Interdiction de circulation de motos « aloba » au Sourou
Des grincements de dents à Tougan
Une délégation de la population de Tougan, province Sourou, a rencontré les autorités de la provinciales, le lundi 12 septembre 2022 pour traduire son ras-le-bol et solliciter la révision des heures d’interdiction de circuler de motocyclettes de types « aloba » et assimilés.
Le 29 juin dernier, dans sa stratégie de lutter efficacement contre le terrorisme, le gouvernement, par ordonnance N°2022-006/PRES-TRANS, interdisait la circulation de jour comme de nuit des motocyclettes de type « aloba » et assimilés ainsi que des tricycles dans les zones à fort défi sécuritaire à compter du 13 juillet 2022 pour une période de trois mois. La province du Sourou, chef-lieu Tougan, en proie aux attaques terroristes, fait partie de ces zones où ces engins motorisés sont interdits de circulation. Si dans l’esprit, cette mesure se justifie, dans l’application, elle fait des grincements de dents au sein des populations.
Pour signifier son mécontentement, et souhaiter une révision de cette mesure, une délégation de la population de Tougan, dans la province du Sourou, a rencontré les autorités provinciales ce lundi 12 septembre 2022. Cette délégation composée d’un représentant des coutumiers, de deux membres d’association de la jeunesse, de quatre membres d’association des commerçants et de deux représentants des confessions religieuses avec à sa tête Ibrahim Zina, élu consulaire des commerçants, a pris langue avec le préfet du département de Tougan, Siaka Lallé, représentant du haut-commissaire de la province du Sourou.
Le représentant du haut-commissaire était assisté du commandant de la compagnie de gendarmerie, du commissaire de police et un membre de la délégation spéciale communale. « Nous avons fait savoir à nos autorités toutes les souffrances qu’endure la population de Tougan suite à cette interdiction. Egalement, il a été signifié à l’autorité que cette interdiction ne semble pas être appliquée dans les autres localités de la province en ce sens qu’en dehors de Tougan, la population dans les autres villages de la province circulent avec les engins interdits sans être inquiétée », a dit Ibrahim Zina.
Plus de mal que du bien
Cette interdiction de circuler avec des engins suscités, l’élu consulaire dit avoir l’accueillie avec joie à ses début. Pour lui, la mesure allait contribuer à lutter contre l’insécurité dans la province. Mais, au fil du temps, M. Zina constate « malheureusement » que rien n’a changé sur le terrain depuis cette mesure. « Cette interdiction a plutôt accentué le calvaire de la population du Sourou », s’est-il convaincu. « Je ne vois pas pourquoi les autorités ont instauré cette interdiction au Sourou. Au Nayala (Toma) à côté, la population circulent librement avec ces engins.
Nous les commerçants de volailles au Sourou sommes complétement bloqués. Nos cages de volailles sont empilées dans les villages par manque de moyen pour les transporter », a renchéri Mamadou Baro, commerçant de volailles. De nombreux malades, selon M. Zina, ont perdu leur vie par manque de moyen de transport pour joindre l’unique Centre Médical avec Antenne (CMA) chirurgicale de la province à Tougan. « Les tricycles et les motos interdites de circulation permettaient de transporter les malades par manque d’ambulance », a poursuivi le porte-parole de la délégation ajoutant que la mesure a engendré des chômeurs dans la ville de Tougan.
« Même dans la ville, l’on ne peut pas circuler avec sa moto ni mener des activités avec son tricycle pour avoir à manger », a regretté Zakaria Ouédraogo, soudeur de profession. Pour alléger cette souffrance des populations de Tougan, M. Zina et ses camarades ont suggéré une révision des heures de circuler de 6 heures à 17 heures. En réponse, le représentant du haut-commissaire a indiqué qu’il a pris bonne note des préoccupations de la population. De ce fait, il a rassuré la délégation de transmettre ces préoccupations et ces doléances mises aux autorités compétentes.
Paul DRABO
AIB/ Sourou
