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Le président de la BBC démissionne après une affaire de conflit d’intérêts

LONDRES, 28 avr 2023  – Le président de la BBC, Richard Sharp, a annoncé vendredi sa démission, emporté par une affaire de conflit d’intérêts liée à un coup de pouce dans les affaires privées de l’ex-Premier ministre Boris Johnson peu avant sa nomination à la tête du groupe public audiovisuel britannique.

 

Un rapport publié vendredi a conclu à une violation des règles sur les nominations publiques.

 

Ancien banquier, autrefois patron de l’actuel Premier ministre Rishi Sunak quand il était chez Goldman Sachs, Richard Sharp, 67 ans, avait été nommé en 2021. Et ce peu de temps après avoir joué les entremetteurs pour aider Boris Johnson, alors Premier ministre, à obtenir un prêt de 800.000 livres sterling (906.000 euros).

 

Comme c’est l’usage, c’est sur recommandation du chef du gouvernement britannique que le président de la BBC avait été nommé.

 

Le rapport publié vendredi a conclu qu’en omettant de déclarer le rôle qui avait été le sien dans l’obtention par Boris Johnson d’une garantie pour le prêt, Richard Sharp avait risqué de donner l’impression qu’il n’était pas indépendant vis-à-vis de celui qui était alors Premier ministre.

 

Il estime aussi qu’il risquait de donner l’impression d’influencer Boris Johnson pour obtenir son soutien, en l’avertissant de sa candidature à la présidence de la BBC avant de la soumettre formellement.

 

Le rapport « conclut que j’ai enfreint le code de gouvernance pour les nominations publiques », mais que cette violation « n’invalide pas nécessairement la nomination », explique Richard Sharp dans un communiqué annonçant sa démission.

 

Invoquant une violation « par inadvertance », Richard Sharp fait valoir qu’il veut faire passer en premier « les intérêts de la BBC », estimant que cette affaire pourrait représenter une « distraction » par rapport au « bon travail » du géant de l’audiovisuel britannique.

 

Sa démission sera effective à la fin du mois de juin.

 

Dans une lettre à Richard Sharp, la ministre de la Culture Lucy Frazer a dit « comprendre et respecter » sa décision, le remerciant pour son travail à la présidence de la BBC.

 

Au coeur d’une vive polémique après avoir été suspendu pour avoir comparé la rhétorique du gouvernement à celle de l’Allemagne nazie des années 1930, le présentateur Gary Lineker a estimé que le président de la BBC ne devrait jamais être choisi par le gouvernement. « Ni maintenant, ni jamais », a-t-il tweeté.

 

Cette institution incontournable du paysage audiovisuel britannique a fêté à l’automne son centenaire en plein doute, tourmentée par la concurrence des plateformes payantes et les menaces qui planent sur son financement public.

 

La BBC s’est aussi retrouvée ces dernières années sous le feu des critiques des conservateurs au pouvoir, l’accusant de couverture biaisée, notamment sur le Brexit, et d’être centrée sur les préoccupations des élites urbaines plutôt que des classes populaires.

 

Le gouvernement –alors dirigé par Boris Johnson– a gelé début 2022 pour deux ans la redevance (159 livres, soit 180 euros par an), alors que l’inflation met les finances des ménages à rude épreuve. Il avait aussi évoqué sa suppression à terme, une menace controversée jusque dans les rangs conservateurs.

 

Sous pression budgétaire, le groupe a annoncé en mai un plan visant à faire 500 millions de livres (586 millions d’euros) d’économies par an. Un millier d’emplois (sur un total d’environ 22.000 employés) sont supprimés, des chaines sont fusionnées et d’autres passent exclusivement en ligne.

Avec l’AFP

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