AIB-CRITIQUE LITTERAIRE :

« Sous la barbe du diable », Un réquisitoire contre les pratiques barbares des chefs de familles sur les enfants adultérins

CRITIQUE LITTERAIRE DE WUROTEDA Ibrahima SANOU-Journaliste-agencier

Le journaliste-écrivain Adama Bayala a dédicacé ce vendredi 1er avril 2022, à Ouagadougou, dans une salle de conférence du Conseil régional du centre, plein à craquer, son troisième roman intitulé « Sous la barbe du diable ».

De l’avis de l’auteur, ce roman est « un réquisitoire contre les pratiques barbares, les abus des chefs de familles sur les enfants adultérins, les batards, les enfants placés, les enfants adoptés, les neveux, les nièces, les filles de ménages qui souffrent dans nos foyers entre les quatre murs ».

Pour le journaliste-écrivain Adama Bayala, « cet ouvrage est sa modeste contribution en vue de la prise en compte du respect des droits des orphelins; des enfants issus des relations extraconjugales ».

« Sous la barbe du diable », est la troisième œuvre littéraire d’Adama Bayala après « Les bénédictions d’une mère » et la « République Bana Bana ».

Après lecture et analyse de l’ouvrage, nous constatons que sous la barbe du diable, sous le regard du diable, sous le nez du diable, devant l’indifférence du diable, beaucoup d’injustices, de méchancetés sont commis dans notre société burkinabè et africaine.

Ce diable s’exprime en chacun de nous à chaque fois que nous gardons le silence, détournons le regard, bouchons les oreilles face à des brimades, des souffrances qui se passent autour de nous.

Avec « Sous la barbe du diable », Adama Bayala peint de façon éclatante, les maltraitances, les violences et les meurtres subis par les enfants adultérins, orphelins et contraints à élire domicile dans la rue.

Avec « Sous la barbe du diable », Adama Bayala peint de façon éclatante, les maltraitances, les violences et les meurtres subis par les enfants adultérins, orphelins et qui sont contraints à élire domicile dans la rue

« Sous la barbe du diable », c’est l’histoire d’un enfant Piripa 9 ans et de sa sœur Anick, 7 ans contraints de vivre sous le toit de leur oncle suite à la disparition tragique de leurs parents causée justement par cet oncle, frère ainé de leur papa.

Ces deux orphelins et leur gouvernante Amsétou passent alors du paradis à l’enfer, où « Sous la barbe du diable », ils seront « traités de toutes les insanités », allant jusqu’à se faire « brocarder » par leur oncle et « leur belle mère acariâtre sans vergogne ».

Cet extrait de l’œuvre fait cas de cette maltraitance. « Petit morveux, petit grincheux, t’as eu la ch’ce, ce que j’llais te montrer aujourd’hui-là ? C’st Dieu seul qui c’nnaît. Fripon, petit sorcier, c’est l’âme de mon enfant t’veux manger ? T’ peux compter sur moi. Les rebuts de ton espèce, je sais comment les traiter. T’ ne paies pas pour voir ».

A travers sa plume, Adama Bayala ne se contente pas seulement, et fort heureusement, de peintre les conditions peu enviables des enfants adultérins sous nos cieux, l’auteur donne aussi l’espoir, la justice et l’avenir aux innocentes victimes. Cette espérance est portée dans l’œuvre par la gouvernante Amsétou, avec ses conseils avisés aux deux orphelins Anick et Piripa.


Amsétou conseille dans l’œuvre, les deux orphelins qui ont connu des jours heureux avec leurs parents, à accepter aujourd’hui d’être des « souffre-douleurs, pas seulement, (mais) des esclaves de case, sinon même des robots, s’ignorant, programmés pour servir les intérêts des autres qui, eux-mêmes, s’ignorent. Chacun de vous, dit-elle, doit étouffer son orgueil pour ne pas compliquer davantage la situation plus qu’elle ne l’est ».

Cependant, elle a invité les orphelins à l’union et à la solidarité et à « se carapacer de courage pour surmonter les difficultés ». Car sa foi : « L’avenir d’un enfant est intimement lié à sa capacité à se plier aux exigences de son environnement et de son temps ». Amsétou, l’espoir de ces orphelins, leur carapace, leur protectrice ne sera pas épargné par les coups de l’oncle et de sa femme qui la traiteront de tous les noms jusqu’à la pousser à s’en aller.

Livrés à eux-mêmes et à la portée de leur oncle, l’on découvre que le Dieu de justice existe pour les enfants adultérins. En tout cas, la justice est bien présente dans l’œuvre d’Adama Bayala confirmant l’assertion qui dit « que Dieu ne porte sur la tête d’une personne donnée, qu’un fardeau qu’elle peut supporter ».


L’orphelin Piripa va s’en sortir de toutes les tentatives d’assassinat de son oncle et arriver à s’intégrer dans l’armée nationale et prendre le dessus sur son oncle. Mais le pauvre garçon va perdre sa petite sœur Anick, violée et assassinée.

Le roman prend fin plusieurs années après, par une image du jeune officier Piripa débout pointant une arme sur son bourreau de oncle couché, désarmé et diminué implorant la clémence de son neveu. « Mon fils, pardon. Pardonne-moi. Fais-en sorte de ne pas marcher dans mes pas. Surtout que le malheur qui me guette et m’arrivera assurément ne passe pas par tes mains ».

En ces instants précis, l’esprit du jeune officier est « disputé par sa soif démentielle de vengeance et son inclinaison naturelle pour le respect des droits humains et la justice, il ne savait plus quoi faire ».

L’auteur Adama Bayala nous relate que le jeune Piripa « ne voulait pas être à l’origine de la déchéance d’un être humain, aussi insignifiant soit-il. Surtout, il en avait assez du drame familial, perlé par les décès en cascades ».

Captivant l’attention de ces lecteurs, pressé de savoir comment l’histoire se termine, Adama Bayala signe l’épilogue de son roman par ces mots « Réduit à cet exercice, débout au milieu de la pièce, le jeune officier semblait ankylosé, telle une momie (…) ».

Adama Bayala refuse sans doute, de salir les mains de son personnage héroïque, du sang de son oncle et bourreau, faisant sienne cette assertion qui veut que l’on ne soit pas la personne par qui la déchéance et la mort même de notre ennemi, soit actée.

Par cette fin, Adama Bayala élève son personnage principal Piripa, symbole de tous les enfants adultérins, orphelins et enfants de la rue, au rang d’homme de grand cœur sachant pardonner et se confirme lui-même dans le panthéon des grands écrivains humanistes.

Par cet épilogue, Adama Bayala invite les Burkinabè et les Africains à ne pas tirer sur des hommes déjà à terre, fussent-ils nos bourreaux ou ennemis mais à panser plutôt les plaies des victimes de ces derniers.

WUROTEDA Ibrahima SANOU

Journaliste-agencier

Agence d’information du Burkina (AIB)

Ouagadougou, 1er avril 2022

 

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