Burkina : Face à la fraude massive de l’or et à l’insécurité, la formalisation des orpailleurs préconisée

Gaoua, 21 juillet 2023 (AIB)-Le gouvernement burkinabè a engagé vendredi, des réflexions avec les orpailleurs, pour leur formalisation, afin d’accroitre leurs contributions au développement socio-économique , de lutter contre le terrorisme et de mettre fin à des fraudes massives d’or, estimées entre 9 et 30 tonnes par an vers les pays voisins.

Cadre d’échanges et de réflexions des acteurs de l’exploitation artisanale de l’or autour de l’amélioration de la gouvernance du secteur, la deuxième édition  de la Journée de l’artisan minier (JAM) se tient les 21 et 22 juillet 2023 à Gaoua sous le thème : «Exploitation minière artisanale : quels mécanismes pour une formalisation des exploitants afin d’améliorer les retombées socio-économiques du secteur ? ».

En effet, le ministre d’Etat, ministre de la Défense et des anciens Combattants, Kassoum Coulibaly, représentant le Président de la Transition, a procédé le vendredi 21 juillet 2023, à l’ouverture officielle de la présente édition de la JAM.

Selon le ministre de l’Energie, des Mines et Carrières, Simon Pierre Boussim, la JAM a été créée dans l’ambition d’apporter des solutions aux problèmes des artisans miniers.

Egalement, elle ambitionne être une rencontre de promotion des bonnes pratiques à travers la reconnaissance des acteurs qui s’illustrent positivement dans leurs activités d’exploitation minière artisanale et semi-mécanisée.

A l’en croire, le Président de la Transition s’est engagé à faire de l’exploitation des ressources minières, un levier de développement dont les retombées seront profitables au peuple burkinabè.

La formalisation de l’exploitation minière artisanale, un secteur stratégique employant selon les estimations plus d’un million de personnes sur les sites aurifères et fait vivre deux à trois millions de personnes, est une des priorités de la Transition en cours, a laissé entendre le premier responsable en charge du département des mines.

«Elle est même nécessaire pour la réalisation d’un des objectifs stratégiques de l’axe 4 du Plan d’action pour la Stabilisation et le développement qui vise à «Développer un secteur industriel et artisanal compétitif, à forte valeur ajoutée et créateur d’emplois décents, a-t-il soutenu.

Le ministre a  ajouté que les réformes du secteur minier engagées par le gouvernement visent non seulement à attirer et à sécuriser les investissements nationaux et étrangers, à améliorer la connaissance géologique et minière.

Mais aussi accroitre la contribution du secteur au développement économique et social du pays, eu égard aux ressources générées.

A titre illustratif, pour ce qui est de l’exploitation minière artisanale de l’or, les données indiquent plus de six cent sites actifs d’orpaillage répertoriés avec plus d’un million  de personnes vivant de cette activité (cartographie des sites d’orpaillage, 2018).

L’activité procure des revenus à plus de trois millions de personnes, a avancé M. Boussim.

Bien qu’informel, selon  les données de l’enquête nationale sur le secteur de l’orpaillage réalisée en 2017 par l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD, plus de 9,5 tonnes d’or métal correspondant à environ 235 milliards de francs CFA sont issus de l’exploitation minière.

«Ces données sont révélatrices de l’importance de l’exploitation minière artisanale dans notre société », a souligné le ministre en charge des Mines et des carrières.

Poursuivant Simon Pierre Boussim, a affirmé que l’informel constitue un frein à l’amélioration des retombées socio-économique liées à cette activité.

En effet, de nombreux acteurs font de l’exploitation minière artisanale sans un titre délivré par l’administration ou sur la base d’un titre qui n’est plus valide, a-t-il déploré.

Pour lui, cette situation constitue donc un terreau favorable à la fraude à la commercialisation de l’or que le gouvernement s’est engagé à combattre.

A l’en croire, les résultats de différentes enquêtes ont révélé que d’importantes quantités d’or issues de l’exploitation artisanale font l’objet de fraude chaque année à destination de pays voisins (Togo, Mali, Ghana, Côte d’Ivoire, Niger et Bénin).

«Suivant les sources, les données disponibles soulignent le fait qu’entre 9 et 30 tonnes d’or sortiraient illégalement du territoire national chaque année», a-t-il ajouté. D’où, un préjudice financier de centaines de milliards de francs CFA subit par l’Etat, foi du ministre.

Formaliser le secteur

 Dans le contexte actuel de lutte contre le terrorisme, l’informel n’est pas le seul problème lié à l’exploitation minière artisanale, a-t-il fait savoir.

En dehors de l’informel,  le ministre a affirmé que les informations indiquent une connexion entre l’exploitation artisanale de l’or et le financement de certaines actions terroristes.

D’où, selon lui, la nécessité d’un assèchement du financement du terrorisme à partir de cette exploitation.

D’après le ministre, il est important d’aller vers la formalisation du secteur. Toute chose qui permettra d’assurer la traçabilité de notre exploitation minière artisanale, a-t-il renchéri.

Le porte-parole des artisans miniers,  Abdoul Wahab Ben Sékou Barro a salué l’organisation de  ce cadre d’échanges et a souhaité sa pérennisation.

La situation sécuritaire difficile a amené le gouvernement à prendre des mesures au nombre desquelles la suspension temporaire des activités d’exploitation minière artisanale sur l’ensemble du territoire national.

Tout en comprenant le bien-fondé de la mesure, il a  sollicité auprès du Chef de l’Etat, un assouplissement de la mesure dans les zones surtout à faible défis sécuritaires.

M. Barro a aussi noté que le secteur demeure confronté à plusieurs préoccupations liées notamment au faible encadrement et organisation du secteur, à la faible formalisation des acteurs, au caractère encore rudimentaire de certains moyens d’exploitation et de traitement, à la cohabitation souvent difficile avec les populations riveraines et également avec les exploitants industriels.

C’est pourquoi, le représentant a sollicité l’accompagnement sans faille de l’Etat par un encadrement de proximité et le renforcement des capacités opérationnels des artisans miniers.

Par ailleurs, il a dit espérer qu’au sortir de cette rencontre, des solutions à même d’endiguer les fléaux qui minent l’exploitation artisanale seront trouvées et des mécanismes d’accompagnement seront mis en place.

La fin de la  cérémonie d’ouverture a été marquée par la visite des stands  En marge de l’ouverture de la deuxième édition de la journée de l’artisan minier, les artisans miniers ou orpailleurs ont remis 50 motos aux Forces combattantes, afin de lutter contre le terrorisme.

En rappel durant, les deux jours, une exposition de meilleure pratique d’exploitation minière artisanale responsable et une récompense des acteurs méritants de l’artisanat minier, sont prévues.

Agence d’information du Burkina

BJMT/ata

 

 

 

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