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Marché « sous-sol » à Bobo-Dioulasso

La nouvelle vie des femmes de l’ex « léguémalogo »

 

Le marché de légumes appelé « sous-sol » du quartier Yéguéré au secteur 22, accueille depuis des années, les femmes vendeuses de légumes déguerpis de l’ex « léguéma Lôgô » de Bobo-Dioulasso. Elles sont nombreuses ces femmes qui font la vente de ces produits maraichers, leur gagne-pain quotidien en dépit des difficultés. Notre équipe y a fait un tour, le lundi 18 février 2019.

Elles sont toutes des femmes.  Ménagères, mères  au foyer, elles se battent pour contribuer au fonctionnement de leurs familles respectives. Elles, ce sont les vendeuses des condiments frais au marché communément appelé « Léguéma Lôgô ». Assises sous des hangars de circonstances, ou sous des arbres, ces femmes y vendent des légumes notamment la tomate, le choux, le haricot vert, le piment et bien d’autres. Le lundi 18 février 2019, notre équipe  de reportage a fait un tour dans ce marché afin de toucher du bout des doigts le quotidien de ces vendeuses.  Une activité qui nourrit son homme, selon les vendeuses, même si la période, c’est-à-dire mi-janvier à fin mars, n’est pas propice. En effet, selon les femmes, cette activité permet aux uns et aux autres de bien manger ce moment précis où l’offre dépasse la demande. Sita Sanou, présidente des vendeuses des légumes du marché, qui vend les légumes depuis sa tendre enfance, a rappelé que leur premier site était sis à côté du stade Wobi de Bobo-Dioulasso. Mais pour des raisons d’aménagement de la ville, elles avaient été obligées de quitter les lieux sous la pression policière en 2012. Un épisode que certains ont traversé difficilement, et d’autres ne se sont pas toujours remises de cette épreuve, a-t-elle relaté.

 

Associer la vente à la production des légumes

 

Après 7 ans, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et les unes et les autres tentent bien que mal d’aller de l’avant malgré les péripéties, nous confie Mme Sanou. « Les gens pensent que nous faisons que vendre seulement les condiments, mais la réalité est toute autre », a-t-elle poursuivi. Les femmes qui exercent dans ce métier contribuent à la production de ces légumes, nous a-t-elle expliqué. Selon la présidente Sanou, les femmes octroient les semences, les intrants, les pesticides aux producteurs.  Des intrants qui coutent de plus en plus chères, le sac de 50 kg de l’engrais tourne autour de 17 500 F CFA. « Les pépinières ne prennent pas souvent donc il faut reprendre des travaux qui ont un coût », a-t-elle signifié. En plus de ces investissements, il faut du carburant pour les motopompes.  Souvent il faut encourager les producteurs en espèce parfois. « Avec de tels  investissements  aux récoltes  tu as le monopole de leur production », a-t-elle ajouté. Toute comme la présidente, Adiata Sanou, une autre vendeuse nous confie qu’actuellement, il ne fait pas bien d’être vendeuse parce que c’est le moment des vaches maigres. En effet, à l’en croire,  les légumes viennent de partout notamment de Banakélédaga, de Faramana, de Kouka, de N’Dorola. Dans les différents champs, les productions sont matures. Le véhicule de marque Peugeot bâché bien chargé de choux en cette période si tu n’as pas la chance, il est difficile d’avoir 75 000 F CFA. C’est la même chose pour toutes les autres spéculations en dehors de la carotte qui fait toujours les beaux temps des vendeuses. Selon dame Adiata, le seau plein de tomate se vend actuellement 500 F CFA, et rempli de tomate peut couter environ 4 000 à 5 000 F CFA. Toujours dans cette abondance, le panier de la même spéculation coute 2 000 F CFA, au moment ou la denrée se fait rare, il peut être vendu à 15 000 F CFA. Avec un rire amer, elle estime que la période est idéale pour les ménagères.  Et de citer un proverbe dioula : «  Si la chèvre d’autrui n’est pas morte, la sauce de quelqu’un d’autre ne sera pas bonne ».Selon dame Sanou, il y a quelques années, les Ouagalais venaient s’approvisionner dans le marché en légumes.

Le séchage pour atténuer les pertes

 

Des pays voisins  tels que la Côte d’Ivoire, le Mali, le Ghana venaient  se ravitailler dans le marché. Malheureusement, ce n’est pas le cas ces dernières années. Face à cette mévente, les femmes sont obligées de se retourner  vers  les vendeuses des autres petits marchés des différents arrondissements. « Elles partent vendre dans les localités respectives, elles enlèvent leur bénéfice et nous remettent notre argent », a-t-elle affirmé. Dans cette période de mévente, elles découpent  parfois les aubergines  pour sécher afin de revendre après. Une stratégie qui permet d’atténuer les pertes. Une mévente que vivent presque toutes les vendeuses. Sanata Barro, mère de huit enfants et  vendeuse de piment, le regard inquiet nous confiait le lundi 18 février qu’elle n’avait toujours pas eu de client. Selon elle,   la grosse boite qui fait office d’unité de mesure se vend à 400 F CFA. La même quantité à un moment ce prix pourrait être multiplié par 8 ou 10. Le refrain est identique chez Fatimata Sanou, qui offre au public du haricot vert et des carottes.  Selon elle, le haricot vert coûte 150 F CFA la boite de tomate, au lieu de 600 F CFA, il y a quelques mois. Et d’ajouter que le coût de la carotte est resté invariable. Au-delà des difficultés rencontrées, les vendeuses par la voix de leur présidente Sita Sanou, regrette le cadre dans lequel elles sont.   Selon elle, le site n’est pas couvert. « Nous faisons face au vent, à la pluie et au soleil. Pendant les pluies, le marché est difficilement accessible, les voix d’accès sont dégradées », a-t-elle soutenu.  Par ailleurs, elle a invité les autorités à rendre le marché plus sain, tout en  reconnaissant que des efforts sont faits. A titre d’exemple,  la présidente Sanou a cité la construction de hangars par le conseil régional des Hauts Bassins. Ces boutiques même si elles ne sont totalement adaptées à certains des produits, tels les tomates et les poivrons elles permettent néanmoins d’être à l’abri en cas d’intempéries ou de pluies, a-t-elle fait savoir. Selon dame Sanou, ces locaux  sont transférés à la mairie pour exploitation. Aux dires de la présidente, le conseil municipal de Bobo-Dioulasso n’a pas encore attribué ces locaux aux vendeuses. La présidente des femmes vendeuses exhorte les autorités communales, à penser à l’autre moitié du ciel, qui se battent tant bien que mal pour subvenir au bien être de la famille. Et de  souhaiter que l’autorité rende abordable le prix des places.  Car, a-t-elle justifié, les femmes n’arrivent pas à joindre les deux bouts.

Albert SANKARA

                                                                                Maoua Leilatou ZON

                                                                                               (Stagiaire)

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