Me Titinga Fréderic Pacéré à jamais une bibliothèque au service de l’humanité, (hommage)

Ouagadougou, 9 nov. 2024(AIB)-Mourir est le destin implacable réservé à tous les êtres vivants, mais graver son passage en ce bas monde, dans les cœurs et les esprits, n’est pas donné à tout le monde ! Merci Titinga Frédéric Pacéré l’a réussi en défendant la veuve et l’orphelin, en luttant pour la paix et la préservation de notre riche patrimoine culturel.

Que d’hommages, d’émotions et de regrets suite au décès, ce 8 novembre 2024, de Maître Frédéric Titinga Pacéré.

Le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, a salué « la mémoire d’un grand défenseur de la culture et des savoirs endogènes » ; « le ciel s’est assombri ce jour » pour le Bâtonnier, Me Batibié Benao ; et une chaîne de messages de compassion et de condoléances se poursuit chaque jour.

Tout cela constitue sans nul doute la marque des grands hommes.

La nouvelle du décès de Me Titinga Frédéric Pacéré s’est répandue tel le vent sec et froid de ce mois d’harmattan, perturbant la quiétude des populations pour rappeler le caractère éphémère de la vie terrestre.

En l’espace de quelques heures, le monde entier a été informé de cette grande disparition, qui a créé une onde de choc émotionnelle, due aux valeurs humaines de cet homme et au vaste patrimoine qu’il lègue à la postérité.

En effet, la vie de cet illustre disparu est une école, un modèle de réussite, de résilience à toute épreuve.

Homme de lettres, de culture, avocat chevronné et combattant infatigable pour la paix, défenseur de la veuve et de l’orphelin, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire cet homme aux multiples casquettes.

Sa vie est une bibliothèque qu’il a constituée avec courage, passion et détermination, à l’image de ce qu’il a toujours exprimé à travers cet adage : « Si la Termitière vit, elle ajoute de la terre à la terre ».

Le moins que l’on puisse dire est qu’il a apporté sa part de terre à l’édification du Burkina, avant de tirer sa révérence.

La quête de connaissances et de savoirs a occupé une bonne partie de son existence, répondant ainsi au proverbe selon lequel « qui veut aller loin, ménage sa monture ».

Ses nombreuses études au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en France ont contribué à forger sa personnalité, sa perception de la vie et ses choix sociopolitiques.

L’homme que le Burkina Faso pleure a embrassé le métier d’avocat qu’il adulait tant, un 8 novembre 1973. Il est décédé à la même date en 2024, plus de 51 ans après.

On peut croire au destin ou non, mais certaines coïncidences invitent à la réflexion.

Titulaire de plusieurs licences en sciences juridiques, en lettres et en sociologie obtenues à l’Université de Rennes en 1972, ainsi que du certificat d’aptitude à la profession d’avocat de cette même université, Titinga Frédéric Pacéré fut le premier bâtonnier du Barreau burkinabè et le fondateur de l’Association Avocat sans Frontières en 1982.

Celui dont le souhait était de défendre l’Afrique contre toutes les formes d’injustice, y compris le racisme qui tendait à faire croire que le Noir n’était pas aussi intelligent que le Blanc, a siégé au Tribunal Pénal International pour le Rwanda, une instance qui a contribué à panser les cœurs suite au génocide qu’a connu ce pays.

« L’Afrique doit retourner à l’Afrique », a-t-il toujours clamé. Il fait partie des fervents défenseurs de la culture africaine et des personnes qui ont travaillé à sa valorisation et à sa pérennisation.

Sa connaissance de la culture moaga et son implication dans la sauvegarde des valeurs endogènes lui ont valu d’être reconnu comme Trésor humain vivant.

« L’Afrique n’est pas gérée par le politique mais par la culture et le culturel » ; « la culture est importante et au-dessus de tout, surtout en Afrique », avait-il l’habitude de dire. D’ailleurs, il militera pour son enseignement dans les universités africaines.

Poète et griot, concepteur du langage des tambours ou bendrélogie, chef traditionnel, fondateur et conservateur du musée de Manéga, Me Pacéré était un véritable ambassadeur de la culture et un dépositaire des traditions de sa communauté.

Poète, écrivain, essayiste, Titinga Frédéric Pacéré est l’auteur de plus d’une cinquantaine d’ouvrages et est considéré comme l’un des chefs de file de la poésie burkinabè.

Ses mérites seront reconnus à l’échelle nationale et internationale. Il est successivement fait membre Honoris Causa de l’Académie des arts, des lettres et des sciences du Languedoc et membre de l’Académie des sciences d’outre-mer en octobre 2009.

Il est lauréat du Grand Prix littéraire d’Afrique noire en 1982 grâce à ses œuvres : Poèmes pour l’Angola et La poésie des griots, et est fait Chevalier de la Légion d’honneur française en 2016.

Il a également reçu la Médaille d’honneur de l’Association des écrivains de langue française (ADELF).

Au niveau national, il est fait Grand Officier de l’Ordre National en 2015 et élevé, le 6 décembre 2022, à la dignité de Grand-Croix de l’Étalon, la plus haute distinction honorifique du Burkina Faso.

Un parcours inspirant qui impose respect et considération ! Chapeau Me Pacéré !

Agence d’information du Burkina

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