Burkina-Université-Théâtre-Thèse-Soutenance

Burkina/Arts : Dre Nongzanga Joséline Yaméogo appelle à sauver le théâtre de la participation des «envahisseurs»

Ouagadougou, 23 sept. 2021(AIB)-Pour l’obtention de ses deux doctorats délivrés simultanément par l’université Pr Joseph Ki-Zerbo du Burkina et l’université Franche Comté de Besançon en France, Nongzanga Joséline Yaméogo a mené des recherches fournies sur les conditions d’efficacité des théâtres forum et communautaire, mais s’est également penchée sur les «envahisseurs» qui mettent en péril, ce théâtre d’intervention sociale.

Le mardi 21 septembre 2021, la doctorante Nongzanga Joséline Yaméogo a soutenu en présentiel et par vidéo-conférence respectivement à l’université Franche Comté de Besançon en France et à l’université Pr Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou au Burkina Faso.

«Esthétique et pragmatique dans la communication théâtrale : modélisation des spectacles des théâtres forum et communautaire du Burkina Faso de 2008 à 2020».

C’est le thème qui a été soumis à l’appréciation des jurys burkinabè et français, forts de huit personnes.

L’on retiendra que le théâtre forum a été créé au Burkina Faso par le Pr Prosper Kompaoré dans les années 80, aux lendemains de la grave sécheresse qui a frappé le Sahel.

C’est tout naturellement que Nongzanga Joséline Yaméogo a concentré ses recherches sur l’Atelier Théâtre du Burkina (A.T.B.) de M. Prosper Kompaoré et sur Bienvenue Théâtre du Bazèga (B.T.B.) de M. Mahamadi Bonkoungou.

Elle a expliqué que dans le cadre du théâtre forum, les animateurs de ces compagnies recensent d’abord les défis et les préoccupations des populations de leurs zones d’intervention (immersion anthropologique), les scénarisent ensuite avant de les diffuser auprès du public (écoles, marchés, dispensaires, arbre à palabre).

Après les représentations, il y a des moments d’échanges très instructifs entre les comédiens, les commanditaires de la pièce et le public afin de dégager des solutions aux problèmes soulevés.

Le théâtre communautaire, quant à lui, procède, d’abord par un diagnostic théâtralisé des problématiques sociales suivi de l’écriture d’une fable et de sa mise en scène ; puis d’une représentation des meilleures séquences lors d’une séance de restitution générale.

Les représentations sont des moments où les différentes catégories de la communauté s’engagent à se départir des comportements préjudiciables au développement local et interpellent les autorités compétentes présentes à la cérémonie de les aider dans la matérialisation des résolutions.

 

D’ailleurs, c’est cette force de persuasion des théâtres forum et communautaire et leur capacité à pouvoir changer le comportement d’un individu après un spectacle, qui a été en 2008, à l’origine de la passion de Mme Yaméogo.

Nongzanga Joséline Yaméogo a dépeint dans son travail, le professionnalisme et le dévouement de l’A.T.B., de B.T.B. et de bien d’autres compagnies théâtrales dans le développement de ce noble art.

Toutefois, elle a déploré ces publicitaires qui sont entrain de dévoyer le théâtre de la participation en faisant recours à des célébrités, à des animateurs et à des comédiens (des envahisseurs) qui savent mimer mais qui ignorent presque tout des enjeux et des missions de ce théâtre d’intervention sociale.

De son avis, cette pratique risque de jeter à la rue, des comédiens professionnels ou contraindre des compagnies théâtrales à baisser définitivement les rideaux.

La codirectrice de thèse Christine Douxami, Maitresse de Conférences Habilitée à Diriger les Recherches à l’université de Franche Comté, a salué les efforts de rédaction de son étudiante qui ont permis de mettre en exergue selon elle, une forme de «guérison collective des maux de la communauté».

Pour le co-directeur, le professeur titulaire de sémiotique à l’université Joseph Ki-Zerbo, Joseph Paré, le théâtre de la participation permet aux populations de participer à leur propre développement en s’interrogeant sur leurs propres réalités.

Le président du jury, le professeur titulaire de sémiotique à l’université Joseph Ki-Zerbo, Yves Dakouo, a relevé entre autres, l’étendue du corpus qui pouvait être scindé en deux en vue de recherches ultérieures, les perspectives relativement faibles et la nécessité de lier le théâtre de la participation à l’art africain qui est de son avis, esthétique et utilitaire.

M. Yves Dakouo a également salué l’originalité du sujet, l’effort de théorisation et de clarifications conceptuelles, le corpus suffisamment représentatif, la dimension temporelle assez importante. Toutes choses qui de son avis, renforcent la crédibilité du sujet et des résultats atteints.

L’enseignant a aussi apprécié la précision méthodologique, l’approche cohérente, le luxe de détails, les intelligentes démonstrations, la mise en relief des impacts des théâtres forum et communautaire et surtout  la variété, la diversité et la représentativité des acteurs du domaine.

Les autres membres du jury ont également eu des appréciations élogieuses à l’endroit de Nongzanga Joséline Yaméogo.

Elle a donc été déclarée «avec mention très honorable», digne du grade de docteure des Universités de Franche Comté de Besançon et Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou.

Agence d’information du Burkina

Tilado Apollinaire ABGA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire