Macron veut inscrire l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’UE

 

Paris, France

Le président français Emmanuel Macron a confirmé vendredi sa volonté d’inscrire la « liberté de recourir » à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, où selon lui « plus rien n’est acquis et tout est à défendre ».

« Nous mènerons ce combat sur notre continent, où les forces réactionnaires s’en prennent d’abord et toujours aux droits des femmes avant de s’attaquer ensuite aux droits des minorités, de tous les opprimés, à toutes les libertés », a déclaré le chef de l’Etat lors d’une cérémonie publique à Paris marquant l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution française.

Cet événement organisé le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, fait de la France le premier pays à inscrire l’IVG dans sa loi fondamentale.

Lors de cette cérémonie, à laquelle assistaient de nombreuses figures féministes, le sceau de la République a été formellement apposé sur la loi inscrivant l’IVG dans la Constitution, après le vote historique du Parlement réuni en Congrès lundi.

– « Combat pour la liberté » –

« Le sceau de la République scelle en ce jour un long combat pour la liberté », a lancé Emmanuel Macron, après que le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti eut apposé la lourde presse métallique vieille de plus de 200 ans sur la loi.

La Charte des droits fondamentaux de l’UE, proclamée en décembre 2000, comporte 54 articles consacrant les droits individuels des personnes au sein de l’Union européenne.

Elle a la même valeur juridique que celle des traités et tout citoyen peut s’en prévaloir en cas de non-respect de ces droits par un texte européen.

« Au-delà de l’Europe, nous nous battrons pour que ce droit devienne universel et effectif », a encore affirmé M. Macron.

Parmi les quelques centaines de spectateurs présents place Vendôme à Paris, devant le ministère de la Justice, Cosme Laurizon et Eva Juif, étudiants en droit, se sont félicité de « vivre ce moment en direct ». « C’est historique », glisse à l’AFP la femme de 19 ans.

Beaucoup de curieux et de touristes étrangers prenaient des photos.

Sur l’estrade ont été conviées des personnalités comme l’actrice Catherine Deneuve et Claudine Monteil, toutes deux signataires du « Manifeste des 343 », appel choc en 1971 où 343 femmes avaient révélé s’être fait avorter et qui appelait à la légalisation de l’IVG.

M. Macron souhaitait « une cérémonie populaire » afin de marquer « l’aboutissement de ce combat collectif ». Il a également fait fleurir les tombes de « grandes figures » du féminisme ayant contribué à la révision de la Constitution, dont l’avocate Gisèle Halimi et la femme politique Simone Veil.

Pour les associations féministes, le 8 mars reste d’abord « l’occasion de prendre la rue » pour défendre les droits des « salariées essentielles mal payées », des « premières de corvées » et des « femmes victimes de violences », lance Anne Leclerc, membre du Collectif national pour les droits des femmes.

Les manifestants et manifestantes dénoncent notamment les inégalités salariales. A temps de travail identique, le salaire moyen des femmes reste inférieur de 14,9% car elles travaillent dans des secteurs et à des postes « moins rémunérateurs ».

– Tensions à Paris –

Des personnalités du monde politique et syndical ont participé au défilé à Paris, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes.

Etaient également présentes des militantes de l’association « Nous vivrons », créée après l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre pour dénoncer les violences sexuelles commises par les commandos de l’organisation islamiste, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Ces militantes, encadrées par des hommes masqués, étaient nombreuses à porter un jogging maculé de faux sang « en référence à Naama Levy, une des premières femmes que l’on a vues sur les images de l’attaque » du 7 octobre, selon Julie Arfi membre de l’association.

A leurs slogans « Libérez les otages » ont répondu ceux de « Palestine vaincra » lancés par d’autres manifestants.

Des invectives ont été échangées entre les deux groupes, elles ont brièvement dégénéré en bousculades et échanges de coups de poing entre membres du service d’ordre pro-Israël et pro-Palestiniens.

Les forces de l’ordre sont intervenus pour permettre le départ du cortège des militantes de « Nous vivrons ».

« Quand des groupuscules d’extrême-gauche excluent les femmes juives d’une manifestation pour les droits des femmes, ils ne sont pas féministes, ils sont antisémites ! », a déclaré sur X (anciennement Twitter) Yonathan Arfi, le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).

Avec AFP

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