BURKINA–INSÉCURITÉ–RÉINSTALLATION
Solenzo : L’économie informelle retrouve ses droits après trois ans d’absence dans deux localités
Solenzo, 14 oct. 2025 (AIB)- Plusieurs villages ont été réinstallés dans la province des Banwa grâce à la bravoure des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Parmi ces localités figurent Laafitenga (nom d’emprunt) et Kougrin (nom d’emprunt), où les activités économiques ont repris après trois années d’interruption.
Il est 8 h 05 ce mercredi 8 octobre 2025. Au guidon d’une vieille moto Vegas RR, le voyage vers Laafitenga, distant d’une vingtaine de kilomètres, s’effectue sans encombre. Dès la sortie de Solenzo, tricycles et motocycles chargés de marchandises filent à vive allure vers la destination. C’est jour de marché. Entre poussière et klaxons, le village apparaît sous un soleil matinal.
Dès l’entrée du village, des enfants pleins d’énergie courent dans les ruelles, certains transportant les objets de leurs parents en direction du marché. Des hommes vêtus d’habits colorés marchent seuls ou en petits groupes, l’air enthousiaste.
Plus loin, de vieux hangars se dressent : c’est le marché de Laafitenga. Vers 9 h 30, il commence à se remplir de monde. Les voix perçantes des vendeurs attirent l’attention des passants, créant une symphonie de rythmes et de rires.
Aux alentours, la musique moderne se mêle au brouhaha des salutations, donnant à l’atmosphère un air de fête et de convivialité. À midi, le marché est en pleine effervescence : des stands d’habits, de chaussures et de postes radio appartiennent à des commerçants venus d’ailleurs.
Les poissons fumés, épices, soumbala, fruits et légumes sont exposés par les commerçants locaux. Chacun tente d’attirer le maximum de clients, espérant rentrer le soir avec 5 000 ou 10 000 FCFA.
Des bijoux en perles « pour dompter les maris » et de l’encens « pour les rendre plus attentionnés » sont proposés ici et là, suscitant curiosité et sourires.
En fin d’après-midi, entre 16 heures et 17 heures, le marché s’anime davantage avec l’arrivée des paysans revenant des champs, vêtus de leurs habits de fête. Avec seulement 500 FCFA, certains peuvent rapporter un peu de joie à la maison : des beignets à 100 F, de la patate douce à 200 F, un tas de poisson fumé à 200 F, du bouillon et du soumbala pour 50 F chacun.
Le sachet plastique bien rempli, ces familles retrouvent la joie de vivre, symbole du retour à la normale.
Il y a encore deux ou trois ans, évoquer Laafitenga faisait frémir à cause de l’insécurité. Aujourd’hui, le village a retrouvé son éclat d’antan. Les kiosques, les boutiques et le marché renaissent, portés par un souffle d’espoir. Bien que les habitants évoquent une certaine morosité économique, chacun semble tirer profit de son activité.
Kougrin, le village martyr devenu symbole de résilience
Situé à une quinzaine de kilomètres de Solenzo, Kougrin a subi de plein fouet les affres du terrorisme. Aujourd’hui, grâce aux FDS et aux VDP, le village est debout et la vie a repris son cours normal.
Le marché se tient chaque jeudi, et à ce jour, six éditions ont déjà eu lieu depuis la réinstallation. Dès 9 h 30, les premiers commerçants étalent leurs marchandises. Les vendeuses de beignets et de condiments balaient leurs étals tandis que les fillettes ramassent les ordures pour assainir le marché.
Des pagnes, jupes fleuries et perles pendent sur des fils sous des hangars. Des fruits, chaussures et articles divers sont exposés sur des bâches, attendant les clients. Les vendeurs, souriants et accueillants, vantent les mérites de leurs produits.
Les marchés de Laafitenga et de Kougrin sont bien plus que de simples lieux de commerce. Ils représentent des espaces de rencontre, d’échange et de partage, mais aussi des symboles de résilience et d’espoir pour des populations qui renaissent à la vie.
Agence d’information du Burkina
Salifou Ouédraogo
AIB–Banwa
