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Roots Rabat : « En Afrique, la musique est le répertoire qui est le plus protégé » (responsable des sociétés d’auteurs)
Rabat, 17 mars 2023 (AIB)-En Afrique, au sein des sociétés de droits d’auteurs, la musique est le répertoire qui est le plus protégé, a indiqué mardi à Rabat, le responsable régional Afrique des sociétés d’auteurs et compositeurs (CISAC) Samuel Sangwa.
Le directeur Régional Afrique de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs (CISAC) Samuel Sangwa a souligné mardi à Rabat que la quasi-totalité des 54 pays africains ont des sociétés des Droits d’auteurs.
Au sein de ces sociétés des Droits d’auteurs, « la musique est le répertoire qui est le plus protégé. L’audiovisuel n’est qu’un répertoire qui vient en second plan », a-t-il informé.
Il a ensuite précisé que 37 de ces sociétés des Droits d’auteurs sont membres de la CISAC. « Sur les 37 sociétés de droits d’auteurs, 33 gèrent à titre principal, le répertoire musical. Il n’y en a que 10 qui gèrent le répertoire audiovisuel ».
M. Sangwa s’exprimait mardi à Rabat au cours d’une table ronde axée sur le thème « Droits d’auteurs et droits voisins : Modalités de fonctionnement et situations post-crise sanitaire ».
La table ronde s’est déroulée en marge de la 1ere édition de Roots Rabat-Journées du Cinéma Panafricain qui s’est tenue du dimanche 12 au jeudi 16 mars 2023 à Rabat, capitale africaine de la culture sous le Haut Patronage de sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Le directeur Régional Afrique du CISAC a affirmé que c’est en « Afrique de l’Ouest, qu’on trouve des sociétés multidisciplinaires qui gèrent à la fois, la musique, l’audiovisuel, les arts visuels et autres ».
« En Afrique anglophone, à part le Botswana, il n’y a aucune autre société qui gère les droits audiovisuels c’est-à-dire qu’on se retrouve avec des exploitations mais aucun mécanisme qui permet de rémunérer les créateurs or les exploitations explosent en salles, en streaming et autres », a-t-il déploré.
Pour le directeur Régional Afrique du CISAC Samuel Sangwa, la question économique est centrale dans ces pays car les créateurs n’ont pas d’outils qui leur permettent de capter la valeur économique ni d’être dans une position de négocier avec soit des producteurs, soit des plates-formes.
« Et même dans les pays, où il y a une société de gestion collective, qui d’une manière ou une autre, protège les créateurs, les montants sont très faibles », a-t-il signifié.
Et c’est le cas, a-t-il cité au « Burkina Faso, au Benin, en Guinée, au Mali, au Congo, au Sénégal, à Madagascar, en Egypte, au Botswana et au Maroc ». « Ce sont des montants qui ne vont pas au de-là de 500 000 euro », a-t-il fait savoir.
De son avis, « cela est dû au manque à la fois d’une législation et des infrastructures mais aussi des pouvoirs de négociations lorsqu’on se réunit dans le cadre de corps de métiers (associations audiovisuelles) ».
La directrice générale par intérim du Bureau marocain des droits d’auteur (BMDA) Dalal Mhamdi Alaoui à elle, déploré le fait que les salles de cinéma marocaines ne payent pas les droits d’auteurs.
« Si les salles de cinéma ne payent pas les droits d’auteurs pour la projection des films, il y aura une faible collecte et cela va se transformer en faible répartition », a-t-elle fait savoir.
Cependant, grâce à la copie privée, le Bureau marocain des droits d’auteur a pu faire des collectes depuis 2017, a informé Mme Dalal Mhamdi Alaoui. Les collectes selon ses dires, ont permis de rémunérer le domaine de l’audiovisuel conformément à la loi.
Elle a rappelé que la loi a décidé concernant la rémunération pour les copies privées, 35% pour les droits d’auteurs et 35% pour les droits voisins (les interprètes et les producteurs).
Mme Alaoui a souligné que pendant le Covid-19, malgré que tout fût fermé et qu’il n’y avait aucune manifestation artistique, le BMDA a procédé à des répartitions qui étaient presque régulières.
« Cela a permis aux auteurs de continuer des créations audiovisuelles grâce à ce qu’ils touchaient du BMDA. Les répartitions les aidaient à survivre sur le plan social et artistique », a-t-elle affirmé.
La directrice générale par intérim a indiqué que cette année 2023, sa structure « a fait un programme pour inciter les exploitants à payer les droits d’auteurs pour ne pas tuer la créativité et pour que l’artiste interprète, le scénariste ou le réalisateur puisse vivre de ses créations ».
Agence d’information du Burkina
Envoyé spécial à Rabat Ibrahima SANOU