Burkina-Insécurité-Manifestations

Burkina/Centre-Nord : Des populations dénoncent la dégradation continue de la sécurité

Kaya, 26 juin 2021 (AIB) – des populations de la province du Sanmatenga (Centre-Nord), composées majoritairement de veuves déplacées internes et de femmes des Forces de défense et de sécurité (FDS),  ont battu, ce samedi, le pavé pour protester contre la dégradation continue de la sécurité dans leur localité.

 

Il est 7h41mn, ce samedi 26 juin 2021. Le soleil commence à distiller ses rayons sur le rond-point de la femme de Kaya, situé au Nord-Ouest de la ville, sur l’axe Kaya-Kongoussi.

Des manifestants envahissent à compte-gouttes le point de départ de la marche pacifique. Musique en soutien aux FDS et slogans de mécontentement sur la gestion de la crise sécuritaire mobilisent davantage des participants.

«Depuis 2015, nous sommes dans l’insécurité totale», «Nous voulons des mesures urgentes tout de suite et maintenant», «Nous ne comprenons pas. Où sont nos drones et avions», «Nous ne voulons plus de pas bloqués des commandos lors des 11-Décembres», «Nous sommes des morts ambulants», «La situation s’empire !»,  scandent, entre autres, les «batteurs de pavé».

Il est 8h 04mn. Ils prennent la direction du gouvernorat du Centre-Nord. Balais, seaux et paniers vides en main, des femmes, majoritairement des veuves et orphelins déplacés internes et des épouses des FDS, prennent la tête du peleton.

Deux banderoles comportant des écriteaux : «Il est temps de trouver une stratégie, les forces étrangères hors de notre pays» et «La sécurité est un droit, nous y attachons un prix», un t-shirt jaune portant : «ça suffit !», une pancarte portant : «Douniyaa sougri. Le fromager a l’ombre, mais c’est dur pour nous. Mon président quelle est la solution ?» et un drapeau national sont brandis par les marcheurs pour exprimer leur ras-le-bol.

Sur un circuit fermé d’environ 2,5 km, ils marquent des arrêts au rond-point Naaba Oubri et devant la gendarmerie nationale.  Devant les locaux des pandores, ils ont observé une minute de silence et entonné l’hymne national en mémoire des victimes des attaques terroristes (FDS, VDP et civils).

«Si nous sommes stationnés ici, c’est pour dire que nous sommes derrière nos FDS. Tous nos encouragements envers eux», déclare un leader de l’Appel de Kaya, structure initiatrice de la marche.

A la place du gouvernorat, les manifestants ont procédé à la lecture de leur lettre avant sa remise au représentant régional du Président du Faso, le gouverneur du Centre-Nord, Casimir Séguéda.

Mais, avant cet acte majeur, ils ont bissé une minute de silence, l’hymne national et des slogans : «La patrie ou la mort !» pour témoigner leurs condoléances et compassions aux familles des victimes des attaques terroristes.

A écouter le porte-parole de «L’appel de Kaya», Joseph Claver Zongo, cette marche-meeting a pour objectif de dénoncer l’insécurité grandissante et inquiétante dans la région, afin d’interpeller les autorités face à leur responsabilité.

«La  gestion chaotique et par tâtonnement de la situation sécuritaire a fini par convaincre les populations que la situation ne  semble pas préoccuper nos autorités au même titre que la population sinon comment comprendre que nos  FDS et  nos VDP se plaignent toujours  de sous équipements pendant que le budget de l’Armée  connait une augmentation ?», s’est-il interrogé.

Les manifestants ont aussi fustigé la présence des forces étrangères sur le sol burkinabè. «A quoi sert la présence des bases militaires étrangères françaises dans notre pays, installées sous le prétexte vertueux de la lutte contre le terrorisme, alors que le phénomène ne prend que de l’ampleur et ceci malgré leur présence ?»,  s’est questionné M. Zongo, devant les autorités régionales.

Il dit aussi ne pas cerner l’utilité des moyens logistiques et armements exhibés lors des célébrations du 11 Décembre  si ceux-ci ne peuvent pas être utiles à des moments opportuns.

«Pendant que les FDS et VDP pleurent de manque de matériels de guerre, chaque jour qui passe emporte son lot de révélations sur la gabegie, les détournements de deniers publics, la corruption, etc. Pendant que le peuple croupit dans la misère et l’insécurité, les autorités ne trouvent pas mieux à faire que de piller les caisses de l’Etat et d’organiser des grands fora festifs», s’alarme M. Zongo.

Après avoir reçu le message, le gouverneur Séguéda a salué la maturité des manifestants pour leur marche-meeting pacifique. Il a promis de transmettre à qui droit. «La situation nous préoccupe tous. Ce que nous pouvons faire au niveau régional, nous allons le faire», a-t-il déclaré.

Des épouses des FDS ne se sont pas fait compter lors de cette manifestation, afin de soutenir leurs époux qui sont sur les champs de bataille.

«Nous voulons que le gouvernement dotent nos maris des blindés, des détecteurs des mines, des armes lourdes car, nous ne voulons plus jamais que les avions partent transporter leurs corps sans vie. Ces mêmes avions pouvaient combattre pour aider nos FDS en cas attaques», souhaite la représentante des épouses des FDS, Aguiratou Sawadogo, avec une goutte de larmes qui la trahit.

La représentante des femmes déplacées internes, Bibata Simporé, quant à elle, dit avoir regretté de porter son choix sur le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré et du parti au pouvoir (MPP), lors des élections présidentielle et législative de 2020. «Les terroristes ont tué tous nos enfants comme si le pays n’a un Président. Chaque jour, nous coulons des larmes à cause de tuerie de nos enfants. Je suis fatigué de pleurer. Nous voulons que vous envoyez les Officiers supérieurs de l’Armée sur le terrain»,  supplie-t-elle, sous forte émotion.

Le président de «L’Appel de Kaya», Boukarie Ouédraogo, alias Katalan, soulignent que les populations resteront mobiliser jusqu’au 3 juillet prochain pour la grande manifestation nationale.

La marche de ce samedi s’est déroulée au lendemain de l’inhumation de 11 policiers tombés, les armes à la main, dans la zone de Guienbila, sur l’axe Barsalogho-Foubé.

Agence d’information du Burkina

Abdoul Razak Emil SEGDA

 

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