Tenkodogo : Une convention pour gérer le barrage de Zourma et prévenir les conflits

Tenkodogo, 4 septembre 2025 (AIB)-Les usagers du barrage de Zourma, dans la commune de Zabré (région du Nakambé), ont adopté et validé une convention de gestion concertée de cette ressource stratégique. Fruit d’un processus de dialogue inclusif mené avec l’appui du Centre pour le dialogue humanitaire (HD), ce cadre consensuel vise à réduire les tensions récurrentes autour de l’exploitation du barrage, tout en préservant la cohésion sociale et la durabilité de l’infrastructure.

À l’origine de cette initiative, une mission conduite du 23 au 26 juin 2025 avait permis d’identifier les règles existantes, les catégories d’usagers et les principaux facteurs de conflit autour du barrage. Les enquêtes, entretiens et focus groups réalisés dans six villages et hameaux avaient révélé que cette retenue d’eau, vieillissante mais fortement sollicitée, était exploitée par neuf catégories d’usagers (pêcheurs, maraîchers, éleveurs, etc.), souvent en concurrence pour l’accès à l’eau et aux terres attenantes.

Face à la dégradation du climat social, la délégation spéciale de Zabré avait saisi le HD pour appuyer l’élaboration d’une convention locale. Cette démarche s’inscrit dans le cadre des actions menées par le centre pour le Dialogue Humanitaire dans la région du Nakambé depuis 2024, à travers le projet de médiation agropastorale, qui a déjà permis de résoudre plusieurs dizaines de conflits liés aux ressources naturelles et de consolider des réseaux de médiateurs communautaires.

Du 2 au 4 septembre 2025, une rencontre de négociation à Tenkodogo a réuni représentants d’usagers, leaders coutumiers, élus locaux, services techniques et autorités administratives. Les participants ont amendé et validé un projet de convention. Les règles jusque-là transmises oralement sont désormais consignées dans un document écrit, servant de référence commune. Un comité de gestion et un comité de surveillance ont également été mis en place pour veiller à l’application de la convention.

Domegbèguière Constantin Dabiré Haut commissaire du Boulgou.

Représentant le gouverneur du Nakambé, le Haut-commissaire du Boulgou, Domegbèguière Constantin Dabiré, a salué un processus qui « place les communautés au cœur de la gestion et de l’usage concerté des ressources », tout en soulignant que l’accord respecte les pratiques locales et s’aligne sur la législation nationale.

De son côté, Moussa Tall, chef du bureau HD au Burkina Faso, s’est réjoui de la signature de la première convention locale appuyée par son organisation dans le pays : « Ces instruments sont des leviers de prévention des conflits et de renforcement de la cohésion sociale. Nous restons disponibles pour accompagner d’autres communautés dans la mise en place de conventions similaires. »

Moussa Tall, chef du bureau de HD Burkina.

Au nom de la chefferie coutumière, Harouna Gouba, représentant de Naaba Kougri de Zabré, a insisté sur la responsabilité des usagers : « Ce sont eux-mêmes qui ont défini les règles et ils devront les appliquer. Quand c’est écrit, cela engage davantage au respect. »

Quant à Boubié Alain Bassomo, président de la délégation spéciale de Zabré, il a rappelé que la collectivité est à l’origine de l’initiative : « Après avoir constaté les risques pour la cohésion sociale, nous avons sollicité le centre pour le Dialogue Humanitaire. Notre responsabilité est désormais de suivre la mise en œuvre de cette charte au profit de l’économie locale et du bien-être des populations. »

Boubié Alain Bassomo Préfet de Zabré.

Tous les intervenants ont reconnu le rôle déterminant des services techniques, qui ont accompagné les communautés tout au long du processus, depuis le diagnostic jusqu’à la signature de la convention.

La validation de la convention locale pour la gestion du barrage de Zourma marque une étape importante dans la prévention des conflits liés aux ressources naturelles au Burkina Faso. En impliquant directement les communautés, les autorités et les partenaires techniques, le processus offre un cadre de gouvernance partagée et durable.

Pour les populations de Zabré, cette initiative constitue à la fois un mécanisme de régulation et de médiation, mais aussi un outil de préservation de la cohésion sociale et de promotion du développement local. Comme l’a rappelé Moussa Tall, « l’enjeu est que cette convention vive et profite réellement aux usagers ».

La réussite de cette expérience ouvre la voie à la duplication d’initiatives similaires dans d’autres communes de la région du Nakambé et au-delà, là où les ressources naturelles représentent à la fois une richesse et un facteur de tension.

Agence d’information du Burkina
SM/ata

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