« Le Tapis d’honneur » de la RTB/Radio

Fatogoma Berthé, le « maitre » qui a dompté ses « esclaves » de Gaoua

Enseignant à la retraite et témoin de l’accession du Burkina Faso à l’indépendance, El Hadj Fatogoma Berthé, était l’invité de l’émission « Le Tapis d’honneur » de la RTB/Radio, le samedi 5 août 2023, à Gaoua. Pendant près de deux heures, l’octogénaire a passé en revue sa carrière d’enseignant, ses souvenirs du 5 août 1960, du 4 août 1983 et des guerres contre le Mali en 1974 et 1985.

 

Née vers 1940 à Samoroguan dans le Kénédougou, enseignant à la retraite et témoin de l’accession à l’indépendance de la Haute Volta, aujourd’hui Burkina Faso, El Hadj Fatogoma Berthé, était en direct sur les antennes de la RTB/Radio depuis Gaoua à l’émission « Tapis d’honneur », le samedi 5 août 2023, jour anniversaire de la fête de l’indépendance du pays. Après avoir écouté son portrait diffusé sur la radio nationale, Fatogoma Berthé a été invité à exécuter une vieille récitation « Ma main » qu’il a apprise il y a 75 ans, avant de se prêter aux questions des journalistes, Sibili Charles Simporé et Jean-Baptiste Bouda. Durant près de deux heures, l’instituteur principal à la retraite est revenu son parcours.

De l’école primaire publique de sa localité où il obtint le Certificat d’étude primaire (CEP), il déposa ses valises au Cours normal de Koudougou où il décrocha le brevet élémentaire. Il va servir ensuite dans plusieurs localités du pays comme Douroula et Boromo (Boucle du Mouhoun), puis Gaoua en 1967. « Lorsque j’ai été affecté à Boromo, je voulais y rester pour construire et fonder ma famille, mais on m’a imposé une permutation », a soutenu l’enseignant à la retraite. A l’époque, dit le vieux Berthé, il y avait des préjugés et stéréotypes sur les habitants de Gaoua. « On me disait qu’ils étaient sauvages », raconte-t-il. Finalement, le « maitre » des lobi-dagara a accepté son affectation dans le seul but de dompter ses « esclaves ».

Tout au long de l’émission, il déclare sa flamme à la ville de ses parents à plaisanterie qui lui a tout donné, tout en affirmant les avoir « domptés ». « Ces gens-là ne construisaient pas à l’époque. Quand je suis arrivé, j’ai construit une maison en banco. Ils ne plantaient pas. Grâce à moi, ils plantent des arbres », se moque-t-il. Cet enseignant infatigable participera à la formation de plusieurs cadres dont la députée à l’Assemblée législative de la transition (ALT), Ini Damien qui a été son élève puis sa collègue. Sur la déperdition du niveau, de la discipline, de la compétence et de la conscience professionnelle à l’école, le vieux a rejeté la faute sur tout le monde à savoir les parents, l’Etat, les enseignants, la société.

« Monsieur 100% »

Surnommé « Monsieur 100% » pour ses résultats chaque année au CEP, l’octogénaire a souligné que la clé de cette réussite est l’amour du métier, l’entente et la cohésion au sein du corps enseignant. A l’époque, alors que les enseignants, en plus de la craie, s’adonnaient au sport et la musique, le doyen Berthé s’est laissé séduire par le théâtre. « J’ai fait le choix du théâtre car il est éducatif. Nous avons joué plusieurs fois à Ouagadougou et même en Côte d’Ivoire », a-t-il soutenu. L’homme de culture a vu naitre la Semaine nationale de la culture (SNC) et a contribué, tout comme ses collègues enseignants, à sa pérennisation.

Il s’est félicité de l’organisation de la biennale de la culture malgré le terrorisme, car selon lui, la culture est ce qui reste quand on a tout perdu. Interrogé sur ses souvenirs du 5 août 1960, du 4 août 1983 et des guerres contre le Mali en 1974 et 1985, El Hadj Fatogoma Berthé, s’est lâché « Rien qu’à entendre le mot indépendance, nous étions un peu soulagés. Un peu soulagé car l’indépendance n’était pas totale. Certains étaient exagérément contents comme si on avait détaché un animal longtemps attaché », a-t-il dit. Sur l’avènement de la révolution en 1983, il se rappelle que c’est en mission à Bobo-Dioulasso, qu’il a appris la nouvelle.

« Quand on a prononcé le mot révolution, nous avions tous peur. Nous nous posions la question, qu’est-ce qui allait se passer ? », a laissé entendre l’invité de « Tapis d’honneur ». Malheureusement, cette révolution s’est terminée de façon dramatique avec la mort du capitaine Thomas Sankara le 15 octobre 1987, a-t-il regretté.  Sur les guerres Mali-Burkina Faso en 1974 et 1985, le vieux trouve que c’était regrettable car ce sont deux pays frères. « Dieu merci on a réussi à imposer la paix », s’est-il réjoui. Egalement, l’émission a abordé des sujets d’actualité, notamment la sécurité, la question des personnes déplacées internes (PDI), la cohésion sociale et le foncier.

Boudayinga J-M THIENON

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!