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Namentenga : Les acteurs de la filière haricot s’indignent sur la baisse du prix du marché

Boulsa 9 oct. 2024 (AIB)- Les laborieux cultivateurs de la province du Namentenga en général et les producteurs de haricot ou niébé en particulier se frottent déjà les mains. Cette culture de rente est l’une des premières récoltes de la saison qu’on retrouve déjà dans les marmites des ménages que sur la place du marché en ce début du mois d’octobre 2024.Cette récolte met un terme final à la période de soudure. Mais pour plusieurs raisons, ces récoltes sont par endroit vendues à bord champs.Et paradoxalement, certains vendeurs d’aujourd’hui sont les éventuels acheteurs de leurs propres céréales plus chères à l’entrée de la saison prochaine. La grande partie de la production est acheminée au grand marché de Pouytenga.Selon le président provincial de sélection des micro-projets de la Chambre régionale d’agriculture (CRA), Souleymane Kouraogo, une gestion rationnelle des récoltes est indispensable pour éviter la disgrâce.

 

La joie des producteurs cette année est particulièrement perceptible sur leurs visages après les travaux champêtres de durs labeurs pleins de suspens.

La fin de cycle de formation du haricot met fin à la période de soudure et laisse entrevoir à court terme, la fin de cycle de formation des cultures vivrières telles que le mil et le sorgho.

Aussitôt récolté, le haricot est sur la place du marché .Ainsi, des acteurs de la filière, dans la province du Namentenga s’indignent contre cette vente précoce.

Selon l’agriculteur, Amado Kaboré et père de cinq enfants dont trois au primaire et deux au secondaire, après les travaux champêtres, les producteurs commencent à vendre leur haricot. «  Vous voyez, nous venons de sortir de la période de soudure. C’est le haricot qui est actuellement notre source de revenu », confié-t-il.

A l’en croire, c’est à partir des recettes du haricot qu’il arrive à honorer les frais de scolarité et les fournitures scolaires de ses enfants et effectuer d’autres dépenses de la famille, en attendant la fin de cycle du mil.

« Nous n’avons pas le choix. J’ai vendu les moutons pendant la période de soudure pour payer le mil. Comment on va faire ? A qui devons-nous vendre nos produits pour pouvoir compenser nos efforts et faire des économies ? » se demande-t-il.

Un autre cultivateur, Pierre Sawadogo et sa famille, dans leur champ soutient que « Après la récolte, je vais conserver ma production. Lorsque le prix du marché sera bon que je vais vendre».

Et d’ajouter que les commerçants savent que nous sommes actuellement dans le besoin d’argent. En mai dernier, nous avons payé le yorba (le plat) à 2 000 F FCA ».

Le plat est l’unité principale de mesure du mil, du sorgho, de l’arachide dans la zone et 42 yorba font un sac de 100 kg.

Le commerçant, Saïdou Sawadogo soutient que ce sont les paysans qui leur amènent les céréales.

« Nos fournisseurs basés dans les villages nous demandent de venir prendre les céréales chez eux, faute de moyen de déplacement pour les transporter au marché », poursuit-il.

De son avis, à l’heure actuelle, le plat coûte1250 FCFA soit 50 000 FCFA le sac de 100Kg. Saïdou Sawadogo fait remarquer que les prix sont fixés en fonction du prix du marché de Pouytenga, un grand marché de la province du Kouritenga.

Il y a trois jours de cela, le plat coûtait 1400 FCFA. Nous sommes sûrs que lorsque les gens auront fini de récolter, le prix connaitra une baisse. Pour le moment, c’est à compte-gouttes que nous recevons la matière», renchérit-il.

D’après lui, d’ici fin novembre, le plat va coûter peut être à 750 FCFA ou 30 000frs le sac de 100 kg, car selon lui, cette année, il a bien plu et le haricot a bien donné.

 

Un site d’achat . A proximite du barrage de Boulsa

«Je reçois de l’argent d’un grand commerçant à Pouytenga pour collecter le haricot ici. Lorsque j’aurai le maximum, je le fais parvenir par des camions» avoue Mme Kéogo Valentine Banaba .

Dans plusieurs endroits et aux abords des grandes artères, des acheteurs sont positionnés pour attendre les vendeurs du haricot. Le cumul de la collecte est convoyé dans des camions remorques à Pouytenga.

Paradoxalement, c’est Pouytenga la prochaine destination de certains agriculteurs pour payer à leur tour le haricot qu’ils avaient vendu pour la consumation.

Selon Souleymane Kouraogo, la sensibilisation des producteurs sur l’importance d’une gestion rationnelle des récoltes, du warrantage ou d’un comptoir d’achat pourront contribuer à minimiser cette disgrace.

On retient que le haricot n’est pas destiné uniquement pour vendre mais être également consommé par les populations.

Agence d’information du Burkina

JBD/NO/ATA

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