Dimdolobsom, premier écrivain voltaïque ? : «Il n’y a que Me Pacéré seul qui le dit» (Pr Salaka Sanou)
Ouagadougou, 14 Juin 2019 (AIB)- Pr Salaka Sanou a affirmé que Nazi Boni est le premier écrivain burkinabè, contrairement à Me Titinga Pacéré qui avait désigné Dimdolobsom Ouédraogo.
Pour le Pr Salaka Sanou enseignant-chercheur aux départements de Lettres modernes et de linguistique, sa «démarche» à lui «se veut scientifique» et démontre que Dimdolobsom a écrit des ouvrages «ethnographiques» qui montrent ce qu’est la société moaaga et non des ouvrages «littéraires».
Il s’exprime dans une interview publiée vendredi par le quotidien public Sidwaya.
Le Pr Salaka Sanou a expliqué qu’on ne peut pas parler de la société moaaga si l’on ne parle pas du naam (pouvoir) et précisé que le naam chez les Mosse fait appel aux zabyouya qui sont des devises, qui elles-mêmes sont de la littérature orale.
«Si les ouvrages de Dimdolobsom Ouédraogo étaient uniquement des recueils de devises, on pourrait dire que c’est de la littérature. Mais, il utilise ces devises pour expliquer et permettre de connaitre une société. Donc ce n’est pas de la littérature» a-t-il tranché.
Pour le Pr Sanou, une œuvre littéraire doit être obligatoirement classée dans un genre littéraire à savoir un roman, un recueil de poèmes, un recueil de contes, un recueil de nouvelles ou un texte dramatique, ce qui n’est pas le cas des œuvres de Dimdolobsom Ouédraogo.
Selon le Pr Salaka Sanou, la première œuvre littéraire burkinabè est «Crépuscule des temps anciens» de Nazi Boni, publié en 1962 qui consacre l’auteur comme le premier écrivain burkinabè.
«Nazi Boni, dès 1962 nous invitait à nous intéresser à nos traditions. Dans ce livre, on découvre comment était la tradition des Bwaba, la lutte, la danse, le travail» a-t-il affirmé.
Me Titinga Pacéré qui a travaillé sur les œuvres de Dimdolobsom Ouédraogo pendant des années a déclaré que ce dernier était le premier écrivain burkinabè.
«On est fier de savoir que des voltaïques ont écrit et publié dans les années 1930, mais dans cette fierté, il ne faut pas induire les gens en erreur» a déclaré le Pr Salaka Sanou.
Le Pr Salaka Sanou a publié en 2000 un ouvrage intitulé «La littérature burkinabè : l’histoire, les hommes, les œuvres» et plusieurs autres œuvres les années suivantes sur l’institution littéraire.
«L’institution de la littérature c’est non seulement connaitre les écrivains mais aussi les structures par lesquelles ces écrivains passent pour se faire connaitre telles que l’édition, les instances de récompenses» a-t-il déclaré.
Le Pr Sanou qui part bientôt à la retraite se dit fier de savoir que l’ensemble des étudiants qui sont passés par les départements de Lettres modernes et de linguistique aussi bien à Ouagadougou qu’à Koudougou, connaissent la littérature burkinabè.
A son actif, 13 thèses dirigées ou codirigées au Burkina comme à l’extérieur et la soutenance de cinq à six thèses sous sa direction sont prévues d’ici janvier 2020.
Agence d’Information du Burkina
Wis/ata