Coup d’Etat du 24 janvier

Les OSC de l’Ouest invitent à junte militaire à écouter le peuple

Au lendemain du coup de force du Mouvement patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), le lundi 24 janvier 2022, les responsables d’Organisations de la société civile (OSC) de Bobo-Dioulasso, Sindou et Gaoua sont entre satisfaction et prudence.

 

Salif Nikièma, responsable de la COPA-BF/Bobo : « Ce sont des actions que notre structure soutient et non des individus »

« Je salue la presse qui a été à nos côtés pour dénoncer l’incapacité du président déchu, Roch Marc Christian Kaboré, à gérer le pouvoir. Nous nous réjouissons de la prise du pouvoir par les militaires pour atténuer la souffrance du peuple burkinabè. Mais nous gardons une position d’observateur vis-à-vis de ces militaires. Est-ce que ces putschistes sont venus répondre aux aspirations du peuple ? Sont-ils là pour trouver des solutions à la crise sécuritaire ? Vont-ils emboîter le pas de la junte militaire malienne ? Ce sont autant de questions qui nous recommandent d’observer ces mutins pour voir dans quelle direction ils vont nous conduire avant de voir si l’on peut les soutenir ou prendre une autre position. Tout de même, nous avons des recommandations à leur faire dans le sens de bien mener leur mission. D’abord, nous recommandons que le nouvel homme fort, Paul-Henri Sandaogo Damiba, mette en œuvre le Discours d’orientation politique (DOP) du 2 octobre 1987 du feu capitaine Thomas Sankara. Ce discours est pour la COPA-BF une bible pour une gouvernance vertueuse au Burkina Faso. Ensuite, nous recommandons une diversification des partenaires pour lutter efficacement contre le terrorisme. Aussi, ces militaires qui sont aujourd’hui au pouvoir doivent faire de la lutte contre la corruption une réalité. La restauration de l’autorité de l’Etat au pays des Hommes intègres est l’une des recommandations à laquelle la COPA-BF attache du prix. La dernière recommandation, c’est de les inviter à recouvrir urgemment l’intégrité de l’Etat menacée par le terrorisme. Si ces nouvelles autorités ne sont pas en phase avec ces recommandations, elles nous auront en face parce que ce sont des actions que notre structure soutient et non des individus ».

Emanuel Dah, porte-parole de la COPA-BF (Bobo) : « Nous avons interpelé le président Kaboré sans être entendus »

« Le coup d’Etat est la bienvenue parce que nous avons interpelé le président Roch Christian Kaboré de prendre ses responsabilités sans être entendus. Si aujourd’hui, des dignes fils de ce pays ont décidé de porter la voix du peuple, ils sont les bienvenus. Nous sommes ainsi prêts à les soutenir et à les écouter s’ils sont réellement venus pour essuyer les larmes du peuple ».

 Bê Palm, citoyen de Bobo-Dioulasso : « Le coup d’Etat est un ouf de soulagement »

« La prise du pouvoir par les militaires pour nous, est un ouf de soulagement. Nous sommes très fiers d’eux car ils sont pragmatiques. Il y a eu trop de morts pour cause de terrorisme. Une situation intenable qui a conduit à organiser à plusieurs reprises des marches-meetings pour interpeller le président Kaboré de la gestion catastrophique de la crise sécuritaire. A chaque sortie on a été réprimandé par la gendarmerie et la police. Malgré tout, on manifestait parce que la situation était tel que l’on ne pouvait pas croiser les bras face à la violence répressive. C’est pourquoi nous saluons ce coup d’Etat dans l’espoir que les nouveaux dirigeants vont répondre aux aspirations du peuple pour un rapide retour de la paix au Burkina Faso ».

Moussa Konaté, responsable du Mouvement de la coalition des forces spéciales (Bobo) : « Je suis désolé que les choses se terminent ainsi »

« Je suis désolé que les choses se terminent ainsi pour le pouvoir MPP. Si ce régime déchu avait écouté le cri de cœur du peuple, les choses pouvaient être autrement. On est vraiment triste de la fin de ce régime, mais il a montré son incapacité à un moment donné à sortir le pays du marasme sécuritaire. Ce coup d’Etat au Burkina Faso est un message clair à tous les dirigeants africains qui ne tiennent pas compte des aspirations des peuples dans leur gestion du pouvoir. C’est pourquoi je demande au lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba de rester toujours à l’écoute de son peuple, s’il veut avoir son adhésion à la mise l’exécution de sa mission ».

Hamidou Mandé, vice-président de l’Alternative de veille citoyenne des acteurs économiques pour le développement de la patrie (Bobo) : « Ils ne doivent pas verser dans une chasse aux sorcières »

« Nous avons tous suivi les évènements qui se sont déroulés ces derniers jours dans notre pays. Notre association a pour objectif d’apporter sa contribution au développement de notre pays. Nous voulons que tous les Burkinabè se donnent la main, à l’image du Mali, pour faire face à la situation que traverse actuellement le pays. Nous n’avons pas pour le moment, de jugement à faire sur les nouveaux hommes forts mais nous prions Dieu qu’ils réussissent. Ils doivent mettre le patriotisme au-devant de tout et être à l’écoute des populations. Ils doivent être réceptifs à toutes les contributions pour un retour de la paix et de la sécurité, pour la lutte contre la fraude, la corruption et la mal-gouvernance. Ils ne doivent pas non plus verser dans une chasse aux sorcières ».

Habib Karima Bakassa Ouattara, coordonnateur national du Mouvement de rejet du franc CFA (Bobo) : « Le MPR n’a en aucun cas demandé la démission du président Roch Marc Christian Kaboré »

« La constitution stipule que quand le président est dans l’incapacité de gérer le pouvoir, l’insurrection peut le faire partir. Et ce coup d’Etat orchestré par les militaires est une forme d’insurrection. Depuis un certain temps nous avons tenté de faire passer notre message sur la dégradation de la situation sécuritaire du pays, sans en aucun cas demandé la démission du président Roch Marc Christian Kaboré. Aujourd’hui, il est emporté par un putsch. Le MPR ne va pas tout de suite saluer ce coup d’Etat du moment où les putschistes nous sont inconnus. Nous n’avons pas de contact avec ces militaires, et nous n’avons pas préparés quoi que ce soit avec eux. Notre rôle n’était pas de renverser le pouvoir, mais de maintenir la veille citoyenne et d’interpeller le pouvoir de l’autorité publique sur la bonne gestion du pays. C’est pourquoi nous restons neutres par rapport à ce coup de force et nous interpellons les OSC sœurs à la neutralité afin d’assurer la veille citoyenne à la hauteur des erreurs du passé. Mais comme ce sont eux (ndlr, les militaires putschistes) qui sont les nouveaux hommes forts, nous leur demandons de tracer des sillons qui permettront de préserver nos acquis démocratiques, de mettre en place une politique de dialogue national pour qu’au bout de 10 ans, nous puissions vivre en paix au Burkina Faso. Un autre point, c’est de les inviter à répondre aux aspirations du peuple sans se tromper ».

Amara Ouattara, président de l’association DJIGUIYA de la Léraba (Sindou) : « Le nouveau pouvoir en place doit urgemment ramener la sécurité »

« Nous sommes à un jour seulement de la prise du pouvoir par les militaires conduit par le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba. Nous préférons attendre les premières actions du nouveau pouvoir vis à vis de la situation du pays. Toutefois, le nouveau pouvoir en place doit urgemment trouver des alternatives pouvant ramener la sécurité dans notre pays, travailler à instaurer l’intégrité du territoire nationale et rendre les institutions fortes, capables d’accompagner les citoyens dans leurs actions ».

Amporona Dah, président de l’Association vie solidaire (Gaoua) : « Le changement était attendu peu importe la manière »

« Nous avons tous constaté que des militaires ont pris le pouvoir dans notre pays. S’en réjouir sera trop, mais c’est quelque chose qui était déjà pressentie. D’une part, cela met à mal notre système démocratique mais une démocratie qui se réalise sans la prospérité de la population ne l’est plus. Lorsque la prospérité ne se fait pas sentir, il va de soi que d’autres méthodes ou idéologies parviennent à rectifier le tir et je me dis que c’est ce qui s’est produit. Après l’insurrection, il y avait une certaine aspiration de la population qui n’a pas été suffisamment prise en compte par les dirigeants déchus. Le président Roch Marc Christian Kaboré a été élu et réélu mais beaucoup d’erreurs ont perduré. On s’était retrouvé dans une situation comme si l’Etat était sous embargo. C’est vrai qu’il y a les contextes sécuritaires, sanitaires et socio-politiques, mais on avait l’impression que nous étions dans un bateau sans capitaine. C’est difficile de relever un point positif de la gouvernance du président Kaboré. Donc on admet que cette situation est justifiée car le changement était attendu, peu importe la manière. Par rapport à nos attentes, je pense qu’à un certain moment, il faut qu’on s’entende pour mettre certaines choses en réserve. Il y a des choses que nous pouvons laisser pour stabiliser le pays et travailler à relancer l’économie pour que chaque Burkinabè sente le développement. Si on arrive à s’entendre pour avoir la paix, j’estime qu’à partir de là on pourra tirer notre épingle du jeu ».

Kamélé FAYAMA

Alpha Sékou BARRY

Boudayinga J-M THIENON

Joseph HARO

Massadiami KARAMA / AIB Léraba

Sosthène SOMBIE (stagiaire)

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