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Le Zimbabwe adopte une loi « patriotique », liberticide selon l’opposition

 

 HARARE, 1 juin 2023  – Le Zimbabwe a adopté une loi qui criminalise le fait de « porter volontairement atteinte à la souveraineté et à l’intérêt national », vivement dénoncée dans la nuit de mercredi à jeudi par l’opposition comme un baillon supplémentaire imposé par un pouvoir autoritaire.

 

Le Parlement a adopté ce projet de loi dit « patriotique » mercredi soir, à moins de trois mois de l’élection présidentielle et des législatives dont le pouvoir a annoncé le même jour qu’elles se tiendraient le 23 août.

 

Le texte a été adopté à une majorité écrasante de 99 députés du Zanu-PF, le parti au pouvoir depuis l’indépendance, tandis que les députés de l’opposition ont vivement dénoncé une loi qui va restreindre la liberté d’expression et de la presse.

 

« Un jour très triste », a réagi le journaliste militant Hopewell Chin’ono, devenu une figure d’opposition après plusieurs séjours en prison en raison de ses tweets. « La liberté d’expression est désormais morte », a-t-il twitté dans la nuit.

 

« Que l’histoire retienne que je n’ai pris aucune part à cette agitation et à ce cirque », a commenté, amer, le député d’opposition Temba Mliswa, qui s’est vivement opposé au projet de loi.

 

Le texte va maintenant passer par le Sénat avant d’être approuvé par le président, sans suspense.

 

Il restreint la liberté d’association et interdit certaines critiques contre le gouvernement et les actes considérés comme portant délibérément atteinte à « la souveraineté et à l’intérêt national » du pays d’Afrique australe, un concept assez flou pour permettre des dérives selon les critiques de la loi.

 

« C’est un projet de loi honorable avec de bonnes intentions », a plaidé mercredi soir le député de la majorité Joseph Chinotimba, assurant que le texte « nous encourage à faire preuve de patriotisme à l’égard de notre pays, quelle que soit notre appartenance à un parti ».

 

« Le projet de loi vise à décourager les personnes qui disent du mal de leur pays », a-t-il ajouté et à « encourager les Zimbabwéens à aimer leur pays et à cesser de le dénoncer ».

 

Musa Kika, directeur du Forum des ONG de défense des droits de l’homme au Zimbabwe, a confirmé qu’il y avait de fortes chances que cette loi soit adoptée. « Le Sénat a l’habitude d’approuver des projets de loi en une heure », a-t-il commenté.

 

Cette loi, « draconienne » à ses yeux, est « terrible, terriblement mauvaise ».

 

« C’est une loi anticonstitutionnelle. Elle porte atteinte à la liberté d’expression, à la liberté de réunion, à la liberté d’association, à toutes sortes de droits civils et politiques », a-t-il affirmé à l’AFP.

Avec l’AFP

 

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