L’Afrique a besoin du nucléaire civil pour s’industrialiser et nourrir sa population (Lassina Zerbo)

Lomé, 13 juin 2025 (AIB) – L’énergie nucléaire civile est le socle énergétique fiable dont l’Afrique a besoin pour s’industrialiser et nourrir sa population, a soutenu le scientifique et ancien Premier ministre burkinabè Lassina Zerbo, tout en reconnaissant l’apport des énergies renouvelables.

« Intégrer les petits réacteurs modulaires permettrait d’alimenter en énergie les systèmes d’irrigation, les stations de dessalement, les chaînes de froid et les unités de transformation locales, renforçant ainsi notre sécurité alimentaire. (…) Les SMR, comme on les appelle, ces petits réacteurs modulaires, ne sont plus seulement une option technologique, mais un levier structurant de développement », a assuré Lassina Zerbo.

L’ancien Premier ministre burkinabè, aujourd’hui président de la Commission de l’énergie atomique du Rwanda, s’exprimait vendredi à Lomé, en marge des premières Journées de développement de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD).

« Quand je parle du nucléaire, on pense que je médis (critique) les renouvelables. Mais il s’agit d’un mix énergétique dans lequel les énergies renouvelables ont toute leur place. Toutefois, leur intermittence ne nous permet pas, à l’heure actuelle, d’atteindre l’industrialisation dont l’Afrique a besoin », a poursuivi l’ancien secrétaire exécutif du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) à Vienne.

« Les SMR, qui vont de 1 à 50 MW, sont conçus pour des usages spécifiques tels que les bases militaires, les hôpitaux, les industries éloignées ou les communautés rurales. Ils nécessitent peu de personnel, ont une empreinte au sol très réduite et peuvent fonctionner pendant 10 à 20 ans de façon continue, sans rechargement de combustible. Et c’est cela qui est important », a-t-il insisté.

Il s’est félicité de la levée, par la Banque mondiale, de l’interdiction de financement du nucléaire civil en Afrique, emboîtant ainsi le pas à la BOAD.

Pour financer autrement la transition énergétique, Lassina Zerbo appelle à s’inspirer de modèles éprouvés dans le monde, comme ceux des Émirats arabes unis, de la Turquie ou encore de l’Argentine, qui ont misé sur des partenariats public-privé.

À l’instar des Émirats arabes unis qui ont lancé la tokenisation de l’or et du pétrole via des plateformes blockchain pour attirer de nouveaux capitaux, des pays africains pourraient faire de même avec leurs réserves stratégiques, a-t-il préconisé.

« Le Niger, par exemple, pourrait développer un uranium token, adossé à des réserves physiques certifiées, afin d’attirer des investisseurs internationaux et de lever des fonds pour financer des infrastructures nucléaires comme les petits réacteurs modulaires ou même les micro-réacteurs. Cette approche permettrait aussi d’assurer la transparence et de valoriser cette ressource dans un cadre civil, sécurisé et traçable », a conseillé M. Zerbo, en présence du Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine.

Les BOAD Development Days, qui se tiennent jeudi et vendredi, rassemblent des experts, des décideurs et des investisseurs, dans le but d’identifier des solutions de financement innovantes et de renforcer l’implication du secteur privé dans les domaines de l’agriculture et de l’énergie.

Agence d’information du Burkina

ATA/as

 

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