Burkina: reconstitution sur les lieux de l’assassinat du père de la Révolution

Une première reconstitution de l’assassinat de Thomas Sankara, le père de la Révolution burkinabè tué lors d’un coup d’État en 1987, a eu lieu jeudi à Ouagadougou en présence des inculpés, dont le général Gilbert Diendéré, et de leurs avocats, a rapporté un journaliste de l’AFP.

La reconstitution s’est déroulée entre 09h00 et 17h00 (GMT et heure locale) au Conseil de l’Entente, le siège du Conseil national de la révolution (CNR), où le président Sankara a été tué avec douze de ses compagnons par un commando le 15 octobre 1987, à 37 ans, lors du putsch qui porta au pouvoir son compagnon d’armes, Blaise Compaoré.

« Le juge d’instruction a jugé qu’il était opportun, au stade actuel de la procédure de faire une reconstitution de faits », a déclaré Me Prosper Farama, un des avocats de la famille Sankara. Elle « vise à corroborer ou faire des confrontations entre les différentes versions. Tout a été reconstitué, le commando, l’attaque, l’arrivée des uns sur les lieux et ce qui s’est passé tel que décrit par les protagonistes en tenant compte de ceux qui étaient là ».

Les inculpés, témoins et des membres des familles des victimes ont assisté à la reconstitution.

« Les survivants ont joué leur rôle de l’époque. Ceux qui sont absents ou décédés se sont vu remplacer par des personnages pour jouer leur rôle, tel que décrit par les témoins oculaires des événements », a expliqué Me Farama. « Les tueries ont été reconstituées, c’était une grande émotion ».

Un véhicule fonce sur le bâtiment Burkina ou se trouvait Sankara et ses compagnons. Un commando surgit, des coups de feu retentissent. Des hommes sortent et s’écroulent devant le bâtiment tandis que d’autres, les mains en l’air, sont conduits à l’écart.

Le général Diendéré, un proche de l’ex-président Compaoré, retrace ensuite ses faits et gestes.

Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, en 1983, Thomas Sankara, parfois qualifié de « Che africain », faisait face à une contestation montante dans le pays en raison de ses choix sans concession, alors que sa dénonciation de l’impérialisme et ses liens avec les dirigeants de la Libye (Mouammar Kadhafi) et du Ghana (John Rawlings) lui valaient de solides inimitiés à l’extérieur.

La mort de Thomas Sankara, devenue une figure panafricaine, a été un sujet tabou pendant les 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré.

Les résultats de l’autopsie indiquent que la dépouille du président Sankara était « criblée de balles ».

Compaoré, soupçonné d’avoir participé au complot par de nombreux Burkinabè, fut renversé lors d’un soulèvement populaire le 31 octobre 2014.

Le général Diendéré avait été inculpé d’attentat, assassinat et recel de cadavre.

Également inculpé d’assassinat, d’attentat et de « recel de cadavre », l’ex-président Blaise Compaoré est visé depuis décembre 2015 par un mandat d’arrêt international.

Une dizaine d’autres personnes, en majorité des anciens soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), ont été inculpées pour les mêmes faits.

(AFP)

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