Taibatou Semporé, pendant qu'elle composait.

BEPC 2023: Taibatou Semporé ou le symbole de la persévérance

 Koudougou, 14 juin 2023 (AIB)-Taibatou Semporé, candidate non voyante, a été déclarée admise le 14 juin 2023, à l’issue des délibérations de l’écrit de contrôle du BEPC, session de 2023. Cette réussite couronne tant de sacrifices et d’efforts consentis par la jeune fille qui rêve de voir, un jour, son nom figuré sur la liste des avocats du barreau burkinabè.

« Je suis très contente car j’ai beaucoup travaillé pour ça », s’est exprimée Taibatou Semporé à la déclaration de son admission le 14 juin 2023. Et d’ajouter : « Je remercie ma famille, tous mes enseignants, mes camarades et tous ceux qui m’encouragent dans mes études. Je vais continuer à travailler », dit-elle convaincue que le handicap n’est pas une fatalité.

La native de Palogo dans le département de Koudougou, est née sans la vue mais ce handicap n’a entamé en rien sa foi inébranlable à se frayer un chemin dans le système éducatif.

Elle croit fermement en son rêve : devenir avocate au barreau burkinabè.

Mais en attendant, il lui fallait d’abord franchir le pallier du Brevet d’études du premier cycle (BEPC)

Pour la composition, une salle aménagée au jury 1 au centre du lycée provincial de Koudougou. Assise au milieu de la salle, matériel de travail à portée de mains, elle attend avec une sérénité apparente, ses sujets.

Le directeur régional des enseignements post primaire et secondaire du Centre Ouest, Bienzi Didier Paré,observant la transcription d’une épreuve.

Le directeur régional des Enseignements post primaire et secondaire du Centre Ouest, Bienzi Didier Paré, était sur les lieux pour constater de visu le déroulement de la composition et surtout encourager la candidate Semporé.

Au bout des épreuves, la détermination de Taibatou Semporé, lui a valu des lauriers, en atteste le BEPC qu’elle vient de cueillir comme une mangue mûre.

Mais quel est le mécanisme mis en place pour lui permettre de composer les différentes épreuves ?

A cette question, l’enseignant spécialiste en braille, Vincent Zagré répond : « Après l’ouverture de l’enveloppe de chaque épreuve, nous recevons, mon collègue et moi,  un exemplaire du sujet que nous scannons pour avoir un fichier Word. Ensuite, à l’aide d’un logiciel dénommé DBT, nous faisons la transcription du sujet du format Word en braille et nous procédons enfin à l’impression sur les feuilles cartonnées avec un appareil spécialisé».

Cependant, certaines questions notamment les schémas, les tableaux et les figures dans des disciplines telles que les mathématiques et les sciences physiques, les sciences de la vie et de la terre, sont pratiquement impossibles à traiter par la candidate, ajoute l’enseignant.

«Dans ces cas de figure, en collaboration avec le président du jury et l’encadreur pédagogique de la discipline concernée, nous reformulons les items afin de pouvoir les transcrire en braille pour la candidate qui bénéficie comme tout candidat vivant avec un handicap, d’un temps supplémentaire qui équivaut au tiers du temps imparti à chaque épreuve. A la fin de la composition, nous procédons au décodage de sa production en braille pour permettre aux correcteurs de pouvoir corriger», a-t-il expliqué.

Le processus n’est pas sans difficultés selon le spécialiste en braille.

« Il y a des difficultés que nous rencontrons parmi lesquelles les pannes d’électricité qui peut survenir à tout moment et retarder tout le travail de transcription et d’impression. De même, le fait de devoir faire la transcription sur place avant l’administration de l’épreuve, nous met la pression et surtout met la candidate dans de longues périodes d’attente et cela peut être une source supplémentaire de stress», assure Vincent Zagré.

Si M. Zagré salue les efforts consentis pour l’éducation inclusive et le maintien de la candidate dans son environnement habituel, toutes choses qui lui ont évité le dépaysement et les problèmes de mobilité.

Toutefois, Vincent Zagré ne perd pas de vue que l’on gagnerait à transcrire en braille les sujets depuis la direction générale des examens et concours et scellés dans les enveloppes comme cela est le cas au niveau du primaire.  Et de conclure  en disant qu’il ne restera au niveau du jury que l’administration des épreuves et le décodage.

Tout comme Monsieur Zagré, Taibatou Semporé plaide pour une amélioration des conditions de composition des examens au profit des candidats vivant avec un handicap.

Agence d’information du Burkina

Pascal BAKO

Nadoro TRAORÉ

(Collaborateur)

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Captcha verification failed!
Le score de l'utilisateur captcha a échoué. Contactez nous s'il vous plait!