Royaume-Uni: au congrès du Labour, Starmer demande du temps pour « reconstruire » le pays
Liverpool, Royaume-Uni
Le Premier ministre travailliste Keir Starmer va tenter mardi lors du congrès de son parti de convaincre les Britanniques de lui accorder du temps pour « reconstruire » le pays, au moment où son gouvernement est englué dans une polémique sur des cadeaux de généreux donateurs.
L’état de grâce n’aura pas duré longtemps pour le chef du gouvernement de 62 ans, arrivé au pouvoir après la large victoire du Labour lors des élections législatives du 4 juillet, et qui prendra la parole à 13H00 GMT (14H00 locales) à Liverpool (nord de l’Angleterre).
Cela faisait 15 ans que le Labour n’avait pas tenu un congrès annuel en étant au gouvernement. Mais devant des milliers de militants et d’élus locaux, Keir Starmer devrait s’en tenir au message de sérieux budgétaire et de prudence auquel il s’astreint depuis son arrivée à Downing Street.
Le « renouveau national » promis par le Labour « implique un combat partagé », doit-il ainsi déclarer mardi, selon des extraits de son discours communiqués en amont par Downing Street.
« Ce sera dur à court terme, mais à long terme, c’est la bonne chose à faire pour notre pays. Et nous en bénéficierons tous », doit-il encore insister, au moment où son gouvernement est empêtré dans une polémique sur les cadeaux (vêtements, places de concert, etc.) reçus par plusieurs de ses membres, dont Keir Starmer lui-même.
Cette promesse de jours meilleurs satisfera-t-elle ceux qui, jusque dans son parti, l’appellent à offrir une perspective plus positive?
« Keir Starmer doit offrir une vision. (…) Qu’est-ce que le gouvernement travailliste défend, alors que jusqu’ici il a surtout parlé du trou (dans les finances publiques) de 22 milliards de livres dont le Labour a hérité » des conservateurs, estime auprès de l’AFP Jonathan Tonge, professeur de sciences politiques à l’université de Liverpool.
Il doit être « un peu radical, sinon les gens diront +quel intérêt d’avoir remplacé un gouvernement conservateur par un gouvernement travailliste+, s’ils font globalement des choses similaires », ajoute-t-il.
– Pas de « réponses faciles » –
Le futur budget, qui sera présenté le 30 octobre, sera une étape cruciale en ce sens, même si Keir Starmer a déjà prévenu qu’il serait « douloureux ».
« Je sais que la crise du coût de la vie a jeté un voile » sur le quotidien de gens qui « ont besoin de répit et d’apaisement, et ont peut-être même voté pour cette raison pour le parti travailliste », doit-il reconnaître dans son discours.
« Notre projet n’a pas changé et ne changera jamais. J’ai changé le parti travailliste pour le remettre au service des travailleurs. Et c’est exactement ce que nous ferons pour le Royaume-Uni. Mais je ne le ferai pas avec des réponses faciles. Je ne le ferai pas avec de faux espoirs », doit-il prévenir, devant une assistance aussi composée des syndicats de travailleurs, très influents au sein du Labour, et qui se disent vigilants.
Lundi, la ministre des Finances Rachel Reeves avait déjà tenté de rassurer les ménages britanniques lors de son discours à Liverpool, en écartant tout « retour à l’austérité » et en jurant que son « optimisme pour la Grande-Bretagne » était « plus vif que jamais ».
Un discours qui n’a pas totalement convaincu les militants présents au congrès, très critiques notamment sur la suppression d’un chèque énergie pour des millions de retraités et sur l’absence de hausse d’impôts sur les plus riches.
« Cela ne fait aucun doute qu’en ce moment le pays est cassé. Nous avons besoin de routes en bon état, d’hôpitaux et d’écoles qui fonctionnent », et le gouvernement « doit nous donner confiance » sur le fait qu’il améliorera les choses et attirera les investissements, affirme ainsi Jenny Ward, une militante de 76 ans, originaire de Windsor, assidue des congrès du Labour depuis des années.
Fraser, un jeune militant de 21 ans, membre de Labour Unions qui regroupe des syndicats affiliés au parti travailliste – et qui le financent -, souligne les « bonnes mesures » déjà prises, comme la nationalisation du réseau ferroviaire ou la création d’une société publique d’investissement dans l’énergie.
« Mais il y a encore beaucoup beaucoup de travail à faire », s’empresse-t-il d’ajouter.
Avec AFP