Ganzourgou / Le Na-Yado de Méguet : Une fête ancestrale pour honorer les ancêtres pour les bonnes récoltes
Zorgho, (AIB)-A l’appel de Naaba Saaga, les habitants et Méguet et environnants ont célébré le 2 novembre 2024, le « Na-Yado », une fête coutumière annuelle de gratitude aux Ancêtres pour la bonne pluviométrie et l’abondance des récoltes.
Depuis son intronisation le 10 août 1993, le chef de Méguet, Son Excellence Naaba Saaga, célèbre chaque année le « Na-Yado » en union avec les habitants de la localité et des environs. Cette manifestation culturelle, initiée par les chefs traditionnels, est une occasion d’exprimer la gratitude aux ancêtres pour une année de bonne pluviométrie, de santé et surtout d’abondance des récoltes. Plus qu’une simple fête, le Na-Yado incarne la communion et le partage, enracinés dans les valeurs de solidarité et de respect des traditions.
Cette année, la clôture de la fête a eu lieu le 2 novembre 2024 en présence de la Directrice provinciale en charge de la Culture, des arts et du Tourisme du Ganzourgou, Mme Sié Boro.
Un rituel aux étapes symboliques et minutieusement orchestrées
Le Na-Yado suit un rituel ancestral. La cérémonie débute par des sacrifices nocturnes à la résidence du chef, suivis du départ discret de celui-ci pour un périple. Après une escale dans le village de Fatimatenga où il passe sa première nuit, il poursuit son périple le lendemain jusqu’à Souboudougou, à environ 8 km de Méguet. Pendant ce déplacement nocturne, personne ne doit le voir ni le croiser, sous peine d’attirer la colère des ancêtres. Il y reste caché pendant quatre jours, avant d’amorcer le retour à son palais à la vue de la nouvelle lune, symbolisant renouveau et prospérité.
Ce retour est marqué par un protocole traditionnel strict. Un long cortège l’accompagne, avec des femmes portant des ustensiles sur la tête à une distance respectueuse.
Les arrêts sacrés : un parcours ponctué de rites et de sacrifices
Après son séjour à Souboudougou, marqué par des rites et des sacrifices, le chef entame son retour à sa résidence à Méguet. Il effectue des arrêts importants à Yangam, sur la colline sacrée, et à Ipèla (un quartier de Méguet), où sont accomplis des sacrifices et des incantations pour assurer la prospérité et la cohésion de la communauté. À Ipèla, le chef prend place sur le tabouret royal sous un hangar de paille, suivant le rituel jusqu’à la fin, tandis que les habitants des villages environnants lui offrent des présents symboliques marquant leur engagement et leur respect des coutumes.
De Ipèla à son palais, le chef, vêtu d’une tenue traditionnelle avec un grand chapeau de « Saponé » et un turban, est accueilli à Fatimatenga par la communauté des Yarcé pour une prière (Doua). Après ce moment spirituel, il reprend la route au son des tam-tams.
La sauvegarde d’un patrimoine en péril
La Directrice provinciale de la Culture, des Arts et du Tourisme (DPCAT) du Ganzourgou, Mme Sié Boro, a honoré de sa présence l’événement du 2 novembre. « C’est un honneur pour moi d’être invitée par le chef de Méguet à participer à cette fête si particulière », a-t-elle déclaré. « J’ai été émerveillée par la richesse des rituels, le langage des tam-tams et les protocoles de salutations. J’ai été très touchée par l’atmosphère qui régnait entre les différentes communautés et leur implication active dans l’organisation de la cérémonie », a-t-elle poursuivi.
Pour Mme Sié Boro, la préservation de ce patrimoine est essentielle. Elle appelle à « valoriser cette manifestation et surtout à sécuriser le chemin historique emprunté pour exécuter les rites », soulignant que l’urbanisation croissante risque de menacer ce parcours sacré.
Méguet : un modèle de préservation culturelle au sein du Ganzourgou
Le Na-Yado incarne la cohésion sociale pour Méguet et ses alentours. Il rassemble toutes les communautés, sans distinction de religion, autour d’un repas communautaire et de valeurs partagées. Pour les jeunes, cette fête est un apprentissage des savoir-faire et des valeurs qui forgent leur identité culturelle.
À travers le Na-Yado, le chef de Méguet, doyen des chefs coutumiers sur la rive gauche du Nakambé, se bat pour préserver et transmettre la culture moaga. L’engagement des habitants à sauvegarder cet héritage culturel témoigne de leur attachement profond aux traditions ancestrales, rappelant que le respect et la sauvegarde des coutumes sont un trésor inestimable pour les générations futures.
Après cette fête des récoltes, le chef de Méguet se prépare à célébrer une autre fête, appelée le « Basga », au mois de décembre.
Agence d’information du Burkina
Moïse SAMANDOULGOU