Sahel: Des experts montrent la voie à suivre dans la lutte contre le Néocolonialisme et pour une véritable souveraineté
Ouagadougou, 10 fév. 2024 (AIB)- Des experts ont donné samedi, des idées sur les plans politiques, économiques, culturel et sanitaire devant permettre aux États du Sahel de lutter contre le Néocolonialisme et d’atteindre une véritable souveraineté, a constaté l’AIB.
Placée sous le thème : « la lutte pour la souveraineté de nos Etats face au néocolonialisme: état des lieux aujourd’hui au Burkina Faso », cette table ronde a été conduite par des experts accrédités dans plusieurs domaines.
Pour le premier intervenant, le chercheur en science politique, Pepin Ollo Hien, le néocolonialisme est la conséquence de la colonisation ou la continuation de la colonisation par d’autres moyens.
M. Hien ajoute que c’est le principe d’égalité qui régit les relations entre les Etats et que c’est cette égalité que certains Etats refusent d’accorder à d’autres.
« La France refuse de revoir les accords qu’elle a avec nous parce qu’elle ne veut pas traiter d’égale à égale avec nos Etats », poursuit-il.
Il ajoute que d’ailleurs l’indépendance a été octroyée dans l’amitié avec la France, laquelle amitié qui n’est rien d’autre que l’exploitation des ex-colonies.
Les défis à relever pour un développement endogène selon le chercheur en science politique, est donc la rupture historique, c’est à dire, qu’il faut « rompre avec tous les liens qui nous maintiennent dans une situation de domination comme les accords que nous avons signés avec le colon ».
Selon lui, cette rupture nous permettra d’avoir une autonomie de gestion politique et économique et ça permettra de mieux responsabiliser la population parce que désormais le peuple devra compter sur lui-même.
« Le développement endogène suppose aussi une mobilisation populaire à tous les niveaux et un leadership de qualité. Car sans un leadership de qualité, il est difficile que nous puissions gagner le combat pour la souveraineté vraie, contre l’impérialisme », a-il poursuivi.
Il a noté également qu’ils attendent de la Russie et en général des BRICS, d’entretenir un partenariat qui permette d’accéder d’une part à la technologie de pointe qui va permettre de pouvoir exploiter les ressources convenablement et d’autre part, d’acquérir les moyens logistiques de combat nécessaires pour pouvoir mettre fin au terrorisme.
Quant au chroniqueur médias et analyste politique, Hassane Bationo, il a souligné que « la souveraineté réside dans notre capacité de vendre à qui nous voulons, tout ce que nous avons, de faire ce que nous voulons pour vue que cela soit productif pour nos nations et pour nos peuples. « Pour M. Bationo, l’idéologie est un socle pour le développement.
« Tant que nous ne savons pas ce que nous voulons, d’où nous venons et où nous voulons aller, il est difficile de pouvoir se frayer un chemin », a-t-il indiqué.
L’ingénieur en Génie civil, Bertrand Yoda, a entretenu les participants sur la souveraineté en matière économique.
Pour lui, la banque mondiale, les programmes d’ajustement structurel ont détruit le tissu économique africain et ont rendu le Burkina Faso et les autres pays du Sahel pauvres et très endettés.
« Après avoir été pendant longtemps classés parmi les pays les plus pauvres, la FMI évoque une croissance économique élevée des pays du Sahel qui vont passer de 5% à 7 ou 8% après que nos présidents aient entrepris des actions pour un développement endogène », a-t-il indiqué.
Le consultant en développement local, Seni Camille Y, évoquant le volet culturel, a invité les Burkinabè à revenir à leurs bases , à leurs racines.
« La culture reste notre valeur profonde qui malheureusement a subi de plein fouet une dégradation, sinon un bafouement du colonisateur à travers des valeurs imposées dites dogmatiques telles que les religions», a-t-il poursuivi.
Ces dogmes, selon M. Seni, sont des stratégies pour perdre ces populations.
« Selon l’OMS, la santé est un état de bien être complet, de bien-être physique, mental et social », a indiqué l’auditeur comptable Soumaila Cissé pour introduire son intervention sur la souveraineté sanitaire.
Il a rappelé que le corana virus, à peine arrivé, un vaccin a été trouvé avant fin 2020 pendant que depuis des années, on n’avait toujours rien trouver contre le paludisme qui sévit dans nos pays.
Afin de ne plus laisser la gestion de notre Santé entre les mains d’autres personnes, M. Cissé exhorte à mettre l’accent sur une formation de la jeunesse en médecine.
« Selon les données de l’OCDE en matière de médecine, de chimie, de mathématique, et de de physique, la Russie tient la tête. Et la formation y coute moins cher, soit environ 8000 dollars », a-t-il souligné.
Il a également préconisé de promouvoir les échanges entre la médecine moderne et celle alternative pour une souveraineté sanitaire.
Ce panel a été organisé par l’IRCEF-Burkina/BRICS, l’association Bolo Yan et African Initiative.
Pour le président de l’association Bolo Yan, Barry M’baye, ce panel a pour but de sensibiliser la jeunesse à prendre le train de la liberté en marche.
« On a besoin que la jeunesse comprenne sur quoi le pays est engagé et en quoi nous devons assimiler cette souveraineté qui est très importante pour la dignité et le développement du pays ».
Des personnes de toutes les couches sociales ont été invitées à comprendre cette nouvelle initiative comme des étudiants, des commerçants et des professeurs.
Le 27 janvier 2024, l’association African initiative avait déjà organisé un premier panel sur la souveraineté nationale face au néocolonialisme.
Agence d’information du Burkina
AMZ/ata