Campagne agricole 2019-2020

Un suspense dans la Boucle du Mouhoun

 

Démarrée avec un retard, la campagne agricole 2019-2020, dans la Boucle Mouhoun, laisse beaucoup de suspens au regard de la rareté des pluies. Tout de même, les acteurs gardent un espoir pour une issue favorable.

 

Samedi 10 août 2019. Il est 12 heures à Banou, village de la commune rurale de Safané, situé à une soixantaine de kilomètres de Dédougou. Sous un soleil de plomb, N’Dien Koté et les membres de famille, s’attèlent aux semis du haricot. « Pourquoi à cette période de la saison, vous semez toujours » ? Le chef de famille, rétorque que c’est la troisième fois qu’ils sèment sur cette parcelle. Les deux premières où ils ont semé le sésame ont été infructueuses par manque de pluie. A quelques kilomètres de l’exploitation de M. Koté, perdus dans un champ de coton au stade de floraison, Issa Yé et son frère, dans le village de Yankasso, s’attèlent à débarrasser l’or blanc des mauvaises herbes en attendant que dame nature ouvre ses vannes pour leur permettre de butter leur champ. « Nous sommes un peu en retard cette année par rapport à l’année dernière où à cette période, on avait fini de faire les buttes », confie Issa Yé, qui admire tout de même ses quelques cinq hectares de coton et ses deux hectares de maïs qui présentent une bonne physionomie. Ces deux témoignages de Koté N’Dien et de Issa Yé, illustrent l’installation tardive des pluies dans la Boucle du Mouhoun en cette campagne agricole. « Nous avons eu énormément de difficultés par manque de pluies au début de la saison, mais aujourd’hui nous nous réjouissons, même si ces derniers temps nous constatons un arrêt momentané de la pluie », laisse entendre M. Koté. Des propos corroborés par le directeur régional de l’agriculture et des aménagements hydrauliques de la Boucle du Mouhoun, Sié Gustave Sanon, qui confirme l’installation tardive de la campagne agricole dans la région.  « De façon générale, la campagne au moment où nous sommes, comparée à la même période de la campagne dernière, il y a un léger retard du point de vue la physionomie des cultures et de la différence très importante de la hauteur pluviométrique enregistrée », confie -t-il.  En effet, poursuit M. Sanon, la décade au 10 août 2019, comparée à la décade au 10 août 2018 est déficitaire dans dix postes des quatorze postes suivis dans la Boucle du Mouhoun. Et le cumul pluviométrique de la campagne des premières pluies du mois de mai à août 2019, selon M. Sanon, fait ressortir 8 postes déficitaires sur les 14 avec le poste de Bagassi dans la province des Balé qui enregistre le plus gros déficit pluviométrique.

 

Environ 1 300 hectares infestés par les chenilles légionnaires

 

Malgré ce contraste pluviométrique, le technicien de l’agriculture nourrit l’espoir quant à l’issue de cette campagne. « Certes le déficit pluviométrique est assez important mais nourrissons l’espoir que les pluies vont se prolonger afin que les cultures puissent boucler leur cycle. Etant donné que les cultures tel que les céréales ont été semés à temps, les dernières pluies qui vont s’installer leur permettront de boucler leur cycle », espère Sié Gustave Sanon. Le même espoir est partagé par les producteurs qui se disent confiants. Outre le problème pluviométrique, Issa Yé pointe du doigt les semences qui, selon lui, ne sont pas de bonne qualité. « Nous avons semé à plusieurs reprises à des moments où il pleuvait mais les semis n’ont pas poussé, ce qui m’amène à accuser les semences qui, pour moi ne sont pas de bonne qualité », soutient Issa Yé. La pression parasitaire, la difficulté de la distribution des engrais et des cas d’inondation sont, entre autres, difficultés rencontrées par les acteurs de l’agriculture en cette campagne. « L’autre difficulté majeure, c’est la pression parasitaire. Sur l’ensemble de la région, nous totalisons environ 1 300 hectares infestés par la chenille légionnaire. Pour ce qui concerne les intrants nous n’avons pas eu de difficulté à disponibiliser les semences. Par contre, nous avons eu quelques soucis dans la distribution des engrais », témoigne le directeur régional en charge de l’agriculture. Au moment de la distribution des semences, poursuit M. Sanon, la totalité des engrais, n’était pas disponible parce que le fournisseur ne s’est pas exécuté à temps. Maintenant que tous les engrais sont disponibles, la distribution pose problème avec les pluies et la question sécuritaire qui rendent certaines zones inaccessibles, notamment une bonne partie de la province des Banwa et deux communes de la province de la Kossi, coupée de la région. Quant aux deux communes (Toéni et Kiembara) de la province du Sourou, c’est la question de l’insécurité qui retarde la disponibilité des engrais dans cette zone. La réponse à l’attaque des chenilles légionnaire, à en croire M. Sanon, a été préparée même s’il reconnait que la quantité des pesticides est insuffisante pour couvrir la superficie infestée. « Des dispositions avaient été prises même si elles ne sont pas suffisantes du point de vue de la quantité des pesticides mises à la disposition de l’ensemble des producteurs. Mais toutes les communes de la région ont été dotées en produits de traitement. Il s’agit donc pour chaque producteur de veiller à l’identification de ces ravageurs et de le signaler le plus tôt possible », a dit Sié Gustave Sanon.

Kamélé FAYAMA

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