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Tégawendé Ouédraogo, le mécanicien aveugle qui force l’admiration à Yako

Yako (AIB)- Malgré son handicap visuel, le jeune Tégawendé Ouédraogo parvient à exercer le métier de réparation d’engins à deux roues. Installé au secteur 4 de Yako, son savoir-faire et son courage suscite la curiosité pour les des passants et propriétaires d’engins à deux roues. Nous sommes allés à sa rencontre le mercredi 26 mai 2021.

Tégawendé Ouédraogo a perdu la vue mais ni son cerveau ni sa dextérité, encore moins son courage. En effet, il a su vaincre son handicap au profit de sa passion qu’est la mécanique. Pour ce faire en ce milieu du mois de main, il s’est installé devant une cour familiale sise au secteur 4 de Yako pour exercer son métier. Pour l’instant, il travaille sans apprentis pour l’aider à identifier les outils, ni un hangar le protégeant contre les rayons ardents du soleil en cette période de canicule au Passoré. Il est environ 9 heures, ce mercredi 26 mai 2021, les clés à la main, Tégawendé est à la tâche. Le jeune aveugle est entrain de dépiécer la moto du Président de l’Association des personnes aveugles et malvoyantes du Passoré(APAMP), Blaise Wibgha, un aveugle par l’entremise de qui Tégawendé est arrivé à Yako. Ce dernier dit être venu pour une révision générale de son engin. A côté de lui,   Adama Rabdo est un client dont la moto a été déjà réparée la veille. Visiblement satisfait de l’œuvre du jeune, M. Rabdo nous  a confié qu’il a été très satisfait de ce que sa moto ait été réparée avec succès par celui-ci et curieusement malgré son état. «Franchement, il est très bon. Et je suis très satisfait de son travail. En tout cas, il n’est pas resté à la maison sous prétexte qu’il est une personne en situation de handicap. Je l’encourage à persévérer dans son travail»  s’est réjoui M. Rabdo.

Agé de 35 ans, le mécanicien explique que son œuvre est l’aboutissement d’une passion pour la mécanique. Une passion qu’il a  nourrie depuis sa tendre enfance, bien avant son handicap qui est intervenu lorsqu’il avait seulement 12 ans. Originaire de la commune rurale de Arbollé à environ 30 km de Yako, chef-lieu de la Province du Passoré, Tégawendé Ouédraogo raconte que  même si ce travail est pour lui, un moyen de vaincre la mendicité, c’est d’abord sa passion qui figure en bonne place en plus du côté lucratif. «J’ai continué d’apprendre la mécanique même en étant aveugle. J’étais avec mon oncle qui est mécanicien à Ouagadougou» raconte-t-il. Pour Tégawendé, ce n’est pas extraordinaire qu’un un aveugle fasse la mécanique d’où sa présence sous le soleil. Toutefois, M. Ouédraogo dit être aussi confronté à certaines difficultés d’ordres financières et matérielles qui ne favorisent pas son autonomie. «Si les bonnes volontés arrivaient à me soutenir, je compte recruter des apprentis aveugles ou non pour m’aider dans le travail. L’un de mes objectifs est de former aussi des jeunes aveugles comme moi afin qu’ils puissent s’autonomiser socialement et financièrement. » a-t-il dit.

Concentré sur son travail, il ne se laisse pas divertir par les passants venus uniquement pour satisfaire leur curiosité. «Par jour, je peux réparer 5 à 10 motos et en numéraire, je peux avoir 5 000 F CFA»dit-il.

Aujourd’hui, le trentenaire est très heureux de faire la mécanique malgré les multiples difficultés liées à son état physique. «Si quelqu’un peut m’aider, qu’il n’hésite pas à le faire. Car je veux un local en plus de renforcer mon matériel de travail» a-t-il souligné.

Zézouma Elie SANOU

(AIB-Passoré)

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