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Le chef de la diplomatie saoudienne à Damas pour consacrer la normalisation

Par Maher AL MOUNES

DAMAS (Syrie), 18 avr 2023 – Le président syrien Bachar al-Assad a reçu mardi le chef de la diplomatie saoudienne, dont la visite à Damas pour la première fois depuis le début de la guerre en 2011 consacre la réconciliation entre la monarchie pétrolière et la Syrie.

 

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, est arrivé à l’aéroport international de Damas et a été reçu dans la foulée par le chef de l’Etat, a indiqué l’agence officielle Sana.

 

Cette visite est motivée par le « souci du royaume de parvenir à une solution politique à la crise en Syrie (…) », qui pourrait « la ramener dans son environnement arabe », a affirmé le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un communiqué.

 

La visite du ministre saoudien intervient une semaine après celle de son homologue syrien Fayçal Moqdad en Arabie saoudite, la première également depuis le début de la guerre.

 

Damas était isolé sur le plan diplomatique depuis la répression en 2011 du soulèvement populaire ayant dégénéré en conflit.

L’Arabie saoudite, chef de file des pays du Golfe, avait rompu ses relations en 2012 avec Damas et même soutenu des rebelles au début de la guerre, dans un pays devenu un terrain d’affrontement entre forces étrangères.

Mais après le séisme de février qui a secoué la Turquie et la Syrie, le royaume avait fait un premier geste en envoyant de l’aide humanitaire.

Reconstruction

En mars, la Syrie et l’Arabie saoudite avaient eu des discussions sur une reprise de leurs services consulaires et le 12 avril, M. Moqdad a effectué une visite inopinée à Jeddah (ouest du royaume).

Dans un communiqué commun, les ministres syrien et saoudien des Affaires étrangères avaient alors évoqué l’objectif de « ramener la Syrie dans le giron arabe ».

Le président syrien Bachar al-Assad avait déclaré dans une interview le mois dernier que l’Arabie saoudite avait « pris un tournant différent depuis quelques années », et que la Syrie n’était plus « un terrain d’affrontement saoudo-iranien ».

La réconciliation syro-saoudienne intervient dans un contexte d’apaisement des tensions du royaume pétrolier avec son grand rival régional, l’Iran, qui soutient politiquement, militairement et économiquement le régime de Damas.

Les deux poids lourds du Moyen-Orient, qui avaient rompu leurs liens en 2016, avaient conclu en mars un accord inattendu, négocié par la Chine, en vue d’une reprise de leurs relations.

Les deux pays se sont engagés à œuvrer ensemble pour « la sécurité et la stabilité de la région ».

Bachar al-Assad mise sur une pleine normalisation avec les riches monarchies du Golfe pour financer la reconstruction de son pays aux infrastructures ravagées par la guerre.

Le conflit a fait environ un demi-million de morts. Près de la moitié des Syriens sont désormais des réfugiés ou des déplacés à l’intérieur de leur pays, et des pans du territoire échappent encore au contrôle du gouvernement.

– Divergences –

Mais la question d’un retour de la Syrie dans le giron arabe ne fait pas l’unanimité, notamment parmi les monarchies du Golfe.

 

Le Qatar, qui a soutenu l’opposition syrienne, reste en effet hostile à une normalisation avec Bachar al-Assad, alors que d’autres pays comme les Emirats arabes unis ont normalisé leurs relations avec Damas.

L’Arabie saoudite a accueilli la semaine dernière une réunion de neuf pays arabes –les six Etats du Conseil de coopération du Golfe, ainsi que l’Egypte, l’Irak et la Jordanie– qui devait évoquer un éventuel retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe, dont elle a été exclue en 2012, avant la tenue de son prochain sommet le 19 mai dans le royaume.

Mais aucune décision n’a été prise lors de cette réunion, les neuf pays se bornant à dire avoir discuté de l’importance pour les pays arabes de « jouer un rôle de premier plan dans les initiatives visant à mettre fin à la crise » en Syrie.

Le président Assad avait déclaré le mois dernier que l’essentiel pour lui était de rétablir « de bonnes relations bilatérales » avec les pays arabes, avant un éventuel retour au sein de la Ligue arabe.

M.Moqdad s’est d’ailleurs rendu ces derniers jours en Algérie puis en Tunisie.

Avec l’AFP

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