Métier de ferronnier à Bobo-Dioulasso

De nombreux risques cachés derrière les marmites artisanales

A Bobo-Dioulasso, des artisans (ferronniers) s’adonnent à la fabrication artisanale de marmites, louches et autres écumoires. Derrière la beauté de ces ustensiles de cuisine se cachent une minutie dans le travail et de grands risques liés aux méthodes de travail rudimentaires dans les ateliers de ferronnerie. Focus sur les réalités de ces ferronniers !

Jeudi 3 août 2023. Il est 9 h30 mn à la grande carrière de Colma, sis au secteur 30 de Bobo-Dioulasso. Nous sommes accueillis par une odeur nauséabonde. C’est à proximité de ce dépotoir à ciel ouvert qu’est installé l’atelier de ferronnerie de Ousmane Koné. Ferronnier depuis une dizaine d’années, il s’est spécialisé dans la fabrication artisanale de petites marmites (N°1 et N°2). « J’ai appris le métier avec mon grand-père », confie l’artisan. Depuis ce matin, il est à la tâche. Le processus de fabrication est délicat. « Je prépare d’abord les moules à l’aide de la terre, ensuite j’allume le four à charbon pour faire fondre l’aluminium », nous explique-t-il. Le métal fondu est ensuite renversé dans des moules rudimentaires pour créer des produits finis. Assis devant le four, le pantalon troué par les étincelles de charbon, il raconte qu’une fois l’aluminium versé, il ne faut que deux minutes pour que les marmites sortent de terre. Cet exercice dangereux et délicat, Ousmane Koné le fait sans la moindre protection. Les étincelles brûlantes, les fumées toxiques et les projections de métal sont monnaie courante. « On n’a rien pour nous protéger. On est obligé de travailler comme ça. Souvent, les étincelles et même l’aluminium nous brulent », ajoute le trentenaire. Ainsi, sans gants de protection, il manipule le métal chaud, es mains s’exposant ainsi à des blessures graves dans son four artisanal.

Des matières premières précieuses

 

De l’autre côté de la ville, au quartier Bindougousso, un autre atelier. Celui de Yacouba Yé. Ici, une dizaine de personnes spécialisées dans la fabrication de grosse marmite (N°15) y travaillent. Même si les marmites sont plus grandes que chez Ousmane Koné, les procédés de fabrication restent les mêmes. Faire fondre l’aluminium et le verser dans un moule pour lui donner la forme que l’on souhaite. Yacouba Yé et son équipe en fabrique une quinzaine par jour. Là aussi, tous se fait sans aucune protection. « Nous essayons d’être prudents dans la manipulation du métal et du feu », affirme le jeune ferronnier, préparant le moule de sa dixième marmite de la journée. Il nous confie qu’il s’est plusieurs fois blessé lors de son travail, le rendant parfois inapte pendant quelques jours.  Outre les risques pour leur santé, ces artisans font face à d’autres difficultés qui entravent leur activité. L’accès limité aux matières premières de qualité à des prix abordables constitue un obstacle majeur pour eux.

« On achetait le kilogramme d’aluminium à 600 F CFA. Mais aujourd’hui, il est passé du simple au double. Le kilogramme est acquis présentement à 1 200 FCFA », laisse entendre Yacouba Yé. A l’en croire, cette augmentation est due à l’exportation de la matière première. « La situation sécuritaire aussi a entrainé une hausse du coût du charbon de bois. Ce qui diminue considérablement mon rendement », ajoute-t-il, le visage crispé. Pour faire face à ces difficultés, il a modernisé son atelier en installant un système solaire pour soufflé le feu. Malgré les risques et les défis, ce métier reste une source essentielle de revenus pour de nombreuses familles. Ces artisans talentueux produisent des ustensiles de cuisine indispensables pour les foyers. « Je vends ma production le plus souvent en gros. L’unité coûte entre 8 000 et 12 000 F CFA, selon le modèle de marmite », confie, Yacouba Yé, le chef de l’atelier.

Noufou NEBIE

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