Gourma/Gestion des menstruations : L’Association SUPLAMAR sensibilise 1500 scolaires en trois mois
Fada N’Gourma, (AIB) – L’Association Supprimons la Marge (SUPLAMAR) a clôturé ses activités sur la gestion des menstruations en milieu scolaire ce jeudi 23 mai dans la cité de Yendabili. Au moins 1 500 élèves des lycées et collèges de la ville de Fada N’Gourma ont été touchés en trois mois de sensibilisation à travers le projet « Changeons les règles à l’école ».
Les menstruations, symbole du bien-être des femmes, sont aussi sources de stigmatisation dans nos sociétés. La précarité menstruelle est une réalité vécue par la plupart des femmes au Burkina Faso. Cette stigmatisation entrave le droit à l’éducation.
C’est pour lutter contre cette stigmatisation qui handicape le droit à l’éducation de beaucoup d’adolescentes que l’Association Supprimons la Marge (SUPLAMAR), avec son projet « Changeons les règles à l’école », travaille à briser les tabous autour des règles et à apporter du confort et de la sécurité aux jeunes filles en les dotant de culottes menstruelles réutilisables.
Le projet de SUPLAMAR, appuyé par la coopération française et le ministère en charge de l’éducation nationale, a duré trois mois et a touché en moyenne 1 500 élèves des lycées et collèges de la ville de Fada N’Gourma.
Selon la présidente de SUPLAMAR, Yénoudié Rébéka Roxane S. Lankoandé, le projet dans le milieu scolaire durant ces trois mois passés a consisté à briser les tabous autour des menstruations, à accompagner les jeunes pour une meilleure gestion de leur santé sexuelle et reproductive et à favoriser l’autonomisation des élèves en situation de précarité.
Pour ce faire, SUPLAMAR a réalisé plusieurs activités au profit de ses cibles. Parmi ces activités, on peut citer entre autres plusieurs sorties sur le terrain afin d’échanger avec le public cible sur la question de la santé sexuelle et de l’hygiène menstruelle, des séances de sensibilisation à petite échelle afin de répondre aux inquiétudes des bénéficiaires et la formation de 20 jeunes sur la fabrication de serviettes hygiéniques réutilisables (fabriquées à base de produits locaux).
L’association a aussi doté le public cible de tee-shirts diffusant des messages bienveillants et des kits de dignité et a organisé un événement grand public qui a accueilli près de 1 000 jeunes filles et garçons.
Au cours des activités de clôture, des élèves des lycées et collèges de la ville de Fada N’Gourma ont exposé sur des thématiques comme « Comment gérer les menstruations ? » et « Quelle est la place des parents et des éducateurs dans la gestion hygiénique des menstruations ? ».
Des jeunes filles ont fait des témoignages de la gestion de leur premier cycle menstruel. Ainsi, l’élève Sakinatou Guida du lycée Diaba Lompo a fait savoir que c’est en classe de 6ème qu’elle a vu apparaître ses premières règles pendant qu’elle était en classe. Sans le savoir, elle s’est rendue au tableau avec sa tenue tachée de traces de sang pour corriger un exercice.
« J’ai été surprise par l’interpellation de mes camarades de classe. Informée de la situation, je fus confuse et couverte de honte », a laissé entendre Sakinatou Guida.
Poursuivant, elle a déclaré qu’elle a passé plusieurs jours à la maison parce qu’elle avait honte de ses camarades de classe. Fort heureusement, l’éducatrice qui l’avait aidée à gérer ce jour-là ses menstruations l’a sensibilisée et l’a encouragée pour qu’elle reprenne le chemin de l’école, a-t-elle soutenu.
La cheffe de service de la promotion de l’éducation inclusive, de l’éducation des filles et du genre de la direction régionale en charge des Enseignements post-primaire et secondaire de l’Est, Lofa/Combary Sylvie, a apprécié à sa juste valeur les actions de SUPLAMAR en milieu scolaire.
« L’association a formé des jeunes en confection de serviettes hygiéniques réutilisables. Cela leur permettra de réinvestir ce savoir-faire auprès de celles qui n’ont pas pris part à la formation. La cérémonie de clôture a renforcé les élèves présents en matière de gestion des menstruations. Les présents seront les porte-flambeaux auprès de leurs pairs absents », a-t-elle souligné en termes d’appréciation.
SUPLAMAR met en œuvre le projet « Changeons les règles à l’école » depuis 2020 avec pour principaux partenaires le ministère en charge de l’éducation nationale et l’ambassade de France au Burkina Faso. Cette association s’intéresse à trois projets : « Changeons les règles à l’école », « L’immersion scolaire dans les droits humains » et « Le regard sur l’intimité ».
« Nous espérons pouvoir revenir à Fada N’Gourma pour continuer ce que nous avons commencé, car c’est dommage qu’une chose aussi banale que naturelle mette fin à la scolarité d’une jeune fille », tel a été les derniers propos de la présidente de SUPLAMAR, Yénoudié Rébéka Roxane S. Lankoandé, à la cérémonie de clôture.
Agence d’information du Burkina
Kanliéyama Aboubakar COMBARY