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SNC Bobo 2023 : « Il faut écrire sur les préoccupations des lecteurs afin de les motiver à ouvrir un livre » (écrivain Hamidou Zonga)
Bobo-Dioulasso, 18 mai 2023 (AIB)-L’une des activités de la 20è édition de la semaine nationale de culture (SNC) Bobo 2023 était l’exposition littéraire. Parmi les exposants, le jeune écrivain Hamidou Zonga auteur de cinq livres sur des thématiques d’actualité. Au micro de l’AIB, il estime qu’un écrivain doit « écrire sur les préoccupations des lecteurs afin de les motiver à ouvrir un livre ». Entretien.
Agence d’information du Burkina (AIB) : Pouvez-vous nous présenter vos livres qui sont exposés à l’occasion de la 20è édition de la semaine nationale de la culture (SNC) Bobo 2023 ?
L’écrivain Hamidou Zonga :
Ici, nous avons tous nos 5 livres en exposition dont le premier »Foubé ou la croisade des femmes » qui traite de la question du terrorisme au Burkina Faso. Le livre met en lumière les tristes réalités des personnes déplacées internes.
C’est un livre que nous avons écrit après une incursion dans les quatre régions les plus frappées par le terrorisme qui sont le Sahel, le Centre Nord, le Nord et la Boucle du Mouhoun.
Le deuxième livre c’est »Crypto-monnaies : devenez riche maintenant ou demeurez pauvre à jamais ». C’est un livre qui traite de la technologie blockchain, la nouvelle technologie de web 3. Ce livre partage l’information aux populations afin qu’ils comprennent les opportunités liées à ce secteur.
Il vise aussi à casser le mythe derrière le bitcoin, les crypto-monnaies parce que beaucoup de personnes ont mis dans leur tête qu’il s’agit d’un système d’anarque, d’escroquerie.
Nous avons fait un travail de recherche pendant quatre années depuis 2017 et nous avons capitalisé toutes les informations recueillies que nous avons mis dans un livre pour mieux informer le public afin de le secouer et le faire prendre conscience de l’importance de s’adapter à l’évolution du monde.
Le troisième livre, c’est »Le miroir » qui est un livre qui traite de la condition sociale et politique de la femme dans la société burkinabè en particulier et africaine en général.
C’est un livre qui ouvre une fenêtre sur l’éducation des enfants, l’orientation des jeunes filles en milieu scolaire. Pour les femmes qui travaillent, le livre explique comment concilier vie de couple et carrière professionnelle pour être plus épanouie dans le couple et équilibrer sa vie.
Dans ce même livre, nous parlons de l’engagement citoyen et responsable des jeunes pour la construction d’une nation libre et prospère. Nous mettons l’accent sur l’importance de la révision de notre système éducatif pour l’adapter aux besoins réels du marché.
C’est à dire former des compétences plutôt que de mettre l’accent sur des théoriciens qui viennent rallonger encore la chaine de ceux qui se plaignent notamment les chômeurs.
Le quatrième livre intitulé »la tragédie de l’or » met en lumière la politique d’exploitation de nos richesses naturelles notamment l’or, le zinc, tout le minerai.
Le livre soulève les différentes préoccupations que vivent les populations locales qui sont directement concernées par l’exploitation industrielle et artisanale de l’or.
Le livre soulève les différentes préoccupations liées au non respect des cahiers de charges par des sociétés minières ici au Burkina Faso qui ne font qu’étendre leurs exploitations minières sur les terres cultivables des populations locales sans répondre aux préoccupations de ces derniers.
Dans ce livre également, il y a des pistes de solutions que nous proposons afin de travailler à ce que l’or puisse briller pour tout le monde. Le livre »La tragédie de l’or » est en quelque sorte un hommage que nous rendons aux 8 victimes de la mine de Perkoa.
C’est un livre que nous avons écrit pour emmener chaque Burkinabè, chaque citoyen à prendre conscience de l’importance de développer les initiatives, les compétences en vue de créer beaucoup plus de richesses pour tout le monde.
Le cinquième livre est intitulé »Le spectacle du mensonge » qui parle de la situation foncière au Burkina Faso. Le foncier est la bombe qui va secouer le Burkina Faso si l’on n’y prend pas garde et nous avons fait un travail de recherche là-dessus.
Nous avons capitalisé les données que nous avons recueilli, sous forme de roman pour interpeller les uns et les autres à prendre conscience, à préserver nos terres parce qu’ici, nous voyons qu’il y a des individus et des politiques qui s’érigent en promoteurs immobiliers pour brader les terres des villageois contre leurs volontés en toute illégalité pour se faire de l’argent.
On ne peut pas parler des terres sans parler de tradition, donc on aborde aussi les traditions pour emmener chaque citoyen, chaque africain à comprendre l’importance de se reconnecter à la source mère pour bénéficier des faveurs des entités supérieures parce qu’il faut savoir d’ou l’on vient pour savoir où l’on va.
AIB : Comment se porte aujourd’hui le livre sur le marché de la vente burkinabè et africain ?
L’écrivain Hamidou Zonga : Je peux dire que les livres se portent très bien. Après la sortie de mon premier livre, ça été un franc succès, un best seller pour moi. La SNC est une vitrine pour nous de vendre nos œuvres. Il faut être honnête, au début ce n’est pas facile, le marché est très lent mais il faut rester positif. Ici à la SNC, jusqu’à présent ce sont quelques titres qui sortent mais nous avons fort espoir que d’ici la fin, les gens viendront faire les achats.
AIB : Quels sont aujourd’hui les défis qui se présentent à vous ?
L’écrivain Hamidou Zonga :
Le défi majeur, c’est d’emmener les gens à s’intéresser à la lecture pour cela, il faut écrire les choses qui les interresse et qui les motive à ouvrir un livre. Le numérique joue un grand rôle aujourd’hui mais il ne pourra pas mettre le livre en berne.
A mon niveau, je ne vois pas trop de difficultés. J’ai tout une stratégie de travail, aussi ce que beaucoup perçoivent comme des difficultés, pour moi ce sont des opportunités parce que j’arrive à m’adapter à tous les milieux.
AIB : Quelle est votre stratégie pour la vente de vos œuvres ?
L’écrivain Hamidou Zonga : Moi je ne mets pas de barrière entre ma personne en tant qu’écrivain et mes lecteurs ni mon public. Nous avons connu des écrivains d’une certaine catégorie qui sont des bureaucrates, qui préfèrent rester entre quatre murs, mystifier leur propre personne afin de mettre les autres dans le flou, moi je casse le mythe.
J’ai une équipe de 12 commerciaux qui travaillent avec moi mais quand quelqu’un a besoin d’un livre, je préfère moi-même aller le rencontrer, dédicacer le livre, encourager le client et l’emmener à inviter d’autres personnes à faire comme lui. C’est ce qui fait ma différence.
Il faut toujours mettre le brin d’humanisme entre nous, le brin d’harmonie entre nous et c’est ça qui fait peut-être mon originalité. Et c’est cela qui fait que beaucoup de personnes quand ils entendent Zonga, ils ont envie de venir me rencontrer pour ne serais ce que discuter mais personne ne peut discuter avec moi sans repartir avec un livre acheté.
Agence d’information du Burkina
Entretien réalisé par
Wurotèda Ibrahima SANOU depuis Bobo-Dioulasso