Ghana's Vice-President Mahamudu Bawumia is sworn in at the Independence square in Accra, Ghana January 7, 2017. REUTERS/Luc Gnago

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Ghana: la crise économique déjà au cœur de la présidentielle de 2024

 ACCRA, 1 déc 2023 (AFP) – L’économie s’impose comme le sujet incontournable de la campagne pour l’élection présidentielle de décembre 2024 au Ghana, au moment où le pays est confronté à l’une des pires crises économiques de son histoire.

Désigné sans surprise début novembre candidat du parti au pouvoir, le Nouveau Parti patriotique (NPP), Mahamudu Bawumia s’efforce de se démarquer du bilan fortement critiqué de l’actuel chef de l’Etat Nana Akufo-Addo, dont il est le vice-président.

M.Bawumia, ex-gouverneur adjoint de la banque centrale, affrontera l’an prochain John Mahama, ancien président (2012-2017) et qui portera à nouveau les couleurs de son parti, le Congrès national démocratique (NDC).

Dans ce duel qui s’annonce serré, les partisans de M. Mahama espèrent que le bilan économique très mitigé du pouvoir handicapera le NPP, et fera pencher la balance en faveur de leur champion.

« L’état de l’économie dominera la campagne de l’année prochaine et ce sera le message clé de John Mahama », note le professeur Smart Sarpong, chercheur politique à l’Université technique de Kumasi.

Le camp de M. Bawumia reconnaît qu’il lui sera difficile de se dissocier complètement du bilan de M. Akufo-Addo, son allié de très longue date dont il a été le vice-président pendant huit ans. Mais ses soutiens comptent sur son expérience, sa visibilité de vice-président, son rôle dans la digitalisation de l’Etat pour le révéler en leader.

« Bawumia ne sera pas une autre ombre de Akufo-Addo. Il sera son propre candidat, avec ses propres idées » et « personne ne lui dictera comment il doit diriger le gouvernement, car il est assez compétent pour gérer cette économie », assure à l’AFP son porte-parole de campagne, William Frimpong Bonsu.

– « Dans le pétrin » –

Autrefois considéré comme un phare de stabilité politique avec un dynamisme économique remarqué et salué, le Ghana se débat aujourd’hui dans la pire crise économique qu’il ait connue depuis longtemps.

L’inflation galope autour des 35% et la dette publique a fortement augmenté, obligeant M. Akufo-Addo à changer de stratégie et solliciter un crédit de 3 milliards de dollars auprès du FMI.

Pour le NPP, le Ghana, comme d’autres pays subsahariens, a d’abord fortement souffert du contexte international, notamment du double choc du Covid et de la guerre en Ukraine.

Mais pour son rival du NDC, ce sont le NPP et sa politique qui sont responsables des difficultés économiques du pays. « Nous avons été trompés par le gouvernement d’Akufo-Addo, et ils nous laissent dans le pétrin », déclare Felix Kwakye Ofosu, porte-parole de campagne de M. Mahama.

« Bawumia ne savait pas gérer l’économie, et au moment où tout s’est effondré, nous avons couru vers le FMI pour obtenir un plan de sauvetage », dénonce-t-il.

Les deux parties rejettent tout appel à voter en fonction des liens ethniques, régionaux ou religieux, dans un pays qui n’est pas réputé pour les votes communautaires massifs.

Le nord du Ghana, dont sont tous deux originaires MM. Bawumia et Mahama et où le vote pourrait être très partagé, s’annonce comme un champ de bataille clé dans cette élection.

Le NPP est souvent vu comme un mouvement dominé par l’ethnie Akan, et très fort dans le sud. Mais son porte-parole de campagne William Frimpong Bons balaye cette vision. « Nous sommes un parti national et nous l’avons prouvé en élisant Bawumia comme notre chef », assure-t-il à l’AFP.

Le choix d’un vice-président est essentiel pour rallier le soutien dans leurs bastions respectifs du sud (Ashanti pour le NPP, la Volta pour le NDC) afin que les candidats puissent se concentrer sur des zones plus contestées.

« Les deux partis doivent obtenir autant de voix que possible dans leurs bastions pour pouvoir s’affronter dans trois régions: le Grand Accra (sud-est), les régions centrale et occidentale », estime le sondeur ghanéen Ben Ephson, qui estime que l’élection de 2024 n’est donc « pas une affaire réglée. »

Avec l’AFP

 

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