Opération caisses vides

Une situation « destructrice » des centres de santé à Dédougou

 

Engagé le 7 juin 2019, le mot d’ordre « opération caisses vides » se poursuit dans les formations sanitaires publiques du Burkina jusqu’au 1er septembre 2019. Un tour dans la journée, du mardi 23 juillet 2019, a permis de faire le point du mouvement dans les trois centres de santé de Dédougou dans la Boucle du Mouhoun.

 

Après les grèves de 48 heures puis 96 heures suivies du boycott des gardes et des permanences pour réclamer du gouvernement la mise en œuvre du protocole d’accord signé avec le Syndicat national des travailleur de santé humaine et animale (SYNTSHA), le 13 mars 2017, le personnel de santé est rentré dans une autre phase de lutte depuis le 7 juin 2019 pour se faire entendre. Il s’agit de « l’opération caisses vides » qui consiste à exempter les patients des frais de consultation, d’intervention chirurgicale, d’examens médicaux en radiologie ou au laboratoire. Un tour dans les différentes formations sanitaires de Dédougou, ce mardi 23 juillet 2019, a permis de faire le constat. Au centre de santé et de promotion sociale (CSPS) communal, selon certaines indiscrétions, le mouvement, au regard du statut « autonome » de ce centre, n’est pas suivi à la lettre. Dans la forme, cette opération caisses vides est en vigueur au CSPS, mais dans le fond, selon un témoin sous l’anonymat, n’est pas respecté par les agents de recouvrement qui relèvent des comités de gestion (COGES). « Les agents de recouvrement qui ne sont pas du ministère de la Santé, ont développé des stratégies pour faire rentrer l’argent dans les caisses. Si un patient vient directement en consultation, les infirmiers le prennent en charge sans problème, mais une fois à la caisse pour honorer son ordonnance, les caissiers facturent en même temps la consultation ou les frais de pansement. Et c’est comme ça qu’ils parviennent à faire le recouvrement et permettre au centre de fonctionner », laisse entendre l’anonyme. Cependant, le mot d’ordre est effectif dans les deux centres de la ville que sont le centre médical urbain (CMU) et le centre hospitalier régional (CHR). « A l’exception de la vente des médicaments, toutes les autres activités sont asssurées sans contrepartie financière des patients », confie avec regret, Gustave Yinfansa Dabiré, directeur général du CHR de Dédougou. Une opération « destructrice » pour les centres de santé, poursuit-il. Au risque de faire face à la difficulté d’assurer le réapprovisionnement des formations de santé publique en intrants, en réactifs, les films de radiologie…, M. Dabiré  nourrit l’espoir que le dialogue engagé avec les partenaires sociaux permettra de sortir « très rapidement » de cette mauvaise passe. Cet espoir est d’autant plus grand avec la note du ministre de la Santé qui autorise à payer l’incidence de la fonction publique hospitalière aux agents qui émargent au budget du CHR. Le secrétaire général du SYNTSHA, section Mouhoun, Mathieu Traoré qui ne résume pas tout le problème à la fonction publique hospitalière, a tenu a préciser que le protocole d’accord en palabre concerne aussi la question des infrastructures, les équipements, la carrière des agents, la participation des syndicats de la chose publique, etc. « Pour le syndicat, la fonction publique hospitalière n’est qu’un petit point du protocole d’accord. Il est bien d’offrir de meilleures conditions de vie aux travailleurs mais si les conditions de travail ne sont au rendez-vous, le travailleur ne pourra jamais s’épanouir », martèle Mathieu Traoré. Et si à l’issue de mot d’ordre qui court jusqu’au 1er septembre 2019, n’ a pas de satisfaction, le mouvement comme mentionné dans la note du 02 juin 2019 adressée au ministre l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, sera reconduit de façon tacite sur toute l’étendue du territoire, à en croire M. Traoré.

Kamélé FAYAMA

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