vue du site d’orpaillage de Nimbrogo.

POLLUTION DES SOLS ET DES EAUX PAR L’ORPAILLAGE

 Orpaillage: La technologie de phytoremédiation, une solution de dépollution à portée de main ! (Annonce)

 Le consortium SNV Organisation Néerlandaise de Développement et World Waternet (WWn) a procédé, le 29 avril 2022, au lancement des activités de la composante 2 du projet Eau, CLE du Développement Durable (ECDD) sur le site d’orpaillage de Nimbrogo dans la province du Nahouri.  A travers la technologie de la phytoremédiation développée par l’Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologies (IRSAT), la composante œuvre à la restauration de la qualité de l’eau et des sols dégradés par les produits chimiques.  Le projet de gestion intégrée des ressources en eau intitulé Eau, CLE du Développement Durable (ECDD) est financé par l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas (EKN) au Burkina Fado à hauteur de plus de 12 millions d’euros soit environ 8 milliards de F CFA.

 

Les activités de la composante 2 du projet Eau, CLE du Développement Durable (ECDD) a officiellement été lancée, le 29 avril 2022 à Nimbrogo, commune rurale de Ziou dans la province du Nahouri. Cette composante consiste à restaurer la qualité de l’eau et des sols grâce à la technologie de phytoremédiation développée par l’Institut de Recherche en Sciences Appliquées et Technologies (IRSAT).

Selon les explications du Dr Martine Diallo/ Koné, chercheure à l’IRSAT et responsable de la mise en œuvre de la phytoremédiation, ladite technique est une technologie de dépollution des sols par l’utilisation des plantes ; Il existe plusieurs espèces de plantes utilisées pour la phytoremédiation et la plante choisie pour l’expérience à Nimbrogo est le Chrysopogon zizanioides, une espace importée du Sud de l’Inde. Le procédé consistera   à planter 2 hectares de cette espèce sur le site à traiter. Ainsi, les racines élimineront les substances nocives des produits chimiques tels que le mercure et le cyanure utilisées par les orpailleurs.

Le Coordonnateur du projet ECDD à WWn, Gislain Anselme Kaboré
(3ème à partir de la gauche)

C’est une technique peu couteuse qui permet de restaurer de grandes surfaces contaminées : « Le Chrysopogon zizanioides s’adapte à des conditions rudes à savoir la sécheresse ou les feux de brousse.  C’est une plante qui a un système racinaire massif et très profond qui permet d’élimer la pollution du sol. Elle a une très bonne action sur les eaux de ruissellement, facilite la fertilisation du sol parce qu’elle y apporte de la matière organique et  facilite l’infiltration des eaux. Elle a beaucoup de vertus », a expliqué Dr Martine Diallo/ Koné.

Pour un meilleur résultat du projet, elle a invité les populations à s’impliquer et à s’approprier cette technologie en l’incluant dans leurs activités de tous les jours.

La population de Nimbogo accueille avec joie et espoir, le projet de restauration des sols dégradés par l’artisanat minier

Conscientes du bien-fondé du projet, les populations de Nimbrogo se sont réjouies de l’initiative. Pour elles, c’est un projet qui vient à point nommé dans la mesure où l’utilisation des produits chimiques commence à avoir déjà des effets négatifs sur la santé animale et certainement sur la santé humaine aussi : « Nous avons accueilli le projet avec joie et fierté. Nous allons travailler avec les responsables du projet pour l’atteinte des objectifs escomptés. » a indiqué le chef de Nimbrogo, Naaba Souriguia.

Le chef de Nimbrogo donnant son quitus pour la mise en œuvre de la phytoremédiation dans son village, Nimbrogo.

Tout comme le chef du village, Karim Songtoa, chef du site d’orpaillage dit accueillir avec joie le choix porté sur le site de Nimbrogo.

«Nous utilisons le cyanure mais nous sommes conscients que ces actes sont interdits. Mais comme nous n’a avons rien à faire, c’est ce travail qui nous permet de nous nourrir et de scolariser nos enfants. Nous avons bien accueilli le projet parce que le cyanure que nous utilisons tue nos propres animaux. Les plantes nous aideront à restaurer l’eau et les sols pour le bonheur de nos frères et sœurs. Nous sommes disposés à travailler avec les acteurs du projet. », a-t- il dit.

ANEEMAS, un soutien à la mise en œuvre de la phytoremédiation

Le projet est techniquement soutenu par l’Agence Nationale d’Encadrement des Exploitations Minières Artisanales et semi-mécanisées (ANEEMAS). Selon son Directeur Général, Jacob Ouédraogo, l’orpaillage a connu des proportions inquiétantes au Burkina Faso ces dernières années.

A l’en croire, plus de 1000 sites d’orpaillage ont été répertoriés au Burkina par les images satellitaires mais 800 ont été enregistrés par les équipes sur le terrain. Plus de 600 sites étaient en activité en 2018.

La Chercheure, Dr Martine Diallo/ Koné, Responsable phytoremédiation à IRSA.

Les études ont démontré que cette activité produit annuellement entre 9,5 et 25 tonnes d’or. Les 9,5 tonnes sont évaluées à 230 milliards de F CFA. C’est une activité qui fait vivre plus de 2 millions de burkinabè et plus d’un million d’acteurs directs de l’artisanat minier. D’où la nécessité d’encadrer le secteur d’une part, et réparer les dégâts causés d’autre part.

«C’est avec beaucoup de satisfaction que nous avons accueilli ce projet.  Une de nos missions est de travailler à restaurer les sites dégradés du fait de l’orpaillage. Jusque-là, notre stratégie était de passer par les reboisements, les plantations d’arbres en hivernage. Aujourd’hui, cette nouvelle technologie qui est développée par l’IRSAT nous permet d’avoir une plante assez résistante qui va faciliter la restauration en élimant les produits chimiques que les orpailleurs et artisans miniers utilisent dans leurs activités. D’ailleurs l’utilisation de ces produits est interdite certes, mais les gens outrepassent la règlementation », a confié le DG de l’ANEEMAS.

Des explications du Coordonnateur du projet à WWn, Gislain Anselme Kaboré, ECDD est financé par l’ambassade des Pays Bas pour une durée de 4 ans soit de 2020 à 2024.   Il a pour objectif global de contribuer à la résilience des populations dans les territoires cibles par l’accroissement des moyens de subsistance et l’accès aux services de l’eau, l’hygiène et l’assainissement et comme impact indirect de contribuer à la gestion durable des ressources en eau et à leur utilisation domestique et productive dans des zones fragiles des bassins versants du Burkina Faso.

NB: Annonce SNV.

Encadré

Nom de l’espèce de plante utilisée

Chrysopogon zizanioïdes

Caractéristique de la plante :

Plante herbacée avec un système racinaire massif et solide

Plante non envahissante : absence de graine ; se reproduit par
bouturage

Résistante aux parasites et aux maladies

Plante tolérante à la sécheresse

Plante pérenne…

Autres utilités de la plante

Participe à la fertilisation du sol

Réduit l’écoulement des eaux

Utilisable comme haite-vive

Participe à la protection des berges…

SNV.

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