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Coopération : Vivant au Maroc depuis 31 ans, Issa Bamogo conseille aux nouveaux venus de se mettre en règle vis-à-vis de la loi marocaine

 Rabat, 15 juin 2025 (AIB) – Le délégué du Haut Conseil des Burkinabè de l’extérieur, Issa Bamogo, vit au Maroc depuis 1994. Fort de sa riche expérience de 31 ans dans le Royaume, il conseille aux étudiants venus s’y former de se mettre en règle vis-à-vis de la législation marocaine.

« Mon premier message s’adresse aux jeunes Burkinabè arrivant au Maroc, surtout dans le cadre des études. Chacun doit tout faire pour être en règle vis-à-vis de la loi marocaine, notamment se faire établir une carte de séjour », a recommandé Issa Bamogo au micro de l’AIB.

Jeune employé d’une société marocaine de machines à coudre basée à Abidjan (Côte d’Ivoire) dans les années 1990, Issa Bamogo a été affecté au Maroc en 1994. Il y a travaillé jusqu’à sa retraite et est depuis lors délégué du Haut Conseil des Burkinabè de l’extérieur dans le Royaume, toujours dans le respect des lois locales.

Fort de son expérience, il recommande aux étudiants et aux travailleurs burkinabè dans le pays de ne pas se contenter du laissez-passer (valable trois mois) pour circuler, car cela « finit toujours par rattraper ».

« Le moment viendra où, muni de votre diplôme obtenu au Maroc, vous aurez besoin d’un casier judiciaire pour trouver un emploi. Vous ne pourrez pas l’obtenir si vous n’avez pas de carte de séjour, et votre diplôme pourra être perçu comme faux par un employeur potentiel », a-t-il expliqué.

La grande majorité des étudiants africains et burkinabè viennent au Maroc grâce à des bourses octroyées par le gouvernement marocain, à travers l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), pour des formations professionnalisantes.

Selon les chiffres du ministère marocain de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, sur 23 411 étudiants étrangers inscrits au Maroc en 2021, 19 256 étaient d’origine africaine, soit près de 83 %, tous établissements confondus (publics et privés).

Au cours de l’année universitaire 2022/2023, le Gabon comptait le plus grand nombre d’étudiants au Maroc (2 914), devant le Mali (1 985) et la Côte d’Ivoire (1 538), le Burkina Faso arrivant à la 9ᵉ position avec 867 étudiants.

En parallèle, des étudiants burkinabè arrivent de manière privée au Maroc. Certains choisissent des écoles privées depuis le Burkina Faso et paient en ligne leurs frais d’inscription et de formation, sans se renseigner suffisamment.

« Ils arrivent au Maroc et découvrent que ces écoles ne sont pas homologuées, ne sont pas reconnues par l’État marocain, ou même qu’elles sont fermées », a regretté Issa Bamogo.

Ce genre de problème, récurrent selon lui, est difficile à gérer :

« C’est un cas que le Haut Conseil des Burkinabè de l’extérieur a du mal à défendre », a-t-il souligné, tout en invitant ces étudiants à bien se renseigner avant de s’engager.

Un troisième cas concerne les Burkinabè qui prennent le Maroc comme pays de transit, dans l’espoir de rejoindre l’Europe via Tanger (au nord du Royaume), située à environ 15 kilomètres des côtes européennes.

« Ils arrivent au Maroc, vivent dans les forêts, sur les plages, ou en périphérie des villes, et, sur les conseils de personnes indélicates qui leur ont soutiré de l’argent, tentent la traversée », relate le délégué.

À ces derniers, dont plusieurs ont été recueillis par le Haut Conseil, Issa Bamogo lance un message clair : « Vous ne pouvez pas traverser, c’est un mensonge. Ce n’est pas vrai.»

Le délégué a salué l’excellence des relations entre le Royaume du Maroc et le Burkina Faso, qui ont permis à des Burkinabè, une fois leur formation terminée, de s’insérer dans le tissu social marocain.

« Beaucoup d’étudiants burkinabè sont restés ici pour travailler après leurs études, recrutés par des entreprises marocaines. Les Burkinabè figurent parmi les meilleurs dans les écoles de formation. Il y a aussi des étudiants burkinabè qui repartent au pays pour y travailler au service d’entreprises marocaines », a-t-il souligné.

Technicien de formation, Issa Bamogo réside au Maroc depuis le 2 mars 1994. Depuis son départ à la retraite, il consacre son temps à l’organisation et à l’encadrement des Burkinabè arrivant dans le Royaume, que ce soit pour les études ou pour d’autres raisons. En 31 ans de cohabitation avec les Marocains, il dit avoir trouvé en eux « des frères » et décrit le peuple marocain comme « sympathique ».

Le Haut Conseil des Burkinabè de l’extérieur a été créé en juin 2024 par décret présidentiel. Sa mission est de mieux mobiliser les Burkinabè vivant hors du pays afin de favoriser leur participation effective à la vie nationale. Il remplace le Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger (CSBE), en place depuis 1993.

Au Maroc, deux délégués représentent le Haut Conseil : Issa Bamogo, qui coordonne les actions à partir de Casablanca pour le nord du pays, et Dr Anselme Poda, basé à Marrakech, qui s’occupe du sud du Royaume.

Agence d’information du Burkina

 WUROTÈDA Ibrahima SANOU

Correspondant de l’AIB à Rabat

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