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Salif Jean Pierre Dondassé, concepteur de          l’incinérateur « wanbzanga »

 

« On nous laisse pour faire appel à d’autres compétences venant de l’extérieur pour construire des incinérateurs ici »

Le centre de prise en charge des personnes malades du coronavirus est installé à l’hôpital pédiatrique du jour au secteur 29 de Bobo-Dioulasso. Dans ce centre sanitaire, vient d’être installé un incinérateur pour détruire les déchets qui y sont produits. Dans l’interview qu’il nous a accordé, son concepteur, Salif Jean pierre Dondassé est rassurant quant aux conséquences de la destruction des déchets sur les populations. Cependant, il déplore que les innovateurs burkinabè soient souvent relégués au profit d’autres de l’extérieur.

 

Sidwaya : Pouvez-vous nous présenter l’incinérateur, fruit de votre création que vous avez installé au centre de prise en charge des personnes malades du covid 19 au secteur 29 de Bobo-Dioulasso ?

 

Salif Jean Pierre Dondassé : L’ouvrage appelé incinérateur est destiné à la destruction des déchets biomédicaux. Nous l’avons baptisé « wanbzanga » qui signifie « bouffe tout » en langue mooré. C’est un ouvrage géant qui a été conçu grâce à la contribution  des techniciens à la matière et de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle(OAPI). Il sert à détruire les déchets biomédicaux provenant du centre de prise en charge des malades de la covid19 où nous l’avons installé. Nous l’utilisons également pour détruire les déchets venant des autres structures de santé de la ville de Bobo-Dioulasso. Il a un volume de 2 à 3 mètres carrés et est entièrement conçu en matériaux locaux. Nous en avons déjà installé à l’hôpital Paul VI à Ouagadougou, sur le site minier de Houndé dans les Hauts-Bassins et à Dédougou dans le Mouhoun. Mais à la différence de ces incinérateurs, celui du centre Covid-19 est à double combustion. Une autre caractéristique de cet appareil est qu’il est économique car fonctionnant sans lubrifiant et seulement avec du courant électrique de 220 volts. Il a reçu plusieurs distinctions honorifiques dont le prix du président du Faso au forum de la recherche scientifique et de l‘innovation technologique(FRSIT) en 2016 et la médaille Thomas Sankara pour l’innovation en Afrique.

 

Sidwaya. L’incinérateur ne présente-t-il pas de danger pour les populations d’autant plus que le centre est situé dans un quartier habité.

 

Salif Jean Pierre Dondassé : L’incinérateur ne pressente aucun risque pour les riverains au centre de prise en charge des personnes malades de la covid 19. Il est constitué de deux chambres. L’une est destinée à la destruction des déchets et l’autre au traitement de la fumée. Une chose est de détruire les déchets et une autre est d’avoir la bonne fumée  pour ne pas polluer l’environnement. La première chambre détruit les déchets et la fumée  va vers la deuxième chambre  qui la  traite. L’incinérateur comprend une cheminée qui a 10 mètres de haut. Elle joue 2 rôles. Le premier est d’aspirer l’air pour alimenter les deux chambres, et en même temps elle permet de dégager la fumée dans la nature. La fumée est traitée et présente une couleur blanchâtre presqu’invisible et n’est pas polluante.

 

Sidwaya : Vous êtes un ancien agent du ministère de l’habitat et de l’urbanisme aujourd’hui à la retraite. Comment vous vous êtes retrouvés dans l’innovation et l’invention ?

 

Salif Jean Pierre Dondassé : La fabrication des incinérateurs fait intervenir le béton. Nous sommes toujours dans le béton comme à l’habitat et à l’urbanisme. Nous avons commencé avec un premier ouvrage plus petit que nous avons installé dans les CMA. C’est à partir de là que nous avons choisi d’aller vers un incinérateur plus grand et plus économique. Les incinérateurs de grande capacité ne sont pas nombreux. Nous avons eu l’accompagnement de certains partenaires qui nous ont encouragés dans la conception et la réalisation de ces incinérateurs et aujourd’hui, certains services nous font appel pour détruire leurs déchets. Nous sommes dans les innovations et en la matière on n’a pas forcément besoin d’aller dans les grandes écoles et instituts. Tout dépend de l’inspiration. Je suis un homme très ambitieux .J’ai même été l’un des tout premiers à installer des lave-mains dans les centres de santé. Ces lave-mains se présentent sous une autre forme car, il était muni d’un tamis qui filtre l’eau au-dessous. Malheureusement, nous n’avons pas breveté notre invention à son temps. Lorsqu’on est dans l’innovation, les idées viennent d’elles-mêmes et quand on est face à des problèmes, on cherche toujours des voies et moyens pour les résorber. Nous avons des grands chercheurs au Burkina et ceux-ci nous encouragent et nous appuient quand il le faut.

 

Sidwaya : Quels messages avez-vous pour nos autorités ?

 

Salif Jean Pierre Dondassé : Nous demandons à nos autorités de nous faire confiance. Nous ne demandons pas de nous envoyer dans les grandes conférences ou à des forums pour nous primer ou  nous applaudir. Je suis le vice-président national de l’association des inventeurs du Burkina. Nous avons des collaborateurs qui font des choses merveilleuses.  Malheureusement, on nous laisse pour faire appel à d’autres compétences venant de l’extérieur pour construire des incinérateurs ici. Au Burkina les gens sont allergiques à tout ce qui se fait au pays. J’ai effectué des voyages dans certains pays voisins où j’ai constaté que les populations aiment les produits qu’elles fabriquent. Mais chez nous c’est le contraire. Nous demandons aux autorités de nous accompagner et de nous faire confiance. Nous sommes prêts à faire un bon boulot et à mériter la confiance qu’elles placent en nous.

Propos recueillis par

 Adaman DRABO

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