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Burkina : La dégradation de la terre augmente le niveau de pauvreté multidimensionnelle des ménages, alimente les migrations internationales et réduit la productivité agricole, thèse de doctorat

Ouagadougou, 30 mai 2025 (AIB) – L’étudiant Abdoul Rahmane Ouédraogo, a obtenu mercredi le grade de docteur de l’Université Thomas Sankara avec la mention très honorable, en défendant sa thèse unique de doctorat en sciences économique et gestion. Il a conduit ses recherches sur l’effet de la dégradation de la terre sur la productivité agricole, sur la pauvreté multidimensionnelle et la probabilité de migration des ménages au Burkina Faso.

« Nous avons essayé de mener une analyse empirique sur l’effet de la dégradation de la terre sur la productivité agricole, sur la pauvreté multidimensionnelle et sur la probabilité de migration des ménages au Burkina Faso », a indiqué Dr Abdoul Rahmane Ouédraogo.

En termes d’analyse de l’effet de la dégradation de la terre sur la productivité agricole, il ressort qu’à l’instant actuel, la dégradation des terres mesurée par la perte de productivité réduit la productivité agricole de toutes les cultures céréalières d’au moins 20%, a noté Dr Ouédraogo.
De l’analyse de l’effet de la dégradation de la terre sur la pauvreté multidimensionnelle, il ressort que la dégradation de la terre aggrave des ménages d’être en situation de pauvreté multidimensionnelle de 44,51 points de pourcentage, a-t-il ajouté.

De son avis, plus la terre est dégradée, plus les ménages sont dans une sorte de pauvreté chronique. Et à ce niveau, la pauvreté ne se limite pas seulement au revenu. En plus du revenu, la dimension multidimensionnelle prend en compte le niveau d’éducation, de santé et le niveau de vie.

« Si nos autorités veulent faire face aux défis d’éducation, de santé et du niveau de vie des ménages, ils doivent avoir un regard sur la lutte contre la dégradation de la terre. Cela va se manifester par la mise en place des pratiques de gestion durable de la terre, la restauration et la réhabilitation des terres dégradées», a-t-il préconisé.
Selon lui, cette stratégie va permettre de réaméliorer le niveau de vie des ménages et cela va donner plus d’effets sur leur niveau de bien-être et partant sur leur niveau de pauvreté multidimensionnelle.

« Nous sommes également parvenus au résultat selon lequel la dégradation de la terre augmente la probabilité de migration internationale des ménages », a fait savoir Dr Ouédraogo.

De son avis, les ménages sont de plus en plus enclins à faire recours à la migration économique forcée comme une stratégie de survie dans le but de diversifier les sources de revenus et de réduire les risques liés aux chocs économiques et de la dégradation des terres.
Selon Dr Ouédraogo, les résultats de ses recherches sont en attente de publication dans des revues scientifiques.
Comme perspectives, il compte explorer d’autres méthodes d’analyse en faisant recours à des données satellitaires, et une analyse des déterminants/facteurs sous-jacents de la dégradation des terres afin de pouvoir conseiller les autorités sur les politiques à mettre en place pour améliorer les conditions de vie des ménages.
Cette thèse qui a été menée aussi avec dextérité vient à point nommé, a indiqué son directeur de thèse, Dr T. Didier Zoungrana.
Car, selon lui, la thèse a abouti à des résultats pertinents, « que nous estimons pouvoir aider à la prise de décisions. Parce qu’aujourd’hui, pour prendre des décisions politique, il faut vraiment s’appuyer sur les résultats de la recherche. Et nous pensons que toutes les politiques qui doivent être mises en place doivent aller vers la préservation des terres ».
« Comme on parle de conditions de vie, si vraiment quelqu’un est pauvre parce qu’il n’arrive pas à avoir les facteurs de production nécessaires pour produire, cela pose problème. Car cela peut engendrer d’autres problèmes dans la société. Parce qu’on dit que quelqu’un qui a faim n’est pas un homme libre », a jouté Pr Zoungrana.
Aussi, a-t-il invité l’Etat à investir dans la récupération des terres dégradées parce que, « nous sommes actuellement à l’ère du développement endogène. Ce n’est pas en laissant les bras valides ou les facteurs de production aller à l’international, qu’on va pouvoir construire de façon adéquate notre développement à nous ».

Dr Abdouramane Ouédraogo a soutenu sa thèse sous le thème : « Effets de la dégradation des terres sur les conditions de vie des ménages au Burkina Faso ».
Les membres du jury étaient composés du président du jury et rapporteur Augustin Foster CHABOSSOU, professeur titulaire université d’Abomey Calavi (Benin), du deuxième rapporteur Achille Augustin DIENDERE, maître de conférences agrégé, université Thomas Sankara, du troisième rapporteur Essossinam ALI, maître de conférences agrégé, université Kara (Togo), de l’examinateur Windpanga Jean Pierre SAWADOGO, maître de conférences, université Thomas Sankara et du directeur de thèse T. Didier ZOUNGRANA, maître de conférences agrégé, université Thomas Sankara, du codirecteur de thèse, Kouamé Richard MOUSSA, maître de conférences agrégé, école nationale supérieur de statistique et d’économie appliquée d’Abidjan (Côte d’Ivoire) .

Le jury a déclaré les travaux de l’impétrant dignes d’intérêts et lui a décerné le grade de docteur de l’université Thomas Sankara avec la mention très honorable, dans le domaine des Sciences économiques et de gestion (SEG), mention Sciences économiques, spécialité Economie du développement.
Agence d’information du Burkina
DNK-yos

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