Campagne agricole 2020-2021

 

De grosses inquiétudes dans le « Grenier du Burkina »

 

La campagne agricole 2020-2021 dans la Boucle du Mouhoun suscite des inquiétudes du fait de la rareté des pluies. Jusqu’à la date du 07 juillet 2020, dame nature se faisait prier dans le « grenier du Burkina ». Pour contrer le retard causé par le manque de pluies, les producteurs ont fait l’option de mettre à profit les avancées technologiques avec les variétés améliorées à court cycle.

 

Mardi 7 juillets 2020. Il est 11 heures 30 minutes à Yiritenga, dans la commune de Dédougou, province du Mouhoun. Issouf Koalga, en compagnie de ces deux filles sous un soleil ardent, s’attèlent au semi du sorgho sur un sol aride. C’est la troisième fois, que sieur Koalga sème sur la même parcelle, les deux dernières fois avérées infructueuses par manque de pluie. Du jamais vu selon le quinquagénaire depuis qu’il est adulte. « Tout petit j’ai vécu une situation similaire dans les années 70, si ce n’est pas cette année, je n’ai jamais assisté à un début de campagne aussi difficile » a-t-il déclaré avec amertume. De quoi avoir peur pour le reste de la saison pluvieuse. « Si en juillet nous n’avons pas une bonne pluviométrie, il nous sera difficile de faire une bonne saison. Nous avons vraiment peur pour la suite », se lâche-t-il. Des inquiétudes partagées par le jeune Zakaria Sawadogo. « Nous nous interrogeons sur l’issue de cette saison hivernale. Nous ne savons pas ce que nous allons devenir au regard de la rareté des pluies. Cela fait pratiquement un mois que nous n’avons pas eu de pluie à Koukatenga », dit-il. Ni les prières, ni les rites coutumiers pour implorer la clémence de dame nature, n’ont rien changé à cette rareté des pluies. « Après les sorties infructueuses des femmes et des coutumiers, c’est au tour des religieux aujourd’hui (ndlr 7 juillet 2020) qui se sont rendus en brousse pour des prières afin qu’on ait la pluie », confie M. Sawadogo. Contrairement à Issouf Koalga, Zakaria Sawadogo a su profiter des premières pluies. Le 7 juillet 2020, il débarrassait les mauvaises herbes de son sorgho au stade de levée qui présentait une bonne physionomie même si le feuillage qui ployait sous le soleil à plomb réclamait inespérément l’eau. Un début de campagne agricole compliqué confirmé par le directeur régional de l’agriculture et des aménagements hydrauliques de la Boucle du Mouhoun, Dométierké John Herman Hien. « Sur quatorze postes pluviométriques suivis dans la région, sept sont déficitaires à la date du 14 juillet 2020 en comparaison à la même situation de l’année dernière. D’où les retards dans certaines activités notamment les labours. Ce qui n’a pas permis une mise en place habituelle des cultures à bonne date », indique le directeur régional.

 

Les semences améliorées, l’espoir des producteurs

 

Mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter relativise Dométierké John Herman Hien car dit-il, « les contraintes pluviométriques sont à ce jours levées. Surtout que les prévisions nous indiquent qu’il y aura une pluviométrie normale à tendance excédentaire. Et la pluie diluvienne d’hier (ndlr le 13 juillet 2020) avec des inondations dans quelques endroits vient confirmer ces prévisions ». Outre les prévisions pluviométriques qui présagent des lendemains meilleurs, le directeur régional de l’agriculture et des aménagements hydrauliques de la Boucle du Mouhoun suggère les semences améliorées aux producteurs dans l’espoir de combler le vide laissé par les poches de sècheresse. La recherche agricole, selon John Hien, a fait des merveilles avec la mise à la disposition des producteurs des semences améliorées de qualité nutritives. « En plus de travailler sur la longueur du cycle, les chercheurs ont réussi à trouver des variétés riches en nutriment qui tolèrent la sècheresse et résistent mieux aux maladies », se réjouit-il. Du « Komsaya », au « Bondofa » en passant par le « Sanem », les producteurs ont le choix entre ces variétés hybrides de maïs qui s’adaptent aux aléas climatiques. D’une couleur jaune avec une texture du grain corné-denté, selon le chercheur généticien à l’institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA) Edgard Traoré, coordonnateur du forum ouvert à la biotechnologie agricole au Burkina (OFAB-Burkina), le « Komsaya » est par exemple d’un cycle précoce de 85 à 95 jours. Son rendement, poursuit le coordonnateur d’OFAB-Burkina, est de 08 à 09 tonnes à l’hectare. L’Orylux6, le TS2, le FKR60N, ou encore le FKR62N sont aussi de variétés de riz de 100 à 120 jours que l’institut de l’environnement et de recherches agricoles, a mis au point en janvier 2020 pour permettre de parer à l’installation tardive des pluies. Ces variétés de riz d’un rendement de 5 à 7 tonnes à l’hectare, selon les chercheurs, requièrent moins d’eau pour leur culture parce que « la source de la gêne est de type pluvial ». « Habituellement, nous semons des variétés de quatre à cinq mois de cycle, mais avec le manque de pluies cette année, nous allons bouleverser ses habitudes en optant pour les semences de cycles courts de trois à quatre mois maximum pour espérer récolter en fin de saison », confie Issouf Koala.

Kamélé FAYAMA

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