Les sextoys font leur entrée progressive dans l’intimité de nombreux Burkinabè
Ouagadougou, 7 févr. 2024(AIB)-Les jouets sexuels ou « sex-toys » en Anglais sont de plus en plus visibles dans certains cercles et dans la vie de bien des habitants de la ville de Ouagadougou. Un usage qui n’est pas sans conséquence sur la santé. Des utilisateurs se confient sur leurs motivations et ressentis. Pour les vendeurs, c’est même devenu un business très florissant.
Des objets curieux s’offrent à la vue des regards insistants dans certains types de commerces. Ils sont appelés godemichés, vibromasseurs, ou stimulateurs clitoridiens, vaginettes, anneaux vibrants, masseurs prostatiques …
Dans les échoppes, ils côtoient pommades, sirops et tisanes aux vertus aphrodisiaques. Ils sont utilisés dans la sexualité pour stimuler l’acte sexuel afin de palier « des pannes » ou combler le vide laissé par un partenaire absent.
F.K, une dame dans la quarantaine, y est désormais familière. Elle partageait sa vie avec un conjoint avec qui, ils ont eu plusieurs enfants. Sentant l’existence de son foyer menacé, F.K s’attache les services d’un conseiller conjugal. Mais malgré tous les conseils sur les techniques d’usage des jouets sexuels prodigués par le conseiller matrimonial pour donner un nouveau souffle à son couple, la bonne dame finira par être répudiée par son mari.
« En tout cas, ça ne m’a pas aidé dans mon foyer. Mais, je continue d’utiliser de temps en temps les sex-toys », admet-elle. Si, dans une tentative ultime pour sauver son foyer, F.K a croisé le chemin des sex-toys, H.D. en a fait recours dans le souci de rester fidèle à son conjoint qui était absent pendant une longue période.
« Mon mari avait eu une bourse d’études de 2 ans en France. C’est en ce moment qu’une de mes amies m’a conseillé les sextoys comme astuce pour rester fidèle. Quand il est revenu, j’ai arrêté. Ces gadgets m’ont procuré du plaisir », assure H.D.
Ayant compris ce besoin de plus en plus exprimé par certains hommes et femmes, Abdoul Joseph Zongo (nom d’emprunt) a vite fait de se lancer dans le business de la vente des jouets sexuels alors qu’il était encore sur les bancs de l’université.
De l’origine de ces nouvelles pratiques
Et depuis, son chiffre d’affaires ne cesse de se multiplier à mesure qu’il se spécialise. Cela fera bientôt 7 ans qu’il se fait de l’argent dans ce commerce. « Il y a des besoins, mais la sexualité étant un tabou, les gens n’en parlent pas.
Moi, j’ai décidé de vendre les produits permettant de satisfaire ces besoins tout en respectant les tabous qu’il y a autour et cela leur donne confiance », confie M. Zongo. Ses premières ventes se sont faites en ligne, notamment sur Facebook. Pour le conseiller conjugal, Roch Damiba, le sexe est tout au plus un moyen de manifester son amour pour l’autre
« Quand j’ai commencé, j’ai trouvé que les gens étaient intéressés et je me suis lancé dedans », confie t-il. Le jeune entrepreneur a aujourd’hui toute une panoplie de services autour de la sexualité qu’il propose à sa clientèle, question de satisfaire leurs moindres désirs.
Le conseiller conjugal, Roch Damiba, déplore que le sexe de l’homme tout comme celui de la femme soit perçu comme, tout au plus, un moyen de manifester son amour pour l’autre. « Le sexe devrait être utilisé dans le but de créer plus d’intimité entre les conjoints ou entre deux personnes. On devrait utiliser le sexe pour valoriser le conjoint ou la conjointe », précise M. Damiba.
Toutefois, le sexe et la sexualité demeurent encore une construction sociale dans le cadre d’une éducation. C’est d’ailleurs à ce titre que la sociologue, Dr Jocelyne Vokouma, s’interroge sur l’origine de ces nouvelles pratiques dans l’univers burkinabè, ces passions, obsessions qui conduisent à la recherche du plaisir insatisfait.
« La manière de vivre sa sexualité dépend de comment on a été éduqué. On doit montrer à l’enfant comment il doit se comporter sexuellement. Maintenant avec la modernité qui ouvre d’autres perspectives, le Burkinabè qui savait vivre dans le contentement ou dans sa manière à lui de faire plaisir à sa femme, ne veut plus se limiter à cela », analyse-t-elle.
Pour le Professeur Charlemagne Ouédraogo, gynécologue obstétricien, la pratique est également alimentée par le visionnage des films pornographiques pour améliorer sa sexualité. Il estime que les programmes sur la sexualité accessibles sur les réseaux sociaux ont contribué à lever le tabou si bien que ce qui relevait de la pudeur, est désormais dans l’espace public.
Et, cette « évolution » présente aussi des revers, le sexe étant détourné de sa vocation originelle dans la mesure où même un objet peut le remplacer. « Si on ne veut plus utiliser son sexe naturel pour manifester son amour pour son prochain, l’autre devient automatiquement un objet pour soi. Les objets sexuels viennent creuser davantage le vide. Quand on a besoin de sexe, on utilise l’objet et on ne parle plus de sa femme ou de son mari. Donc, il n’y a plus de communion entre les deux », souligne le conseiller conjugal. Pour lui, chaque société doit apprendre à sa jeunesse comment on doit utiliser le sexe à travers l’éducation sexuelle.
Des conséquences sur la santé
L’homme est toujours à la recherche du plaisir et il est prêt à user de tous les moyens pour se procurer ce plaisir. C’est pourquoi, le gynécologue, Pr Ouédraogo reconnait qu’on ne peut pas percer le mystère des pratiques sexuelles des uns et des autres.
« Il y a des gens qui ont utilisé des bouteilles de Coca-Cola pour se masturber l’anus et la bouteille…
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