Burkina/Putsch 2015 : «Les accusés sont de mauvaise foi», (Me Prosper Farama)

Ouagadougou, 11 avril 2019 (AIB) – Me Prosper Farama, avocat des parties civiles a déclaré mercredi au Tribunal militaire de Ouagadougou, que «les accusés (du putsch de septembre 2015), sont de mauvaise foi» et «ne regrettent rien» et qu’«on est en droit de douter de leurs pseudos-pardon».

Me Farama a fait ces observations parce que deux sous-officiers de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) indexés par une victime comme ses bourreaux lors du putsch de septembre 2015 ont nié les faits en allant même à l’encontre des dires de leurs supérieurs.

Ce mercredi, l’assistant de police Yacouba Manli a expliqué au Tribunal militaire avoir été bastonné le 17 septembre 2015  par des éléments de l’ex-RSP alors qu’il assurait la sécurité au domicile du défunt président de l’Assemblée nationale Salifou Diallo.

Les soldats l’ont ensuite embarqués dans leur véhicule et l’ont emmené tout «ensanglanté» au camp de la présidence, a-t-il affirmé.

Appelés à la barre parce qu’indexés par la victime comme ceux qui l’ont bastonnés, le soldat de première classe Adama Kaboré et le caporal Soumaïla Diessongo ont nié les faits arguant qu’ils l’ont simplement conduit au camp et qu’il était en pleine forme.

Le caporal Soumaïla Diessongo a même précisé qu’il avait perçu l’assistant de police Yacouba Manli comme un terroriste parce que détenant une arme en sa possession.

Et pourtant à leur arrivée au camp, c’est une personne mal au point qui est descendu du véhicule si l’on en croit certains supérieurs de ces éléments de l’ex-RSP.

L’Adjudant-chef Ardjouma Kambou a déclaré ce mercredi avoir vu Yacouba Manli torse nu et mal au point à son arrivée dans le véhicule des deux sous-officiers.

«Il était souffrant c’est pourquoi j’ai informé le colonel-major Boureima Kéré qui est venu le voir et qui a parlé de son état au médecin-colonel-major Saidou Yonaba qui a envoyé une ambulance le chercher pour aller le soigner», a expliqué l’adjudant-chef Kambou.

«Dans quel état était Manli quand vous l’avez vu ?», a demandé Me Prosper Farama au colonel-major Boureima Kéré.

«Il souffrait beaucoup, j’ai eu l’impression qu’il avait des problèmes de respiration, des problèmes au niveau des côtes», a répondu le colonel-major Boureima Kéré.

Malgré les affirmations de leurs deux supérieurs hiérarchiques, les deux sous-officiers sont restés campés sur leur position à savoir que Yacouba Manli n’avait pas été bastonné au moment où ils l’ont emmené au camp.

«Il n’y a rien à ajouter à ce que j’ai dit. Si on lui a porté la main, le jour où on va se retrouver à l’au de-là, Dieu va trancher», a ainsi réagi le soldat de première classe Adama Kaboré.

«En attendant qu’on se retrouve dans l’au de-là, ça va être tranché ici», a répondu Me Prosper Farama et le soldat de répliquer que «si vous accusez quelqu’un à tort, Dieu va vous payer sur terre».

«Que Dieu punisse chacun sur ces faits», a répondu Me Farama et l’accusé de conclure par «Amina yarabi».

De son côté le caporal Soumaïla Diessongo a présenté Yacouba Manli comme un bourreau et non une victime.

«M. le président, il n’est pas une victime, il veut tromper votre vigilance. Il a tiré (une arme au moment du putsch) et il s’est rendu compte qu’on peut le poursuivre, donc on l’a conseillé de se constituer en partie civile», a-t-il affirmé.

Selon lui, Yacouba Manli ayant fait usage de son arme, «il faut que le droit lui soit appliqué».

A la suite des propos des deux sous-officiers, Me Prosper Farama a estimé que ses «soldats sont de mauvaise foi» et que «s’ils avaient la possibilité de refaire ce qu’ils ont fait, ils n’hésiteraient pas».

Selon lui, «nous étions au bord de l’apocalypse et nous sommes permanemment en danger avec ces genres de soldats dans notre armée».

«Je souhaite que la décision qui sera rendue par votre Tribunal tienne compte de tous ces éléments», a-t-il affirmé.

Le procès s’est poursuivi avec le passage d’autres victimes qui ont raconté leurs vécus durant les événements du putsch de septembre 2015.

 

Agence d’information du Burkina

Wurotèda Ibrahima SANOU

 

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