VIH-SIDA : « Au premier semestre 2023, nous avons eu 90 cas de perdus de vue au traitement au Centre-Nord», Resp

 Kaya, 01 déc. 2023 (AIB)-En prélude à la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le sida prévue le 1er décembre prochain, une équipe de l’AIB s’est entretenue avec le chef d’antenne régionale du Secrétariat permanent du Conseil national de lutte contre le Sida et les Infections sexuellement transmissibles (IST) du Centre-Nord, Armand Noël Ouédraogo. Au menu des échanges, les préparatifs de cette journée au niveau régional et l’impact de la crise sécuritaire et humanitaire sur la lutte contre cette pandémie.

 Agence d’information du Burkina (AIB) : Dans ce contexte de crise humanitaire, quelle est la situation des PV-VIH dans votre région ?

Armand Noël Ouédraogo (A.N.O.) : Il faut reconnaître que le VIH/Sida demeure d’actualité dans notre contexte de crise sécuritaire, humanitaire et sanitaire. Dans ce contexte, la situation des personnes vivant avec le VIH (PV-VIH) est complexe, car cela complique l’accès aux soins pour certains patients. Nous avons 2968 PV-VIH sous traitement, mais avec les déplacements de populations dus à l’insécurité, nous constatons de plus en plus de perdus de vue au traitement. Rien qu’au premier semestre 2023, nous avons enregistré 90 cas de perdus de vue au traitement, ce qui représente environ 3% de l’ensemble des PV-VIH de la région. La prévalence au niveau régional est de 0,6%, contre 0,7% au niveau national. Le déplacement massif des populations et les séjours prolongés de milliers de routiers et voyageurs en partance vers le Sahel et le Niger, dans la région en attente de convois, sont des facteurs de risque de rebond du VIH/Sida et des IST. Cela nous préoccupe beaucoup.

AIB : En dépit de la crise sécuritaire et humanitaire où les ressources se font très rares ou sont orientées vers la prise en charge d’urgence des PDI, votre structure parvient-elle toujours à assurer ses missions régaliennes ?

A.N.O. : Les difficultés de mobilisation des ressources, compte tenu de la crise sécuritaire et humanitaire, touchent l’ensemble des secteurs d’activités du pays, et le SP/CNLS-IST n’est malheureusement pas épargné. Cependant, il faut saluer la résilience de notre structure à travers le leadership affirmé du Secrétaire permanent et le soutien affiché du Président de la Transition, Président du Conseil national de lutte contre le Sida et les IST. En 2023, tout comme les années antérieures, l’antenne régionale du Centre-Nord a assuré ses missions régaliennes en garantissant, entre autres, la disponibilité des ARV au profit des PV-VIH et des examens pour les patients. Elle assure également la supervision des activités des structures communautaires qui mettent en œuvre des activités de sensibilisation, de dépistage et de soutien psychosocial pour les PV-VIH et les Orphelins et enfants vulnérables (OEV). Pour cette année, 74 structures communautaires ont bénéficié du financement du SP/CNLS-IST et du FSMOS. À l’occasion de la campagne nationale de dépistage tenue en septembre, 28 structures ont pu mettre en œuvre des activités.

AIB : Quelles sont les difficultés rencontrées dans ce contexte de crise humanitaire ?

 

A.N.O. : Les difficultés rencontrées dans ce contexte de crise humanitaire sont nombreuses et variées. Je peux citer, entre autres, l’inaccessibilité de certaines localités de la région, les détours pour accéder à certaines localités occasionnant des coûts supplémentaires, la dégradation des moyens de communication avec la destruction de certains pylônes par les groupes armés, rendant difficile la collecte des données dans les zones à forts défis sécuritaires. La problématique des perdus de vue au traitement est également une préoccupation.

AIB : La JMS est célébrée cette année sous le signe de la responsabilisation des communautés, quelles sont les activités prévues spécifiquement dans votre région ?

A.N.O. : Chaque année, nous célébrons la Journée mondiale du Sida (JMS) dans la région. L’édition 2023 se tiendra en différé le samedi 16 décembre prochain à Kaya, sous la présidence du gouverneur de la région du Centre-Nord, également président du comité régional de lutte contre le Sida. Nous avons prévu un cross populaire et une cérémonie commémorative. Dès le 1er, une campagne de dépistage spécifique sera organisée dans chacune des trois provinces de notre région à l’attention de 2100 PDI de la région.

AIB : Quel appel lancez-vous aux populations et aux acteurs de la lutte ?

A.N.O. : Je voudrais préciser que le thème de la JMS 2023 est « Renforcer le leadership communautaire pour mettre fin au Sida. » Cette journée est donc dédiée aux communautés, qui se doivent de s’impliquer activement dans la lutte pour un succès éclatant contre la pandémie à VIH. C’est le lieu pour moi de demander à toutes et à tous de rester vigilants, car le VIH existe toujours. C’est main dans la main que nous parviendrons à l’élimination du VIH d’ici 2030 au Burkina Faso.

Agence d’information du Burkina

Interview réalisée par Augustin Irwaya OUEDRAOGO

 

 

 

 

 

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