Opération caisses vides à Gaoua
Les partenaires sociaux menacent l’administration d’organiser les services
Depuis le 7 juillet 2019, le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) a engagé un mode d’ordre de grève dénommé «opération caisses vides » dans les centres de santé au Burkina Faso. Regard sur cette opération dans les deux formations sanitaires principales de Gaoua, le mardi 23 juillet 2019.
Pour contraindre le gouvernement à la mise en œuvre de la fonction publique hospitalière, le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale(SYNTSHA) a adopté plusieurs méthodes. La dernière en date et toujours en cours est l’opération «caisses vides» dans les centres de santé publique. A l’instar des autres formations sanitaires du Burkina Faso, l’opération est effective dans les deux principales de Gaoua à savoir : le Centre hospitalier régional (CHR) de Gaoua et le Centre médical (CM). Elle consiste à exécuter gratuitement au profit des patients, les prestations normalement payées. Ces prestations concernent notamment les consultations et les examens médicaux à l’exception des produits médicaux. Le directeur général du Centre hospitalier régional (CHR) de Gaoua, le médecin de santé public, Albert Francis Dar Somé déplore la situation. De son avis, non seulement les partenaires sociaux refusent de participer au recouvrement des recettes mais aussi, ils empêchent l’administration par des menaces de l’organiser. « En plus de cela il y a la rétention des données statistiques de l’établissement », a-t-il ajouté. M. Somé poursuit que cette situation est dommageable pour le CHR dans la mesure où elle fait perdre à sa structure entre 250 000 et 300 000 francs CFA voire plus par jour. Aussi, a-t-il dit, non seulement nous n’encaissons rien et nous utilisons les stocks de réactifs et consommables qui sont en train de s’épuiser sans qu’on ne puisse véritablement les renouveler. Par ailleurs, le médecin de santé publique confie que cette grève conduit à la destruction progressive du système de santé du Burkina Faso. De ce fait, il a invité les partenaires sociaux à la modération de sorte que le système de santé en général et en particulier les outils de travail que constituent les hôpitaux soient préservés. Au CM de Gaoua, certains militants du SYNTSHA, souhaitant garder l’anonymat, reconnaissent que la grève cause des pertes énormes pour les formations sanitaires. Mais ils confient qu’ils sont obligés de passer par là pour se faire entendre. La destruction du système de santé évoqué par le premier responsable du CHR n’est pas perçue immédiatement par la plupart des usagers interrogés. C’est le cas de Salif Nabaloum, le parent d’un patient qui se frotte les mains parce que la situation lui permet de soigner son malade à un coût relativement moindre. Il en est de même pour Chantal Dah qui se réjouit d’avoir son échographie gratuitement au CHR. Quant à Abdoul Karim Kissogo Ouattara, il trouve que la gratuité des prestations dans les hôpitaux est un couteau à double tranchant. Car pour lui, les populations croient que c’est une aubaine d’avoir des examens et autres prestations à zéro franc. Mais il y aura un moment où cela ne sera plus possible, faute de kits pour recevoir les patients pour les cas des examens. Ainsi, il préconise que les agents de santé revoient la méthode de lutte sinon la présente conduit à la destruction du système de santé accessible aux communs des burkinabè. Il ajoute que si le système actuel est détruit il n’y a que les populations qui sortent perdant.
Evariste YODA