Entrepreneuriat féminin

La teinture du Koko dunda, un gagne-pain à Bobo-Dioulasso

Des femmes de la ville de Bobo-Dioulasso exercent dans la fabrication (teinture) des pagnes Koko dunda. Cette activité est devenue le gagne-pain de beaucoup d’entre elles. Sidwaya est allé, le lundi 29 août 2022 à leur rencontre.

 

Ida Florence Koussoubé réside au secteur 29 de la ville de Bobo-Dioulasso. Depuis trois ans, elle fait dans la fabrication des pagnes burkinabè communément appelés Koko dunda. Les tissus, explique-t-elle, en cette matinée du lundi 29 août 2022, proviennent de l’Occident. Florence Koussoubé regrette que de plus en plus, ces tissus sont vendus à des coûts vraiment élevés. « Avant, on pouvait avoir le mètre à 600 F CFA/l’unité mais de nos jours, avec la cherté de la vie, il est passé à 800 F, alors qu’il nous faut 2,5 m pour faire un pagne », a laissé entendre Mme Koussoubé. Elle ajoute que parfois, la teinture ne marche pas comme souhaité, à cause de la mauvaise qualité des tissus. « Nous les revendons à vil prix aux commerçants des petits villages mais cela aussi a connu un frein du fait de la crise sécuritaire », précise-t-elle. Une situation qui, aux dires de Ida Florence Koussoubé, cause de nombreuses pertes. C’est pour cette raison, dit-elle, que les fabricants de Koko dunda se sont tournés vers des tissus en coton glacé et les tremblants.

Biba Dembélé est mariée et mère de deux enfants. Elle habite le secteur 32 de la ville de Bobo-Dioulasso et exerce dans la fabrication de ces pagnes depuis peu au quartier Tounouma de la ville de Sya. Le processus de teinture du Koko dunda, explique-t-elle, diffère d’une teinturière à une autre. Pour la confection, elle utilise de la teinture, la soude, l’amidon et le sodium. « Après avoir fait les différents modèles sur les tissus, nous chauffons de l’eau bouillante, puis nous ajoutons la couleur de teinture que nous voulons obtenir ainsi que l’amidon et la soude. Ensuite, nous trempons les tissus dans le mélange obtenu, puis nous laissons reposer pendant 30 minutes maximum, avant de les enlever, de les rincer et de les sécher au soleil », détaille-t-elle. Pour Mme Dembélé, le travail comporte des risques, parce que la soude étant très dangereuse, le contact permanent ronge les mains et peut aussi crever l’œil. « Nous nous protégeons le plus possible pour éviter ces risques. De plus, le travail de la teinture n’est pas facile en ces temps pluvieux ou l’activité connait un ralentissement parce qu’on a des difficultés pour le séchage », poursuit-elle.

 

Une fierté nationale

 

Dans le quartier Tounouma toujours, Raïssa Sanou, élève en classe de 5e, fait ce travail pendant les vacances. « J’aide ma mère, en plus de profiter pour apprendre comment la teinture se fait. Cela me permet de gagner un peu d’argent pour préparer ma rentrée scolaire », fait savoir l’élève. De ce fait, Raïssa Sanou interpelle les jeunes de son âge à travailler afin d’éviter de demander chaque fois aux parents ce qu’ils peuvent eux-mêmes acquérir en travaillant.

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Elisabeth Kaboré est une étudiante de 27 ans qui fabrique le Koko dunda depuis 4 ans. A l’entendre, ce sont les difficultés de la vie estudiantine qui l’ont amenée à entreprendre. « J’ai décidé de faire ce métier pour subvenir à mes besoins », explique-t-elle. Etudiante en licence de microbiologie à l’université Nazi Boni, Orokiatou Lingani est, pour sa part, rentrée dans la teinture par passion. Pour elle, c’est une manière de valoriser les pagnes locaux dans le quotidien du Burkinabè tout comme à l’international. Comme dans toute entreprise, Mlle Lingani est confrontée à des difficultés dans l’approvisionnement en matière première comme les tissus, la teinture … devenus de plus en plus sollicités.  En cette saison d’hivernage, confie l’étudiante, la pluviométrie ne favorise pas le séchage des pagnes. Malgré les difficultés, le métier, selon Orokiatou Lingani, est tout de même rentable. « Le travail de la teinture nous permet de faire des investissements dans d’autres domaines. En plus c’est une fierté pour nous lorsqu’on parle du Koko dunda comme une identité du Burkina Faso », souligne-t-elle. Et Mme Koussoubé de renchérir que cette activité lui permet de subvenir à ses besoins et de prendre en charge ses « petites dépenses ». C’est pourquoi, elle encourage les femmes à entreprendre car la vie actuelle, dit-elle, est très difficile. Pour sa part, Orokiatou Lingani exhorte la jeunesse burkinabè, surtout estudiantine à entreprendre, convaincue qu’elle est qu’il n’y a pas de sot métier.

Yeri Fidélia SIB

(Stagiaire)

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