Cantines scolaires: De grâce, à César ce qui est à César (Papier d’angle)
Ouagadougou, 3 mai 2024 (AIB)- Le Conseil des ministres a adopté, le jeudi 25 avril 2024, un rapport relatif aux mesures pour la mise en œuvre diligente des cantines scolaires ainsi que l’acquisition du cartable minimum sur les ressources transférées de l’Etat aux communes.
Selon le compte rendu de la réunion gouvernementale, à la date du 31 décembre 2023, sur les 336 communes bénéficiaires des ressources transférées, seulement 36 ont effectivement acquis les vivres.
Le même document indique que «sur ces 36 communes, six (6) ont pu réceptionner les vivres avant la rentrée des classes mais aucune d’entre elles n’a pu mettre ces vivres à la disposition des écoles».
L’intention de l’exécutif burkinabè est donc de permettre au département en charge de l’Education nationale d’améliorer la gouvernance des ressources précédemment transférées du cartable minimum et des cantines scolaires au profit des élèves et des structures éducatives.
Concernant le cas spécifique des cantines scolaires, il est plus que salutaire de songer à régler la question des retards dans la distribution. En effet, avec les retards parfois incompréhensifs, l’on rate carrément les objectifs recherchés à travers l’instauration des cantines scolaires.
Ces objectifs sont, entres autres, le maintien des élèves à l’école, l’amélioration des résultats scolaires, la lutte contre les abandons et autres déperditions des élèves.
Cependant, même si la question des retards parvenait à être résolue, bien d’autres défis restent à relever. Ceux-ci sont relatifs premièrement, à la quantité et à la qualité des repas servis aux élèves.
A ce propos, les griefs ne manquent pas. A travers les réseaux sociaux et/ou des médias, des parents d’élèves ne cessent de dénoncer la forme des repas servis à leurs enfants.
Les plaintes portent aussi sur certaines destinations détournées des vivres. D’aucuns estiment qu’avec la complicité de certains enseignants et responsables d’écoles, des retards seraient orchestrés afin de détourner les vivres initialement destinés uniquement aux élèves, à d’autres fins.
C’est ainsi que des acteurs autres que des élèves se partagent souvent des sacs de riz et des bidons d’huile issus des cantines scolaires, au détriment des vrais destinataires. Malheureusement.
Aussi, se souvient-on, courant mi-février dernier, la presse renseignait qu’un ‘’grand réseau de fraudeurs du riz scolaire’’ a été démantelé à Bobo-Dioulasso. L’annonce avait été faite par la Coordination nationale de lutte contre la fraude (CNLF). C’était lors d’une conférence de presse animée, le jeudi 15 février 2024, dans la ville de Sya.
D’après les comptes rendus des médias qui citent le coordonnateur de la CNLF, Yves Kafando, «les investigations ont permis de découvrir dans un magasin de stock dans la ville de Bobo-Dioulasso, 441 sacs de 50 kg de riz destinés à la cantine scolaire, 901 sacs vides estampillés +LIZO+ …».
Il faut reconnaitre qu’un tel détournement serait très difficile, voire impossible, sans la complicité d’acteurs du système de gestion.
C’est à juste titre qu’il faut que l’on ouvre l’œil et le bon, dans la gestion des cantines scolaires pour ne pas saper les efforts de l’Etat qui œuvre inlassablement au maintien des élèves à l’école, à l’amélioration des résultats scolaires et contre les abandons et autres déperditions des élèves.
En un mot comme en mille, il faut que les vivres destinés aux élèves leur parviennent non seulement à temps, mais aussi entièrement. En d’autres termes et comme pour paraphraser un passage biblique : «à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu».
Agence d’information du Burkina
Alban KINI
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