A écouter Siriki Barro, le commerce de boyaux nourrit bien son homme.

Commerce d’abats à Bobo-Dioulasso

Une matinée dans l’univers du business du 5e quartier

Le commerce des abats, encore appelés 5e quartier, occupe plus d’un à Bobo-Dioulasso. Parallèlement à la viande rouge, ces produits de boucherie composés entre autres de têtes, pattes, peaux, foie, estomac et intestins des animaux sont bien prisés par les consommateurs. Nous nous sommes plongés dans l’univers du business du 5e quartier dans la matinée du jeudi 26 janvier 2023 à l’abattoir frigorifique de la cité de Sya.

 

Jeudi 26 janvier 2023. Il vient d’être 7 heures à l’abattoir frigorifique de Bobo-Dioulasso. Au côté est du site d’abatage, se dresse un mini-marché. C’est celui des abats encore appelé 5e quartier, c’est-à-dire ce qui reste après la découpe de la carcasse en 4 quartiers. Il s’agit des têtes, pattes, estomacs, intestins, foies, cœurs, peaux fraiches, … Clients, vendeurs et détaillants se frottent en cette matinée glaciale du mois de janvier, le tout dans une atmosphère bruyante. Les vendeurs sont disposés en couloirs, certains sous un hangar, d’autres à ciel ouvert. Le vieux Issa Sanou n’a pas encore de temps à nous accorder. Il découpe et répartie en des tas qu’il majore quelques fois, discutant avant sa clientèle à qui il vend en gros et en détail. Sa spécialité, la vente des intestins et des estomacs de bœufs. « Je peux vendre jusqu’à 10 boyaux (Ndlr : intestins + estomac, selon le langage local) », affirme-t-il, assis au milieu des tripes. Le boyau du bœuf, se négocie entre 3 000 et 5 000 F CFA selon la taille. Un peu plus loin, c’est l’étal de Siriki Barro, boucher à la même spécialité. Il est grossiste de boyau et de foie de bœuf. « Je suis né dans ce commerce, mon père le faisait également », informe-t-il. Le commerce de boyaux nourrit bien son homme, à l’écouter, même s’il n’exclut pas quelque fois des revers. Le kilogramme de foie fait 3 500 F CFA, mais le boyau n’a pas de tarif chez Siriki Barro. Il se négocie à la tête du client. « Sur un boyau tu peux avoir 500 à 1 500 F CFA d’intérêt. Il y a aussi des clients qui prennent à crédit et ne paient pas en retour », estime-t-il, avant de préciser qu’il peut écouler 20 à 30 boyaux par jours.

Comme ici chez Issa Sanou, les vendeurs et les clients d’abats se discutent les prix.

« C’est devenu trop cher … »

 

Adama Ouattara, fait dans le commerce des têtes et pattes de bœufs dans le même marché. Une dizaine de têtes de bovidés sont disposées devant son hangar. Ces têtes sont minutieusement dépecées et débarrassées des os. Mais avant, tout près, un autre groupe est chargé de débarrasser les têtes et les pattes de leurs poils moyennant quelques sous. C’est un business à la chaine. Aux yeux de Adama Ouattara, le marché est au ralenti ces dernières années. « Je suis arrivé ici en 1999 et ça marchait bien. Mais c’est devenu trop cher, ce qui a fait fuir beaucoup de nos clients », raconte le natif de Orodara. Le prix moyen d’une tête de bœuf se négocie actuellement, confie-t-il, à 20 000 F CFA. « Dans les périodes fastes, je pouvais vendre jusqu’à 40 têtes par jour mais maintenant je tourne autour de 20 », déplore le vendeur. La langue et le cœur se vendaient à l’époque à 700 F mais de nos jours leur prix est grimpée à 2 500 voire 3 000 F, témoigne-t-il. Pour lui, les causes les plus évidentes sont la cherté du prix des aliments pour bétail et surtout l’insécurité qui a diminué le flux des animaux, les zones d’élevage étant les plus touchées. M. Ouattara a néanmoins connu de beaux jours dans ce métier. « Ça rapporte beaucoup. J’ai beaucoup gagné dans ce commerce. J’ai pu construire, je paie les scolarités de mes enfants », se félicite-t-il. Sa seule prière du moment, c’est la fin de l’insécurité. Moustapha Diakité est venu s’approvisionner en cervelle, foie et boyau. Ce grilleur de viande installé au secteur 21 de Bobo-Dioulasso, à proximité du marché de fruits et de légumes de la ville, achète quotidiennement au minimum 25 000 F CFA d’abats. Le boyau est utilisé pour préparer de la soupe, alors que le foie et le rognon sont grillés, dit-il. Sa marchandise, est bien prisée des clients si fait qu’il peut tirer un bénéfice journalier de 10 000 à 15 0000 F CFA.

Il est 8h30, le soleil monte progressivement sur l’abattoir frigorifique de Bobo-Dioulasso. Les activités s’intensifient entre commerçants et acheteurs d’abats. Les uns s’activent pour écouler leurs marchandises, les autres pour s’en procurer afin d’aller démarrer leur commerce en ville.

Alpha Sékou BARRY

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