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Bourzanga : Une commune résiliente au cœur de l’insécurité-AIB

Kongoussi, 11 mars 2022 ( AIB)- La commune de Bourzanga est en passe d’être isolée malgré les multiples efforts des Forces de défense et de sécurité et la capacité de résilience de la population locale. Coupée de Djibo depuis la dernière attaque de Namsiguian, Bourzanga devient de plus en plus  inaccessible à partir de Kongoussi avec les sabotages  survenus à Yalka et à Woussé. Le 10 mars 2022, nous avons emprunté le tronçon Kongoussi-Bourzanga, un axe de toutes les incertitudes. Zoom sur un trajet aux multiples inconnus.

Il est 10 heures GTM et nous embarquons à Kongoussi ce 10 mars 2022 pour Bourzanga, à bord d’un véhicule 4×4. Première escale, poste de police du secteur 1 à la sortie nord de la ville de Kongoussi . Après une vérification des documents et un coup d’œil sur les passagers à bord, l’agent de police nous souhaite bonne route, alors qu’il nous reste environs 43km à parcourir.

En 10 minutes de trajet, nous voici à la fin du bitume qui devrait relier Kongoussi à Djibo. Cest le village de Yargo. Il nous reste 30 km de route.

La circulation est toujours dense à l’aller comme au retour. À peine 2 km après le bitume,  aucun mouvement humain  sur la voie. Même les commerces aux abord de la route nationale N22 sont fermés. Nous sommes à Yalka, un village dont les habitants ont été sommés de libérer les lieux par des hommes armés le 23 février 2022.

Seul un tricycle de couleur  bleu était stationné devant une boutique et son conducteur vidait le matériel restant pour rejoindre Kongoussi.

 

Dans le paysage, des animaux domestiques abandonnés à eux-mêmes dans la nature.

“Pour attraper ces chèvres, il faut les abattre tellement elles sont devenues comme des animaux sauvages. Si rien n’est fait d’ici-là, ces animaux risquent de mourir de soif parce que la population s’est vidée des  villages”, nous informe un des passagers qui fréquente régulièrement la route.

À droite, juste en face de l’école primaire de Yalka également fermée, on aperçoit les ruines d’une installation téléphonique sabotée par les hommes armés,  lors de leur passage dans le village le 23 février 2022.

Nous continuons notre chemin. Dans le véhicule le silence se fait ressentir. Personne ne pipait mot en dehors du conducteur et d’un occupant, tous deux  habitués de la route. Nous ne croisons personne et  personne ne nous dépasse. La route est quasi coupée entre Yalka et Woussé. Aucun signe de vie à notre passage, alors qu’il était 10 h 33 minutes.

À peine juguler notre peur, nous voici à Woussé, un village de Kongoussi  réputé ces derniers mois pour les excursions d’hommes armés. Sur place, nous apercevons un poteau de liaison de la haute tension incliné.

“C’est les hommes armés qui l’on saboté le 25 février 2022. Ce jour là, ils ont lutté avec le poteau en plein jour  aux yeux des usagers de la route. Heureusement, ils n’ont pas pu le terrasser” explique notre guide du jour.

‘’C’est dans ce village  qu’ils avaient détourné la citerne et son conducteur le 1er  janvier 2022. Avec tous ces incidents, ajouté aux menaces proférées contre les transporteurs routiers, la zone est devenue quasi morte», a-t-il ajouté.

À quelques 25 mètres du poteau incliné, sur la nationale 22, une tête d’âne et ses sabots sont en décomposition avancée  au bord d’un crater. L’animal a sauté sur une mine quelques heures après le sabotage du poteau électrique.

Le silence s’accentue dans le véhicule. Toutes les interrogations taraudent nos esprits. Allons-nous arriver à Bourzanga sans marcher sur une mine ? Pourrons-nous arriver à bon port sans être stoppés par des hommes armés ?  La peur se généralise en notre sein et nous avançons à vitesse raisonnable, au regard de l’état défectueux de la route.

Fort heureusement, nous voici  à Boulounga. Le sourire revient et les débats reprennent. À gauche de l’axe routier, des tentes des personnes déplacées internes nous rassurent qu’un minimum de sécurité y est. À droite, une base des Volontaires pour la défense de la patrie ( VDP) nous conforte dans notre conviction.

Enfin, nous sommes à l’entrée de Bourzanga. La vie est de nouveau normale après ces hameaux sans vie.  L’affluence des habitants vers le marché laisse penser à un jour de marché. À 11 h 5 minutes, nous arrivons au contrôle de la gendarmerie de Bourzanga. Un claxon du chauffeur, une salutation de la main et nous voilà au marché de Bourzanga.

L’ambiance bat son plein. Le marché est rempli. La vie semble est normale. Les commerces sont ouverts et les prix des produits de première nécessité ne connaissent pas de hausse sensible.  «Nous vendons le litre de l’essence à 850 FCFA», nous confirme   un vendeur de carburant en détail qui a requis l’anonymat.

Dans la plupart des commerces, tous observent la prudence et ne veulent pas se prononcer à notre micro, sauf en anonymat.

Devant le  marché vers la mairie et non loin de la brigade de gendarmerie, un long convoi de camions était en stationnement. Ils transportaient en majorité des produits de commerce.

Seul un car de transport en commun figurait parmi le lot de la  trentaine de véhicules que avons  pu dénombrer.

Un des conducteurs accepte nous parler mais dans l’anonymat absolu. “Nous sommes ici depuis le vendredi 4 mars 2022. Nous voulons continuer à Djibo mais c’est très difficile.

Les FDS ont promis de venir nous escorter le dimanche dernier mais depuis lors, c’est le statut quo c’est tout de suite qu’on nous a informé qu’on sera escorté […]. Nous sommes au 7e jour et nous sommes excédés.

Nos frais de route  sont finis parce que l’atteinte a été longue. Si rien n’est fait dans les meilleurs délais ça sera la catastrophe. Deux camions étaient obligés de replier avec leurs chargements.

Nous exhortons les autorités à nous venir en aide» nous a confié un porte-parole des conducteurs.

Pourtant, des travailleurs de  de Bourzanga qui fréquent Kongoussi ne trouvent pas d’inconvénients à emprunter l’axe. “Moi je rentre régulièrement à Kongoussi avec la motocyclette. Seulement c’est le matin et dans l’après midi que la route est fréquentée “ souligne un fonctionnaire.

C’est dans cette ambiance que Bourzanga retient son souffle, espérant que l’axe Kongoussi-Djibo sera vite de nouveau fréquentable.

Pour l’heure, les habitants du chef lieu de la commune (Bourzanga) vaquent librement à ses occupations, en attendant 21 heures chaque jour pour observer le couvre-feu.

Agence d’information du Burkina

Asmado RABO

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