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Thierry Millogo : restituer la culture africaine aux jeunes générations à travers la littérature

Rabat, 6 mai 2025 (AIB)-L’écrivain burkinabè Thierry Millogo a déclaré, le samedi 26 avril dernier à Rabat, être bouleversé par la perte de la culture et des langues africaines, et affirmé son engagement à les restituer, à travers ses ouvrages, pour les jeunes générations.

L’écrivain a indiqué que « l’Afrique culturelle est une richesse exceptionnelle marquée par une diversité de peuples, de langues, de traditions et d’expressions artistiques, avec plus de 3000 groupes ethniques et 2000 langues parlées », dont une soixantaine dans son pays, le Burkina Faso.

M. Millogo s’exprimait au cours d’une communication tenue sous le thème « Parcours littéraires et intellectuels croisés », dans le cadre de la 30ᵉ édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) de Rabat.

Il a souligné avoir grandi à Bobo-Dioulasso, capitale économique du pays, « bercé par l’éducation d’une mère fortement attachée à sa tradition, à la spiritualité africaine et aux valeurs ancestrales (…) où le culte du Do règne en maître, où la croyance en la vie de nos ancêtres dans l’au-delà n’a jamais été remise en question ».

Il s’est dit révolté et bouleversé par la colonisation, qui a œuvré à la perte de la culture et des langues africaines, mais a précisé que, malgré la force et la violence de cette colonisation, certaines communautés comme la sienne, « les Bôbôs, n’ont jamais abandonné ni renoncé à leurs traditions ».

« Je suis un être bouleversé qui essaie, à travers mes écrits, d’emmener les jeunes à comprendre notre histoire, à apprendre les valeurs que nous avions dans le passé et à savoir comment les capitaliser pour construire un monde meilleur, pour nous, pour la jeunesse et pour les générations futures », a-t-il précisé.

Thierry Millogo a publié deux ouvrages : le premier, Le Principe favorable, en 2023, et le second, Devenir un ancêtre, en 2024. Les deux livres plongent le lecteur au cœur de la tradition bôbô et africaine, pour une meilleure compréhension des rites et coutumes en lien avec les ancêtres.

Selon l’écrivain, il a « grandi en ayant comme référence ce qu’on appelle le pacte des ancêtres, qui est un ensemble d’interdits, d’accords et de prescriptions régissant la vie de la communauté dans tous ses fondements traditionnels, spirituels et familiaux ».

Au nom de ce pacte, a-t-il expliqué, « l’homme ne peut épouser qu’une femme, et celle-ci permettra la continuité de la famille de génération en génération. Et si cette épouse, pour une raison quelconque, ne peut pas procréer, l’homme est autorisé à prendre une autre femme ».

Dans le pacte des ancêtres, poursuit Thierry Millogo, « tout homme qui s’attaque à l’harmonie, à l’équilibre social du groupe est sanctionné par une malédiction qui s’abat sur l’individu fautif, allant jusqu’à son bannissement de la famille ».

Au cours de sa communication, l’écrivain a déclaré que « l’Afrique doit sonner son réveil culturel à travers l’enseignement dans les langues africaines dans nos écoles et universités, affirmer et assumer sa culture, et la transmettre à la nouvelle génération ».

« Sans la reconnaissance et l’usage de notre patrimoine historique et culturel, nous ne serons pas un peuple libre. (…) En abandonnant nos langues, nous avons commis une grave erreur. Le seul moyen aujourd’hui d’assurer l’émancipation de l’Afrique, c’est de repartir sur les langues », a-t-il préconisé.

Fondateur de la maison d’édition Mercury, Thierry Millogo a représenté le Burkina Faso à ce Salon, aux côtés de l’écrivaine et ancienne ministre en charge de la Culture sous la Révolution, Bernadette Sanou/Dao. Tous deux ont donné des communications.

L’ambassadeur du Burkina Faso auprès du Royaume du Maroc, Mamadou Coulibaly, a visité le stand de la maison d’édition Mercury, ainsi qu’une dizaine de stands d’éditeurs africains et de pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES).

La 30ᵉ édition du SIEL a été organisée du 18 au 27 avril à Rabat par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du Maroc, en partenariat avec la région Rabat-Salé-Kénitra et la wilaya de la région. Elle a enregistré la participation de 756 exposants représentant 51 pays.

Le Salon était placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et la cérémonie d’ouverture a été présidée, le jeudi 17 avril, par Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid (frère cadet du Roi), en présence du ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaid, et de plusieurs délégations venues du monde entier.

Agence d’information du Burkina
WUROTÈDA Ibrahima SANOU
Correspondant de l’AIB à Rabat

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