’instruction. Je prends l’exemple de Laurent Ilboudo qui a déclaré devant le juge d’instruction qu’il a vu Bossobè le 15 octobre au Conseil de l’entente. Ce soir il dit autre chose ».

Elle a poursuivi que « même le témoin qui vient de passer (Sow Drissa : ndlr) dit que Traoré Bossobè n’était pas avec eux alors qu’il a dit dans son PV que le soldat Traoré Bossobé était avec eux. J’ai donc l’impression qu’ils se sont concertés. A la fin de l’audience ils étaient entrain de se concerter. Donc pour moi leur témoignage n’est pas du tout très sincère ».

Lors de la confrontation pour voir si Bossobè était avec le commando, l’accusé a eu des propos contradictoires et pour Me Kanyili « c’est légitime parce que les faits datent de 34 ans. Mon client dit qu’il n’était pas de mèche avec le commando. J’ai bien envie de dire que c’est le chef et son sous chef qui se sont entendus pour livrer le président Sankara au regard de leur inaction, leur passivité ».

Me Aouba Compaoré avocat de Sawadogo Drissa (témoin) dit ne pas comprendre que des militaires issus du CNEC (Centre national d’entrainement commando) qui ont eu la même formation n’aient pas riposté.

« On nous a dit que c’est l’effet de surprise. Est-ce qu’une attaque militaire peut être programmée et que les gens qui doivent être attaqués sont informés ? Je crois que non. Pour une sécurité rapprochée on doit être prêt ».

Elle se convainc que « ça été une passivité totale et ils sont tous repartis. Mieux, on reproche à nos clients qu’après les faits ils ont continué à servir. Les mêmes aussi de la sécurité de feu Sankara ont bien continué à servir et il n’y a rien eu ».
Agence d’information du Burkina (AIB)
AS/ata

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