Burkina/Putsch 2015: Me Adrien Nion invite le Tribunal à choisir entre deux témoignages
Ouagadougou, 25 Janvier 2019 (AIB) – Me Adrien Nion, avocat de l’Adjudant Jean Florent Nion a invité mercredi, le président du Tribunal à choisir entre le témoignage de son client et celui du sergent-chef Koussoubé qu’il juge «peu crédible».
L’adjudant-chef major Eloi Badiel et l’adjudant Jean Florent Nion qui ont pris une part active à l’exécution du putsch de septembre 2015, ont affirmé que c’est le sergent-chef Roger Koussoubé dit «le Touareg», qui leur a porté l’information du général Diendéré qui demandait de perpétuer un coup d’Etat.
Le sergent-chef Roger Koussoubé dit «le Touareg» a qualifié ces informations de fausse.
«M. le président, vous aurez le choix entre le témoignage de Badiel et de Nion qui ont décidé de s’assumer et celui de Koussoubé qui est peu crédible», a affirmé mercredi Me Adrien Nion.
Selon lui, ses clients «ont reconnu qu’ils ont posé des actes qu’il ne fallait pas et qu’ils se sont trompés».
Quant à Koussoubé, il a estimé qu’il est la pièce maitresse du putsch car il n’a pas condamné mais s’est plutôt rendu à la radio Savane FM où il a récupéré du matériel.
«Cette affaire de curiosité qu’il (Koussoubé) a évoqué pour se rendre à la radio Savane FM, c’est de la poudre aux yeux», a-t-il affirmé.
Me Adrien Nion a demandé à l’accusé pourquoi, depuis 2000, qu’il est à Ouagadougou, il a fallu qu’il attende le 18 septembre 2015 pendant le putsch pour aller au siège de la radio Savane par curiosité ?
«Je vous respecte beaucoup mais je ne vais jamais vous répondre», a affirmé l’accusé à l’avocat.
«Etes-vous en train de monnayer votre témoignage pour de l’argent (en l’occurrence celui du général Diendéré) ?», a de nouveau demandé l’avocat.
Cette question comme tant d’autres ne recevront aucune réponse de la part de l’accusé mais vont plutôt déplaire à ce dernier.
Prenant la parole, le sergent-chef Roger Koussoubé a estimé que comme l’adjudant Jean Florent Nion et son avocat veulent «le charger, le calomnier et le détruire» lui à son tour, va faire des révélations sur son co-accusé.
« Lorsqu’ils (Badiel et Nion) parlent de dignité, c’est des histoires. Leurs avocats ne les connaissent pas, moi si. Badiel n’a pas assez de problème, il se laisse juste manipuler par Nion. Nion peut tuer quelqu’un à cause de l’argent», a affirmé le sergent-chef Roger Koussoubé.
Il a expliqué qu’après le départ de Blaise Compaoré en exil, la garde de ses effets personnels avait été confiée à l’adjudant Nion et au sergent-chef Adama Diallo par le major Badiel.
« Cette nuit-là, ils n’ont pas dormi. Ils ont fouillé les affaires là comme pas possible. Ils ont oublié qu’il y avait des caméras de surveillance. Il y a même une voiture Mercedes qu’utilisait la première dame qui s’est retrouvé chez Nion», a déclaré le Touareg à l’endroit de son ancien collègue de l’ex-Régiment de sécurité présidentiel (RSP).
Le sergent-chef Roger Koussoubé a aussi affirmé que depuis son arrivée au RSP en 1998, jusqu’à la dissolution du corps en 2015, il n’a jamais eu de contact avec le général Diendéré.
«Je n’ai même pas son numéro. Si j’avais travaillé avec lui, ce serait même une fierté pour moi. Et je le dirai fort, mais hélas je n’ai pas eu cette chance», a-t-il affirmé.
Pour l’avocat du sergent-chef Koussoubé, Me Alexandre Sandwidi, il n’y a aucun élément qui prouve que son client a été un envoyé du général Diendéré auprès de l’adjudant-chef major Eloi Badiel et de l’adjudant Jean Florent Nion.
«Cette histoire de messager est une science-fiction», a-t-il affirmé.
Son interrogatoire a été suivi par celui du Caporal Da Sami.
Agence d’information du Burkina
Wurotèda Ibrahima SANOU
Photo d’illustration