Sayouba Soré : «Le métier de lavage d’engins nourrit son homme».

Kaya : Sayouba Soré, un exemple de conciliation entre études et gagne-pain

Kaya, 14 mai 2022 (AIB)-Elève en classe de Terminale D, Sayouba Soré  est contraint par la précarité de laver des engins quand il n’a pas cours, afin de s’occuper de ses petites sœurs et de se payer plus tard, une formation dans une école professionnelle de santé animale.

C’est un élève-laveur d’engins, visiblement fier de son statut que nous avons rencontré à Kaya , en pleine activité.

Sayouba soré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, en tenue scolaire faisait briller en un temps record, les véhicules et motos confiés à son service de lavage  situé à un coin de rue non loin de la grande mosquée de la ville.

A le voir manipuler avec dextérité ses outils de travail, l’on n’imagine pas que le laveur d’engins a embrasé ce métier sans une formation préalable et en seulement 6 mois d’exercice, si l’on s’en tient à ses propos.

Venu prendre sa moto, un client ayant requis l’anonymat apprécie positivement le travail du jeune élève de 23ans. «Je suis satisfait de son dynamisme, car il est rapide et il lave bien» explique-t-il, en précisant qu’il est un client fidèle.

Régulièrement inscrit dans un lycée privé de la place à Kaya, il peine à assurer, non seulement, sa scolarité mais aussi, sa pitance quotidienne.

Entre courage et désespoir, le jeune ambitieux a su dompter la misère pour atterrir tant bien que mal, en classe de terminale D.

Face aux charges familiales combinées à ses frais de scolarité et de ceux de ses deux petites sœurs, le combattant Soré n’a eu d’autres choix que de se lancer dans une Activité génératrice de revenus (AGR).

L’élève a du se vendre ses chèvres pour se procurer cette machine d’occasion.

D’abord dans le domaine de la maçonnerie comme apprenti, avec son peu de connaissance dans ledit métier, il décroche, occasionnellement, de petits marchés qui lui ont permis  tant bien que mal de subvenir à ses besoins quotidiens.

«J’ai eu l’idée de créer mon propre lieu de lavage d’engins, en octobre 2021, lorsque M. Sakandé, laveur d’engins chez qui j’exerçais le métier à mes temps libres moyennant une rémunération de 500 francs CFA par jour, m’a confié avoir des difficultés de gestion de ses deux sites de lavage d’engins et a décidé de me vendre son coin à 300 mille francs CFA» , explique le prétendant au baccalauréat 2022.

«J’ai déjà payé 250 milles et le reste sera payé au moment des vacances», ajoute-t-il en  précisant que pour ouvrir son atelier de lavage d’engins roulant, il a sacrifié ses petits ruminants.

«Je nourrissais de la passion pour ce métier. J’ai dû vendre mes chèvres au village pour m’acheter cette machine d’occasion, la barrique et le petit matériel », dit-il.

Selon lui, l’activité de lavage d’engin nourrit son homme, en ce sens que la position stratégique de son entreprise, sise à proximité de la grande mosquée de Kaya, lui permet de faire beaucoup de bénéfices, surtout le jour de vendredi, où les fidèles musulmans confient leurs engins pour lavage.

«Grâce à ce métier, j’ai pu négocier la place et payer les frais de scolarité de mes petites sœurs en classes de 6e et 5e. En accord avec l’économe de mon lycée, je paie à tempérament ma scolarité», lance-t-il tout fier.

Soré compte poursuivre ses études dans une école professionnelle de santé animale.

Sur une scolarité de 80 milles francs CFA, il a déjà soldé 72 500 francs et il lui reste 7 500 francs comme frais impayés. Un reliquat qu’il rassure soldé les jours à venir.

Pour faire face à ces charges, Sayouba Soré a eu l’intelligence de souscrire à une épargne journalière au frais de 2 000 francs CFA, grâce à laquelle il avoue faire d’importantes économies.

Il assure que ce métier ne saurait nuire à sa scolarité et promet d’ailleurs de fêter bientôt son admission au Baccalauréat série D.

Au-delà des congés, il dit se consacrer à ce travail les après-midi des vendredis et les weekends, où il n’a pas classe.

Sayouba dit être appuyé dans son activité par un apprenti qui n’est pas régulier.

L’élève a du se vendre ses chèvres pour se procurer cette machine d’occasion.

Après l’obtention de son diplôme, le futur entrepreneur compte poursuivre dans une école professionnelle de santé animale, après son rêve brisé par de nombreux échecs aux recrutements militaires.

«Avec mes économies, je compte m’inscrire dans une école privée de Kaya tout en continuant le métier de laveur d’engins», déclare-t-il. Comme perspectives Sayouba Soré compte ouvrir deux autres sites de lavage d’engins dans la ville, afin d’étendre son travail.

«J’ai déjà pris attache avec un commerçant de la place pour acquérir une machine à laver et du matériel payable par tranche pour ouvrir un deuxième atelier. Un élève déplacé interne est déjà disposé à m’accompagner dans cette nouvelle aventure», fait savoir M. Soré.

Natif de Tampelga-Yarcé, commune de Kaya, province du Sanmatenga, Sayouba Soré est parti du village avec un certificat d’études primaires (CEP) en poche, il débute son premier cycle à Tenkodogo, chef-lieu de la région du Centre-Est, auprès de son oncle, avant de revenir poursuivre en classe de 4e auprès de ses géniteurs.

Il s’installe alors à Kaya, seul dans la cour d’un de ses oncles pour poursuivre ses études dans un lycée privé de la place.

Sayouba éprouve des difficultés pour assurer, non seulement, sa scolarité, mais aussi, subvenir à ses besoins quotidiens et à ceux de sa famille qui vit dans la précarité.

Malgré tout, le candidat au Bac D espère aller jusqu’au bout de ses rêves de devenir un agent en santé animale.

Agence d’information du Burkina

Augustin Irwaya OUEDRAOGO

AIB/Sanmatenga

 

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